(Rome, 30 septembre 2025). Entre Washington et Kiev, les accords se multiplient : après celui sur les minéraux au printemps, un « méga-accord » militaire de 90 milliards de dollars est désormais en préparation. Volodymyr Zelensky mise sur une coopération économique et stratégique avec Donald Trump pour garantir un soutien américain durable, bien au-delà de l’aide gratuite, dans un contexte où l’Ukraine cherche à renforcer son arsenal et à sécuriser son avenir face aux menaces persistantes
La nouvelle priorité dans les discussions diplomatiques entre les États-Unis et l’Ukraine semble désormais être un «méga-accord» portant sur la fourniture de systèmes d’armes de fabrication américaine à ce pays d’Europe de l’Est. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky l’a annoncé le week-end dernier lors d’une conférence de presse. Selon le président ukrainien, les principaux points de l’accord en question, d’une valeur d’environ 90 milliards de dollars, «ont déjà été discutés» avec le président américain Donald Trump (probablement lors de la rencontre bilatérale entre les deux hommes politiques à New York, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies la semaine dernière, bien que l’accord ait déjà été discuté depuis août dernier). Il ne reste plus qu’à déterminer les modalités de mise en œuvre concrète de l’accord, nous explique Lorenzo Piccioli dans «Formiche.net».
C’est pourquoi, dans les prochaines semaines, une délégation de responsables ukrainiens se rendra aux États-Unis pour discuter des détails techniques relatifs à l’achat de systèmes d’armes, ainsi que de l’accord de production conjointe de drones, déjà évoqué le mois dernier. Kiev a préparé une liste d’armes qu’elle compte acheter aux États-Unis, selon Zelensky, qui a également souligné que son pays souhaitait conclure des accords distincts pour d’autres types d’armes, notamment les missiles à longue portée. Le dirigeant ukrainien a déclaré ne pas pouvoir fournir davantage de détails sur cet accord, car il s’agit d’une «question très délicate».
Le journal britannique «The Telegraph» a rapporté récemment que, lors de leur rencontre à New York, Zelensky avait demandé à Trump de fournir à l’Ukraine des missiles de croisière à longue portée Tomahawk, un système d’armes bien supérieur aux systèmes à longue portée précédemment fournis à l’Ukraine par ses partenaires occidentaux.
Au même moment, la Première ministre ukrainienne Ioulia Svyrydenko se rendra également aux États-Unis où elle discutera avec des responsables américains des prochaines étapes du nouveau fonds conjoint américano-ukrainien, créé dans le cadre de l’«accord sur les minéraux» signé au printemps dernier.
C’est précisément dans le prolongement de ce dernier qu’il faut situer les accords sur les drones et sur les systèmes d’armes : depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Trump a privilégié une approche diplomatique fortement transactionnelle, non seulement vis-à-vis de l’Ukraine, où les facteurs politiques sont totalement (ou presque) subordonnés à des logiques économiques ; les déclarations de Trump lors des discussions sur l’accord sur les minéraux illustrent cette ligne : il soulignait qu’il était dans l’intérêt de l’Ukraine de lier États-Unis par des facteurs de convenance économique, garantissant ainsi l’intérêt substantiel de Washington à préserver le statu quo.
Une formule à laquelle Zelensky a su adhérer, bon gré mal gré, en promouvant les initiatives susmentionnées qui vont précisément dans ce sens. Ces initiatives auront probablement un impact sur les futures discussions diplomatiques, tant avec les pays partenaires qu’avec des acteurs nettement moins amicaux.
Pour conclure, une source nous affirme qu’«au-delà de la simple assistance militaire, l’Ukraine cherche à ancrer les États-Unis dans son avenir stratégique à travers des accords concrets et durables. En liant coopération économique et défense, Kiev adopte la logique transactionnelle promue par Donald Trump, espérant ainsi sécuriser un engagement américain à long terme».
«Cette approche, qui repose sur des intérêts partagés plus que sur la solidarité, pourrait aussi redéfinir la nature même du partenariat entre les deux pays face aux défis géopolitiques à venir», ajoute la même source.