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Unis ou perdants : l’ultimatum de l’Histoire à l’Occident

(Rome, Paris, 03 septembre). Face à l’«internationale du nihilisme» réunissant la Russie, la Chine, le pays des mollahs et leurs alliés, l’Occident ne peut se permettre la division. Pour Donald Trump, le défi est clair : renouer avec l’Europe et l’Inde afin de contrer le double jeu de Poutine et restaurer le «soft power» américain. L’heure n’est plus aux divisions : sans le front uni entre Washington, l’Europe et New Delhi, les démocraties risquent de perdre la bataille du «nouvel ordre mondial». Alors que Xi, Poutine et leurs alliés «exhibent» leur puissance, l’Occident semble paralysé

L’Europe et l’Inde : telles sont les deux «alliances stratégiques» que Trump doit réparer pour échapper au double jeu de Poutine.

Le sommet de Tanjin ressemblait à un film Marvel, où tous les «méchants du monde» se donnaient la main pour défier l’Occident. Mis à part la présence ambiguë de Modi et l’attitude fluctuante d’Erdogan, tous les autres, de Poutine à Kim Jong-un, de Loukachenko à Pezeshkian, peuvent désormais être identifiés comme une véritable «internationale du nihilisme» menaçant la sécurité de la planète. Il a donc paru plutôt paradoxal d’entendre Xi Jinping exhorter à aller «au-delà de la logique de la guerre froide» : la Russie, la Corée du Nord et l’Iran ont déjà largement dépassé ce stade, ayant mené des guerres très «chaudes», ponctuées de massacres et d’exterminations de masse. Et cela de l’Europe au Moyen-Orient, écrit Ferdinando Adornato dans les colonnes du quotidien italien «Il Giornale».
Au sommet de Tanjin, environ 25 % du PIB mondial et 42 % (près de 4 milliards d’ahbitants) de la population mondiale étaient représentés. On ne saurait donc sous-estimer le défi que représente pour l’Occident cette sorte d’OTAN du Sud global, qui va aujourd’hui déployer toute sa puissance lors de la parade militaire de Pékin.

Alors, si les «méchants» agissent avec autant de détermination, que font donc nos Superman et Batman ? Que font, pour sortir de la métaphore, les États-Unis et l’Europe ? L’Occident, comme l’a si bien écrit Alessandro Sallusti, semble endormi. Mais puisque le défi du nouvel ordre mondial n’a rien de conte de fées, il est temps de se réveiller. «Souverain est celui qui décide dans l’état d’exception», disait le théorème de Karl Schmitt. Et il faut bien dire que le monde d’aujourd’hui est peuplé d’«états d’exception» : l’écosystème politique est en danger. Pourtant, la souveraineté des dictatures ne semble pas vaciller. En effet, ils se considèrent, comme l’a dit Poutine, comme la «majorité mondiale» et revendiquent donc un leadership de la planète. Les démocraties, à l’inverse, apparaissent divisées et leur pouvoir souvent stérile.

Il en découle que, face au défi de Tanjin, l’objectif premier de l’Occident doit être de retrouver son unité. Quel sens y a-t-il à imaginer, à ce moment précis, un «partage de destin» entre l’Europe et les États-Unis ? On peut réviser, comme cela a commencé à se faire, les paramètres des intérêts militaires et commerciaux réciproques, mais ce serait une erreur tragique de dissoudre le pacte, laissant le champ libre aux autocraties. Au contraire, il est nécessaire de renforcer encore cette «alliance des démocraties», fondée sur des valeurs et des intérêts communs, qui a jusqu’à présent fait de l’Occident le modèle de coexistence humaine le plus envié. Il est bien connu que Washington s’est depuis longtemps désintéressé du Vieux Continent : mais Trump devrait comprendre qu’à l’inverse, l’«internationale du nihilisme», par l’intermédiaire de Poutine, vise précisément une percée en Europe pour nous mettre au pied du mur. De même, il s’emploie à empêcher l’«entente cordiale» entre New Delhi et Washington qui semblait se dessiner avant l’imposition des droits de douane.

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Europe et Inde : telles sont les deux «alliances stratégiques» que Trump doit réparer, échappant ainsi au double jeu de Poutine. Autrement dit, pour véritablement rendre sa grandeur à l’Amérique, il doit reconquérir le «soft power» perdu du passé : ce mélange de force de dissuasion et d’amour de la liberté qui a conféré aux États-Unis leur primauté dans le monde. Sans cela, sa présidence sera difficilement couronnée de succès. De même, si des forces centrifuges «à la Macron» prévalent en Europe, la partie deviendrait de plus en plus complexe. En substance, si Tanjin a défié l’Occident, il serait bien étrange que celui-ci réponde en se divisant.

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Cela vaut également pour le thème du «nouveau multilatéralisme» proclamé par Xi Jinping. Pourquoi supposer que l’Occident est opposé au retour de la Grande Diplomatie ? Question futile : car si le dirigeant chinois était sérieux, il aurait déjà convaincu Poutine de rencontrer Zelensky. Il est vrai que l’ordre géopolitique né à Yalta est révolu. Mais alors, face à la crise de l’ONU, il devrait être du devoir des grandes puissances de réécrire ensemble valeurs et règles du nouvel ordre mondial. Ce n’est qu’à ce prix qu’il aurait un sens de parler de «nouveau multilatéralisme». Malheureusement, le dirigeant chinois ne fait que de la propagande.

La preuve ? Si Trump lui proposait réellement de s’atteler à cette tâche, en réfléchissant «en grand» aux destins de la Terre, il recevrait à coup sûr une réponse négative. Voilà pourquoi il est urgent que l’Occident retrouve son unité. Pour relever véritablement le défi de Tanjin et aller voir les cartes truquées de Xi Jinping et consorts.

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