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Netanyahu, après le sommet de Doha, joue son va-tout à Gaza City

(Rome, 17 septembre 2025). Au moment où Israël lance son offensive décisive sur Gaza City, Benyamin Netanyahu tente d’imposer une victoire militaire totale tout en ouvrant un nouveau front diplomatique. Entre le sommet arabo-islamique de Doha qui ravive la mobilisation régionale, et les accusations sans précédent visant le Qatar et la Chine, le conflit dépasse désormais le cadre local pour s’inscrire dans la compétition stratégique mondiale

La guerre à Gaza a connu, au cours des dernières 24 heures un double escalade : sur le terrain, avec le lancement de l’offensive israélienne sur Gaza City, et sur le plan politico-diplomatique, avec le sommet arabo-islamique extraordinaire de Doha et les accusations inédites du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu contre le Qatar et la Chine, écrit Ferruccio Michelin dans son analyse dans «Formiche.net».

L’armée israélienne a annoncé dans la nuit de lundi à mardi l’entrée de chars dans la ville de Gaza, avec l’objectif affiché de démanteler le Hamas dans ce qui est considéré comme le dernier bastion du mouvement islamiste. L’opération, contestée par les responsables de la sécurité israélienne en raison du risque pour les otages et de pertes militaires, a été lancée quelques heures seulement après la visite du secrétaire d’État américain Marco Rubio à Jérusalem. L’administration Trump a réitéré son soutien à Israël, tout en exigeant que l’opération – considérée comme le point culminant d’une campagne militaire qui dure depuis deux ans, depuis que le Hamas a ouvert les hostilités avec l’attaque du 7 octobre 2023 – soit rapide.

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La réponse arabe depuis Doha

Quelques heures plus tôt, le sommet extraordinaire de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a eu lieu dans la capitale du Qatar, convoqué suite à l’attaque aérienne israélienne qui a frappé Doha la semaine dernière. Selon des indiscrétions publiées par le portail «Axios», le bombardement – qui visait une partie de la direction du groupe palestinien alors réunie pour discuter d’une proposition de négociation proposée par les États-Unis – avait été anticipé par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu auprès de Donald Trump, lequel avait approuvé la frappe dans ce pays allié des États-Unis.

L’émir du Qatar, Tamim al-Thani, a accusé Netanyahu de «dangereuses illusions de domination régionale», citant l’Initiative de paix arabe de 2002. Les mesures adoptées pourraient, à l’avenir, aller au-delà d’une condamnation symbolique, avec l’hypothèse de sanctions économiques, de restrictions diplomatiques et de fermetures de l’espace aérien. Pour l’heure, grâce notamment à une médiation indirecte des États-Unis, la décision a été prise d’éviter toute décision susceptible de provoquer un séisme diplomatique, d’autant plus que certains acteurs majeurs régionaux, notamment les Émirats arabes unis et l’Égypte, entretiennent des relations, déjà normalisées, avec Israël.

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Netanyahou hausse le ton : accusations contre le Qatar et la Chine

Toujours lundi, s’exprimant à Jérusalem devant des parlementaires américains, Netanyahu a fait monter les enchères et a ouvertement accusé pour la première fois la Chine de mener, avec le Qatar, une campagne mondiale visant à délégitimer Israël, notamment aux États-Unis. Il a dénoncé l’usage des réseaux sociaux, notamment TikTok, comme outil de désinformation alimentant le sentiment anti-israélien chez les jeunes.

L’absence de toute référence à la Russie, traditionnellement un important sponsor des campagnes anti-israéliennes (et parfois subtilement antisémites), y compris dans le cadre de ses actions hostiles à l’Occident, est frappante. Ce choix a été interprété comme une volonté d’éviter de nouvelles frictions avec Moscou, mais aussi de placer Doha dans le même camp que Pékin, le principal rival stratégique des États-Unis.

Analyse : un triangle de crise

Les trois lignes de tension (l’offensive de Gaza, le sommet de Doha et les accusations contre le Qatar et la Chine) illustrent le même scénario : Israël prône une victoire militaire totale, tandis que la mobilisation arabe et islamique s’intensifie et que les fractures diplomatiques se creusent. L’inclusion de la Chine dans le discours de Netanyahu marque un saut qualitatif, car elle ouvre un front rhétorique avec une puissance mondiale à un moment où Israël a besoin d’un soutien occidental maximal.

Pour résumer, Israël cherche une victoire militaire totale, mais fait face à une mobilisation croissante du monde arabe et islamique. En ciblant aussi la Chine, Netanyahu élargit le conflit sur la scène internationale, compliquant encore la position de Washington, qui doit à la fois soutenir Israël, ménager Doha et gérer un conflit désormais indissociable de la compétition stratégique mondiale.

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