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Donald Trump lève le voile sur son plan pour Gaza, mais un bras de fer avec Netanyahu semble inévitable

(Rome, Paris, 25 septembre 2025). Donald Trump tente un coup diplomatique audacieux pour mettre fin à la guerre de Gaza et relancer la reconstruction sous contrôle palestinien. Mais son plan, soutenu par plusieurs capitales arabes, se heurte déjà au refus obstiné de Benyamin Netanyahu, déterminé à garder la main sur la Cisjordanie et à défier la Maison-Blanche

Le président américain Donald Trump a présenté sa proposition visant à mettre fin à la guerre à Gaza, à libérer les otages restants et à amorcer la reconstruction de la bande de Gaza sous un gouvernement qui ne soit pas dirigé par le Hamas. Cependant, ce plan risque de se heurter au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et à un gouvernement israélien qui a, à maintes reprises, montré sa résistance aux pressions américaines et sa capacité à agir à sa guise, sans en subir les conséquences, écrit Roberto Vivaldelli dans le portail «Inside Over».

L’annonce a été faite lors d’une réunion multilatérale en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, à laquelle ont participé les dirigeants de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Qatar, de l’Égypte, de la Jordanie, de la Turquie, de l’Indonésie et du Pakistan. Selon deux diplomates arabes informés de la réunion, le plan de Trump décrit non seulement la gestion de Gaza post-guerre, mais aussi les étapes pour mettre fin au conflit.

La proposition prévoit un cessez-le-feu de plusieurs semaines au cours duquel les 48 otages encore détenus par le Hamas seraient libérés. Certains éléments du plan s’inspirent d’une proposition élaborée par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui visait à confier la gestion de Gaza à une Autorité palestinienne revitalisée et soutenue par une coalition régionale.

Trump refuse l’annexion de la Cisjordanie

Mais le plan – et les propos de Trump – révèlent immédiatement une source de friction importante avec Netanyahu. Des sources présentes à la réunion ont confirmé que Trump avait déclaré qu’il «ne permettrait pas à Israël d’annexer la Cisjordanie». Cependant, Netanyahu semble peu disposé à céder sur ce point. Le «Times of Israel» rapporte que Tel-Aviv ne considère pas l’avertissement américain comme «la fin des discussions». Le Premier ministre israélien prévoit d’aborder la question directement avec Trump lors de leur rencontre à la Maison Blanche prévue lundi prochain.

Cet affrontement potentiel met en lumière le défi majeur auquel Trump devra faire face : d’une part, il a bénéficié du large soutien des dirigeants arabes et musulmans, qui, dans une déclaration commune, ont accueilli favorablement le plan, tout en réaffirmant leur rejet de l’occupation israélienne de Gaza, des annexions et des colonies par Israël, et de l’autre, il doit affronter un allié historique qui, surtout sous l’administration actuelle, a agi avec une grande indépendance, même à l’encontre des intérêts et des pressions diplomatiques américaines.

Le soutien des pays arabes

Les pays participant à la réunion ont publié une déclaration commune saluant le plan de Trump, soulignant l’importance du retour des otages et de l’aide humanitaire, et s’engageant à participer à une solution pacifique fondée sur la vision du président américain. Dans le même temps, la déclaration condamne explicitement les opérations militaires israéliennes en cours à Gaza et les récentes attaques, y compris celle contre les dirigeants du Hamas au Qatar.

À l’issue de la réunion, le président turc Recep Tayyip Erdogan l’a qualifiée de «très fructueuse», tandis que la presse émiratie a mis en avant l’objectif commun d’un cessez-le-feu permanent. «Nous voulons mettre fin à la guerre à Gaza. Nous y mettrons fin. Peut-être pouvons-nous le faire maintenant», a déclaré Trump aux journalistes au début de la réunion, la qualifiant de «réunion la plus importante». Mais il a aussi laissé entendre que les choses sérieuses allaient commencer maintenant, ajoutant que «Cette réunion inclut tous les grands acteurs, sauf Israël. Mais ce sera la prochaine étape».

Netanyahu se rendra à la Maison Blanche lundi

Le plan de Trump sera discuté en tête-à-tête lundi. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui s’adressera demain à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, est attendu à la Maison Blanche lundi pour le quatrième entretien (un record) avec Trump depuis le retour de ce dernier au pouvoir.

L’issue déterminera si le nouveau plan américain, construit sur un consensus régional inhabituel, pourra décoller ou s’il échouera face à la détermination de Netanyahu, qui peut compter sur la loyauté absolue du secrétaire d’État Marco Rubio et d’autres personnalités proches du gouvernement Netanyahu, comme Stephen Miller, chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche.

Ces dernières heures, le journaliste conservateur Tucker Carlson a révélé une histoire explosive sur l’influence israélienne aux États-Unis, affirmant que le Premier ministre israélien avait déclaré à plusieurs personnes «contrôler les États-Unis. Je contrôle Donald Trump».

«Netanyahu se vante, et c’est un fait, je ne l’invente pas, car j’ai parlé aux personnes à qui il l’a confié, il se promène au Moyen-Orient, dans sa propre région, dans son propre pays, et il le dit sans détour, en le déclarant simplement : « Je contrôle les États-Unis, je contrôle Donald Trump »», a affirmé Carlson. Si tel est bien le cas – comme le soutient aussi un autre journaliste, Max Blumenthal, selon qui The Donald a en réalité «peur» de Bibi – alors Trump a bien peu de chances de voir son plan aboutir.

Selon une source bien au fait, «le président Trump tente de rallier le monde arabe derrière lui et dégaine son plan pour Gaza pour un cessez-le-feu et une reconstruction sans le Hamas». Et la source d’ajouter : «face à un Netanyahu intraitable et sûr de son influence à Washington, l’initiative pourrait déjà être condamnée».

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