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Plan américano-israélien pour Gaza : vers une «Riviera du Moyen-Orient», selon le Washington Post

(Rome, 1er septembre 2025). Un document interne révélé par le Washington Post dévoile un projet américano-israélien pour transformer Gaza en un centre touristique et technologique surnommé la «Riviera du Moyen-Orient». Il s’agit d’un plan ambitieux, mais explosif : selon le journal, Washington et Tel-Aviv envisagent de raser Gaza pour en faire une vitrine high-tech et balnéaire, au prix du déplacement de millions de Palestiniens. Une vision qui soulève des critiques dénonçant une opération de colonisation économique

Une révélation publiée par le Washington Post a dévoilé un plan ambitieux mais controversé pour l’avenir de la bande de Gaza, actuellement en discussion au sein de l’administration Trump. Baptisé «Gaza Reconstitution, Economic Acceleration, and Transformation Trust» (GREAT Trust), le document de 38 pages prévoit la gestion de l’enclave par les États-Unis pendant au moins une décennie, avec pour objectif de la transformer en un pôle touristique de luxe et un centre de production high-tech, surnommé la «Riviera du Moyen-Orient», comme le rapporte Roberto Vivaldelli dans «Inside Over».

Les détails du plan

Selon le document, l’ensemble de la population de Gaza, soit plus de deux millions de personnes, serait temporairement relocalisée, soit par des «départs volontaires» vers d’autres pays, soit vers des zones sécurisées et contrôlées au sein de l’enclave durant la reconstruction. Les propriétaires fonciers recevraient un «jeton numérique» en échange de droits de développement de leurs terrains. Ce jeton pourrait servir à financer une nouvelle vie ailleurs ou à obtenir un appartement dans l’une des six à huit «villes intelligentes» alimentées par l’IA prévues à Gaza.

Ceux qui choisiraient de quitter l’enclave percevraient :

  • Une indemnité de 5.000 dollars,
  • Des aides au logement pendant quatre ans,
  • De la nourriture pendant un an.

Le plan estime à 23.000 dollars les économies réalisées par départ, comparées aux coûts d’un logement temporaire et des services de soutien dans les zones sécurisées. Le GREAT Trust, conçu par certains des mêmes Israéliens impliqués dans la «Gaza Humanitarian Foundation» (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis et Israël qui distribue de la nourriture à Gaza, ne nécessiterait pas de financement public américain.

Il serait plutôt financé par des investissements publics et privés dans des «méga-projets», tels que :

  • Des usines de véhicules électriques,
  • Des centres de données (data centers),
  • Des stations balnéaires de luxe,
  • Des gratte-ciel résidentiels.

Le plan prévoit un retour sur investissement multiplié par quatre sur 100 milliards de dollars en dix ans, grâce à des revenus auto-générés. Il s’agit d’un plan financier et immobilier, plutôt qu’une réelle initiative politique.

Le rôle de Jared Kushner et Tony Blair

Selon le portail Axios, ce plan reflète les idées de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, qui a assisté à une réunion à la Maison-Blanche avec l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair pour discuter de l’avenir de Gaza. La réunion, à laquelle assistait l’envoyé spécial Steve Witkoff, portait sur l’augmentation de l’aide humanitaire et sur un plan post-guerre pour une enclave libérée du Hamas. Witkoff a décrit le projet comme «très complet» et motivé par des «intentions humanitaires».

Une proposition qui choque

Le plan révélé par le Washington Post fait écho à une vidéo diffusée en février dernier par Donald Trump sur «Truth Social», générée par l’intelligence artificielle, qui a suscité une vague d’indignation. Cette vidéo, qui prévoyait le déplacement d’environ deux millions de Palestiniens pour construire un complexe à la manière de Dubaï, avec gratte-ciel et yachts, a été largement critiqué sur les réseaux sociaux et qualifié par beaucoup de vaste projet de nettoyage ethnique.

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