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Andrius Kubilius tire la sonnette d’alarme : «la Russie attaquera l’Europe d’ici trois ans»

(Rome, Paris, 14 septembre 2025). Face à un Kremlin de plus en plus agressif et à une guerre en Ukraine qui s’enlise, le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, tire la sonnette d’alarme : selon lui, Vladimir Poutine prépare une attaque contre l’Europe d’ici trois à quatre ans. Dans une interview, il qualifie le président russe «d’ennemi public numéro un de l’UE» et appelle à accélérer la mise en place d’un bouclier défensif, notamment face à la menace des drones. Pour Kubilius, l’Ukraine et les pays de l’Est défendent toute l’Union, et d’ici 2030, l’Europe doit être prête collectivement

Le Lituanien Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense, n’y va pas par quatre chemins. Dans une interview accordée au quotidien «La Repubblica», il évoque la situation délicate entre l’Europe et la Russie et explique qu’une guerre hybride est déjà en cours, lançant non pas un, mais deux avertissements.

Il affirme d’abord que Poutine est «l’ennemi public numéro un de l’UE». Mais ce qui est effrayant, c’est ce qu’il dit sur l’avenir proche. Selon Kubilius, colle le rapporte le quotidien «Il Tempo», la Russie prépare une attaque contre l’Europe «dans les 3 à 4 prochaines années». Et ce qui s’est passé en Pologne a été un «test», et non un «accident». Selon le commissaire européen à la Défense, la Russie a simplement testé «les capacités non seulement de la Pologne, mais de l’OTAN et de l’UE dans son ensemble». Elle voulait comprendre comment nous allons réagir et de quelle manière nous sommes capables de nous protéger. L’Alliance a réagi de manière «positive», a expliqué Kubilius.

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Il existe toutefois un aspect moins positif : le système de défense anti-drones, qui «n’est pas suffisamment développé ; les Ukrainiens sont capables de détruire 80 à 90 % des drones grâce aux technologies modernes. Nous devons en tirer des leçons», prévient-il. Pour cette raison, il y a deux semaines, Kubilius lui-même, accompagné de la présidente de la Commission, s’est rendu dans les pays en première ligne. «Il était très claire à ce moment-là ce que demandaient ces pays : un bouclier de défense pour la frontière orientale, avec deux principales composantes : le système anti-mobilité classique et un mur anti-drones».

Ce dernier, a encore expliqué le commissaire européen, est un système qui «nous permet avant tout de les détecter afin de les stopper». Les Ukrainiens ont construit tout un réseau de capteurs acoustiques, car les drones ne sont pas détectables par les radars traditionnels. Il s’agit d’un projet important «à développer collectivement».

«Nous devons toutefois comprendre que des pays comme la Finlande, les États baltes, la Pologne et même l’Ukraine défendent non seulement leur territoire, mais aussi l’ensemble de l’Union européenne», voilà pourquoi il devrait y avoir un projet européen, a-t-il ajouté.

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Mais Poutine serait-il vraiment prêt à attaquer l’Europe ? Sur ce point, Kubilius est clair. Pour étayer sa thèse, il cite ce que disent les services de renseignement, notamment allemands : «Poutine sera prêt à tester l’article 5 de l’OTAN d’ici trois ou quatre ans». Récemment, ces mêmes services allemands ont indiqué avoir «des preuves selon lesquelles le Kremlin discute de tels projets».

La réponse dépend de l’Europe. «Si nous construisons rapidement et renforçons nos capacités de défense, comme prévu dans nos plans «Readiness 2030, nous serons alors prêts à dissuader toute agression», a-t-il dit. Pour la même raison, «nous avons approuvé le mécanisme de prêt de 150 milliards d’euros, auquel l’Italie participe très activement».

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Il faudra cependant quelques années pour être réellement prêts. «Notre réponse est «Readiness 2030». Nous devons être prêts d’ici-là». L’Italie, dans ce processus, joue un rôle très important. «Notre sécurité et notre défense reposent sur la défense collective», a également souligné Kubilius. Concrètement, en cas d’agression russe, les pays doivent disposer des forces nécessaires pour résister pendant les dix premiers jours. C’est ce que prévoient les plans de l’OTAN. «Ensuite, l’Alliance interviendra avec ses ressources», a-t-il précisé.

Concernant la préparation d’une zone d’exclusion aérienne entre la Pologne et l’Ukraine, le commissaire européen à la Défense a souligné qu’elle constituerait «une évolution significative». C’est une demande de l’Ukraine depuis le début de la guerre, «mais je ne sais pas si ce sera le choix de l’Alliance atlantique».

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Sur la question de la poursuite du soutien à l’Ukraine face à la Russie, Kubilius est catégorique. Défendre Kiev est fondamental «car l’Ukraine nous protège aussi». En trois ans, nous avons donné environ 60 milliards d’euros, soit le même montant fourni par les Américains. Mais 20 milliards d’euros par an représentent moins de 0,1 % de notre PIB. Notre réponse aux attaques russes contre l’Ukraine et aux provocations envers la Pologne devrait être un investissement dans la production de drones ukrainiens. Dans ce contexte délicat, la cyber-sécurité est essentielle : «Nous sommes confrontés à différents types de guerre. Les Russes nous attaquent avec tous leurs dispositifs de guerre électronique, perturbant les signaux GPS. Même la présidente de la Commission en a subi les conséquences. Il ne s’agit ni de simples cas isolés ni d’incidents», a-t-il ajouté.

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L’Europe «doit cesser de sous-estimer la menace russe et accélérer sa préparation stratégique avant qu’il ne soit trop tard», prévient un officier européen. «Les capitales européennes doivent désormais penser en termes de résilience, de prévention et surtout de préparation à un affrontement potentiel», a-t-il conclu.

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