(Rome, 26 août 2025). À la veille d’un vote de confiance décisif, François Bayrou tente d’imposer un plan d’austérité historique pour sauver les finances publiques. Mais entre divisions politiques et contestation sociale, et face à un déficit jugé insoutenable, Bayrou engage un bras de fer au Parlement, qui, sans majorité solide et sous la menace d’une mobilisation massive, le sort de son gouvernement reste en suspens. Le pays retient son souffle avant ce vote qui pourrait tout faire basculer
Le Premier ministre François Bayrou a tiré la sonnette d’alarme sur le déficit et annoncé «le budget le plus important de notre histoire». Mais il n’obtiendra probablement pas la confiance le 8 septembre.
Le 8 septembre, le gouvernement peut tomber. Ou alors la France traverse la pire période d’austérité de son histoire récente : «La situation est grave».
Aussi pâle comme un Premier ministre qui n’a pas pris de vacances, écrit Alessandra Coppola dans les colonnes du «Corriere della Sera», François Bayrou rouvre la scène politique à Paris par une annonce lors d’une conférence de presse, avec les ministres alignés au premier rang : en accord avec le président Emmanuel Macron, qu’il vient de rencontrer dans sa résidence d’été à Brégançon, le Parlement (qui, selon le calendrier, rouvrirait le 22 septembre) se réunira en session extraordinaire dans deux semaines pour voter la confiance. Non pas sur les mesures spécifiques du régime économique, mais sur le principe : «Le budget le plus important de notre histoire nous attend», une réduction du déficit de 44 milliards d’euros sur quatre ans pour éviter le risque certain de surendettement ; l’état de crise, affirme-t-il.
Un coup d’œil à ses notes, qu’il ne lit pas, quelques gorgées d’eau. Homme politique chevronné mais fatigué, François Bayrou en vient à la nouvelle après de nombreuses références à la macroéconomie et au chaos global. «Le droit international bafoué, les grands empires qui s’imposent par la force, la tragédie du Moyen-Orient… ». Et puis il y a la concurrence déloyale de la Chine, les droits de douane imposés par l’Amérique, Bruxelles qui «devrait parler d’une seule voix et ne le fait pas». Une citation directe de l’ancien Premier ministre italien et ancien président de la BCE, Mario Draghi, à Rimini : «Le rêve d’une Europe qui compte dans le monde s’est évanoui».
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Tout cela pour dire que la France s’endette depuis vingt ans, et qu’elle ne peut plus se le permettre : «Combien de temps pouvons-nous faire semblant de ne rien voir ?» Il a été question de réduire les allocations chômage, et surtout de la très impopulaire suppression de deux jours fériés. Le Premier ministre prévient que cela est encore négociable et que les coupes budgétaires seront annoncées lors du débat parlementaire sur le budget cet automne.
Mais s’il y parvient, le gouvernement Bayrou, centriste minoritaire, né au terme de longues négociations, doit trouver des voix à gauche comme à droite pour survivre. Les extrêmes sont les premiers à s’y opposer : un non immédiat du Rassemblement national (Marine Le Pen réclame la dissolution du Parlement) et de la France insoumise de son ennemi juré Jean-Luc Mélenchon. Même la cheffe de file des Écologistes, Marine Tondelier, n’offre aucun espoir : «Un vote de confiance égale une démission».
Faire contribuer les plus riches
Un fait exceptionnel : le Premier ministre fait un pas vers la gauche pour sauver sa tête. Invité à l’événement de rentrée de la CFDT ce mardi 26 août, au lendemain de son annonce d’un vote de confiance à l’Assemblée le 8 septembre, François Bayrou a annoncé vouloir faire contribuer davantage les plus riches. «Lorsque vos moyens sont plus importants, votre contribution au redressement des finances publiques doit l’être aussi», a-t-il dit.
L’illusion d’un soutien socialiste dure quelques heures. L’ancien président François Hollande avait parlé à la radio ce matin de «négociation». Mais le parti, cependant, avec son secrétaire Olivier Faure, l’exclue («Inimaginable»). D’ailleurs, personne dans l’opposition ne veut rester à l’écart de la grande manifestation du 10 septembre, ces manifestations «bloquons tout» générées sur les réseaux sociaux, qui annoncent la résurgence des «gilets jaunes».
Autre mesure fiscale
«La lutte contre la fraude sociale et fiscale va être intensifiée grâce à un projet de loi pour renforcer la lutte contre l’évasion fiscale, et tendre la responsabilité aux donneurs d’ordre en cas de travail dissimulé, et mieux contrôler les actions de formations financées sur fonds publics», a déclaré François Bayrou, comme le rapporte la presse transalpine.
Le choix de François Bayrou d’appeler à un vote de confiance deux jours plus tôt est une tentative de désamorcer la colère. Le Premier ministre est formel : «Face à la menace du désordre, une clarification s’impose». Ou peut-être, dans ces circonstances, un pas en arrière.