(Rome, 29 septembre 2025). Alors que la guerre à Gaza dure depuis près de deux ans, un tournant semble s’esquisser. Les médias israéliens évoquent pour la première fois une véritable chance d’aboutir à un cessez-le-feu, dans un contexte où Benyamin Netanyahu, sous pression intérieure et extérieure, pourrait trouver un compromis. Si l’appui inattendu d’une partie de l’extrême droite messianique facilite l’hypothèse d’une trêve, les conditions esquissées laissent présager un avenir sombre pour les Palestiniens de la bande de Gaza
Tous les médias israéliens évoquent une réelle possibilité de cessez-le-feu à Gaza. La rencontre d’aujourd’hui entre Netanyahu et Trump sera cruciale, mais le prélude à la rencontre en face à face entre les deux hommes, qui a vu Netanyahu rencontrer Steve Witkoff, l’envoyé américain pour le Moyen-Orient, et Jared Kushner (le gendre de Trump, qui n’a aucune autorité de négociation mais est omniprésent), semble s’être bien déroulé. De son côté, Trump répète depuis plusieurs jours son mantra optimiste, qui se résume finalement à : «Tout le monde est à bord». Ce «tout le monde» devrait également inclure Netanyahu, écrit Davide Malacaria dans «Inside Over».
Nous ignorons si cela est vrai, ni, si tel est le cas, ce qui a fait changer d’avis Netanyahu, même si plusieurs facteurs peuvent être cités, en premier lieu le fait qu’avec l’occupation de la ville de Gaza, dernière portion de la bande de Gaza, il dispose d’une fenêtre d’opportunité pour déclarer avoir remporté la guerre.
En d’autres termes, il pourrait déclarer avoir libéré les otages, ce qu’il obtiendrait grâce à la trêve qu’il a jusqu’à présent sabotée, et avoir vaincu le Hamas, en ayant conquis (selon sa rhétorique) le dernier bastion et refuge de la milice.
Cette annonce de victoire pourrait désormais paraître crédible aux yeux de ses supporters, écartant les accusations d’avoir entraîné Tsahal dans un bourbier inextricable. Des critiques qui s’intensifieraient si, après avoir occupé toute la bande de Gaza, le Hamas poursuivait ses attaques, qui, malgré tout, continuent et infligent des dommages quotidiens à l’armée israélienne, aussi limitées soient-elles, preuve que la milice conserve une capacité opérationnelle.
Mais au-delà des facteurs susceptibles de favoriser cette évolution positive pour la population de Gaza, il semble nécessaire de souligner que l’hypothèse d’un cessez-le-feu semble également avoir trouvé preneur auprès des ultra-orthodoxes messianiques, ou du moins auprès de l’un de leurs principaux dirigeants politiques : Bezalel Smotrich.
Ainsi, dans l’édition du «Times of Israel» du 17 septembre : le ministre des Finances Bezalel Smotrich a affirmé que «la bande de Gaza est une ‘mine d’or immobilière’ et qu’il est en pourparlers avec les Américains sur la manière de diviser l’enclave côtière après la guerre». À Gaza, il existe une véritable manne immobilière qui s’autofinance, précisant avoir déjà entamé des négociations avec les Américains. «Nous avons investi beaucoup d’argent dans cette guerre. Il faut voir comment nous allons répartir les terres en pourcentages», a déclaré Smotrich, ajoutant que «nous avons procédé à la démolition, première phase de la rénovation de la ville. Il ne nous reste plus qu’à reconstruire».
S’abstenant pour l’instant de commenter le caractère méprisable de ces déclarations et la perspective répugnante de reconstruire du neuf sur les restes de Palestiniens tués, il faut constater qu’avec de telles déclarations, Smotrich laissait entendre être disposé de mettre fin aux opérations militaires.
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Selon ses dires, une partie de la bande de Gaza reviendrait aux États-Unis et/ou à l’administration qui serait installée, dont la tâche principale serait de superviser les Palestiniens rescapés. L’autre partie serait saisie par Israël, réalisant en partie les rêves de réinstallation des partisans exaltés du «Grand Israël».
Autrement dit, pour la première fois depuis le début de la guerre, il semble que Netanyahu ne semble plus devoir se protéger de son aile droite, qui avait constamment menacé de renverser le gouvernement s’il acceptait la trêve.
Il semble toutefois que l’autre dirigeant ultra-orthodoxe, Itamar Ben-Gvir, s’opposera à cette évolution. Mais Netanyahu pourrait contourner cet obstacle et sauver son gouvernement de l’effondrement en s’assurant le soutien des partis centristes, qui l’ont déjà exhorté à accepter leur aide en échange de la fin de la guerre (qu’ils appellent ainsi le génocide palestinien). A défaut, Netanyahu pourrait recourir à d’autres tours de passe-passe. Il en a largement dans son répertoire.
Cependant, si Ben-Gvir devait effectivement se retirer, Smotrich pourrait reconsidérer sa position, car ses électeurs pourraient considérer son rival politique comme le seul capable de mener à bien leur rêve messianique.
Tel est le scénario précédant la rencontre fatidique entre Netanyahu et Trump, au cours de laquelle ces dilemmes devraient être résolus. Le 7 octobre approche, et cette échéance pourrait aussi amener Netanyahu à considérer la fin du conflit d’un œil positif. Le jour où Israël commémorera les massacres d’il y a deux ans pourrait être propice à célébrer, parallèlement à ceux-ci, la victoire sur le Hamas et la libération des otages survivants.
Quant aux Palestiniens, leur avenir n’apparaît nullement radieux ; bien au contraire. L’administration qui gouvernerait la bande de Gaza, ou une partie de celle-ci, aurait pour principale, et peut-être unique, tâche de les superviser, en remplacement de Tsahal, pour qui une telle tâche serait excessivement coûteuse. Mais mieux vaut cela que continuer à tenter d’échapper aux bombes et aux restrictions sévères actuelles. L’avenir nous le dira.
Il n’en demeure pas moins que le «génocide» qui se déroule à Gaza, à supposer qu’il cesse un jour (de manière temporaire ou définitive), sans parler pour l’heure des sombres perspectives en Cisjordanie, continueront de faucher des vies innocentes.
Les restrictions auxquelles les Palestiniens survivants sont soumis depuis tout ce temps : les enfants contraints de manger de la nourriture pour chiens ou de l’herbe, au mieux, et de boire de l’eau de mer et/ou de l’eau polluée, leurs blessures soignées du mieux qu’ils peuvent, les maladies induites par les privations… tout cela continuera de tuer dans la durée.
«Dans ce contexte de violences persistantes et de souffrances humaines, des dynamiques diplomatiques laissent entrevoir une lueur d’espoir», rapporte un expert italien. Et d’ajouter : «Face à la pression internationale et à l’urgence humanitaire, des tractations devront s’intensifier pour arracher un cessez-le-feu susceptible d’enrayer l’escalade et d’ouvrir la voie à une solution politique durable».