(Rome, Paris, 26 septembre 2025). Alors que la guerre en Ukraine s’enlise, Volodymyr Zelensky hausse le ton : dans une interview, il affirme avoir demandé à Donald Trump une arme «décisive» capable de forcer Vladimir Poutine à négocier, tout en avertissant le Kremlin qu’aucun centre de pouvoir ne sera épargné. Le président ukrainien assure également qu’il quittera la politique une fois la paix obtenue
Volodymyr Zelensky, d’une audace inhabituelle, a déclaré hier trois choses importantes. D’abord, que le président américain Donald Trump envisagerait de répondre positivement à sa demande de fournir à l’Ukraine un système d’armement américain suffisamment puissant pour persuader son ennemi juré, Vladimir Poutine, ne serait-ce que par la simple menace de l’utiliser, de cesser la guerre et de négocier avec lui. Il a ajouté que le Kremlin ferait bien de chercher des refuges pour sauver sa peau, car l’Ukraine la considérera comme une cible légitime de ses armes, et peut-être, de manière assez obscure, aussi pour celles fournies par ses alliés. Enfin, il a affirmé qu’il n’avait aucune intention de prolonger sa carrière politique au-delà de la conclusion de la paix espérée avec la Russie, écrit Roberto Fabbri dans le quotidien italien «Il Giornale».
Chacun de ces trois points, abordés par Zelensky lors d’une interview avec Barak Ravid pour «The Axios Show», revêt une importance capitale. À commencer par le dernier, où il assure que son objectif «n’est pas de continuer à courir même en temps de paix, mais de mettre fin à la guerre». Zelensky affirme avoir expliqué à Trump mardi dernier à New York qu’en cas de cessez-le-feu, «je pourrai profiter de cette période pour envoyer un signal en ce sens au Parlement de Kiev», car «je comprends que les Ukrainiens souhaitent un dirigeant doté d’un nouveau mandat» pour gérer le processus devant conduire à une paix durable avec Moscou.
Le reste des déclarations de Zelensky, en revanche, sont inhabituellement menaçantes envers les dirigeants russes. En exprimant sa confiance dans le nouveau système d’armement américain sur lequel Trump «travaille» en vue de sa vente à Kiev, le dirigeant ukrainien a clairement laissé entendre que tous les centres de pouvoir de Poutine pourraient devenir des cibles. «Nous ne bombarderons pas les civils, parce que nous ne sommes pas des terroristes, mais au Kremlin ils devront décider d’arrêter la guerre, ou il fera mieux de chercher des abris anti-bombes, car ils en auront besoin». «Ils doivent savoir que Zelensky a expliqué que Trump en personne, l’aurait encouragé à riposter en profondeur, coup pour coup et secteur par secteur, aux attaques russes. Nous riposterons à chaque attaque, chaque jour». Et d’ajouter : «Trump sait que nous avons besoin d’une seule chose : elle nous est nécessaire, mais rien ne dit que nous l’utiliserons».
Le ton offensif de Zelensky semble être la conséquence du récent changement d’orientation de Trump vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Et si Trump réitère sa «profonde déception envers Poutine, qui devrait arrêter car son économie est en ruine et qu’il ne peut pas gagner la guerre», une source à la Maison Blanche tempère toutefois, affirmant que ses propos sur la Russie ne signalent pas un changement de politique envers l’Ukraine, mais «une tactique de négociation pour faire pression sur le Kremlin».
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Le New York Times, peu favorable à Trump, va plus loin : selon le journal, en affirmant que Kiev pourrait gagner et reconquérir les territoires perdus, le président américain cherche en réalité à «se laver les mains du conflit après avoir manqué à ses promesses». Autrement dit, Trump oscille entre des visions extrêmes opposées, sans qu’aucune ne mette en évidence un rôle américain concret dans la guerre.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk est encore plus direct : «Mieux vaut la vérité qu’une illusion», cet optimisme surprenant dissimule une volonté de réduire l’engagement américain dans la guerre, la laissant aux mains des Européens. Reste à savoir si cela se traduira par l’octroi d’armes puissantes à Zelensky avant que Washington ne se retire.
Pendant ce temps, revient en mémoire la récente définition donnée par Moscou à propos d’un Trump dont elle ne croit pas un mot : «Un distributeur incessant de déclarations aléatoires». L’une des très rares occasions où, au Kremlin, on a probablement dit la vérité.
Pour conclure, les propos de Zelensky marquent un tournant rhétorique : plus offensifs à l’égard de Moscou, mais teintés d’une volonté de mettre un terme à sa propre carrière politique une fois la paix installée. Entre pressions américaines, doutes européens et promesses encore incertaines de The Donald, l’avenir du conflit reste suspendu à des équilibres fragiles, où chaque déclaration peut peser lourdement sur le cours de la guerre.
Au-delà des effets d’annonce, les mots de Zelensky traduisent une double stratégie : rassurer son opinion publique en affichant sa détermination, et maintenir la pression sur Washington au moment où Trump oscille entre promesses et ambiguïtés.