(Rome, 17 septembre 2025). L’appropriation de la technologie Starlink par les groupes djihadistes africains illustre la convergence entre terrorisme et innovation technologique. En garantissant une connectivité sécurisée dans des zones isolées, ces outils renforcent la résilience opérationnelle des organisations armées, favorisent leur propagande numérique et rendent complexes les efforts de contre-terrorisme. Dans un contexte régional marqué par l’affaiblissement des États et la montée des influences extérieures, cette évolution contribue à redéfinir les équilibres sécuritaires au Sahel et au-delà
Le réseau de satellites Starlink développé par Elon Musk est tombé aux mains de djihadistes africains, transformant ainsi le champ de bataille en Afrique subsaharienne, comme le rapporte Luigi Romano dans «Formiche.net».
Starlink est donc en train de tomber aux mains de djihadistes africains. Les saisies récentes de terminaux Starlink dans des camps de Boko Haram et de l’État islamique au Nigeria confirment que ces groupes recourent désormais à des moyens de communication satellitaire difficilement contrôlables par les autorités locales. Cette évolution leur permet :
- D’assurer des communications internes sécurisées,
- De renforcer leur propagande numérique sur TikTok et WhatsApp,
- Et de coordonner la logistique (acheminement d’armes, mouvements de combattants).
On estime aujourd’hui à plus de 50.000 le nombre de militants actifs dans la région.
Selon le «London Times», à la suite d’un raid au Nigeria, l’armée a découvert des terminaux Starlink, ainsi que des kalachnikovs et des téléphones satellitaires dans les camps de Boko Haram. Chassés du Moyen-Orient, ces groupes affiliés à Daech et à Al-Qaïda ont choisi l’Afrique comme nouveau pôle opérationnel : L’an dernier, le continent a enregistré 22.300 morts, soit plus de la moitié des victimes du terrorisme mondial.
Technologie et propagande
Grâce à la constellation de plus de 7.000 satellites de SpaceX, les djihadistes disposent désormais de capacités de connectivité avancées dans les zones rurales, difficiles à surveiller. Communications sécurisées, propagande sur TikTok et recrutement via WhatsApp : la révolution numérique du terrorisme en Afrique entraînera une hybridation accrue de ses opérations et de ses effets. Au-delà de la connectivité, la transformation des conflits en Afrique subsaharienne a également des implications purement opérationnelles : usage de drones armés, logistique optimisée et attaques plus sophistiquées. Il en va de même pour les flux financiers : en Somalie, Al-Shabaab lève plus de 200 millions de dollars par an, tandis qu’en Afrique de l’Ouest, Daech engrange près de 191 millions de dollars grâce aux taxes et à l’extorsion.
Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, trois pays dirigés par des juntes militaires après une série de coups d’État, ont rompu avec leurs partenaires occidentaux et ouvert leurs portes à la Russie et à son mandataire, désormais connu sous le nom d’«Africa Corps». L’Afrique est ainsi devenue une plaque tournante d’entrecroisement entre terrorisme global, nouvelles technologies et guerre par procuration, poussant les groupes armés toujours plus au sud, vers le Ghana, le Togo et la Côte d’Ivoire.
Vers une puissance équivalente à l’Irak et à la Syrie
Il en résulte que les groupes djihadistes africains tendent désormais à retrouver un niveau de structuration et de capacité opérationnelle proche de celui atteint par l’État islamique en Irak et en Syrie à son apogée. Avec Starlink, ces forces disposent désormais d’un nouvel outil puissant, amplifiant leur rayon d’action et leur efficacité.