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La FINUL et l’avenir du Liban : le Hezbollah met à l’épreuve la présence internationale

(Rome, Paris, 22 août 2025). Alors que le Liban traverse une crise multidimensionnelle, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) se trouve confrontée à des défis croissants sur le terrain. L’Italie, acteur central au sein de la mission onusienne, tente de maintenir un équilibre fragile face à l’influence du Hezbollah, dont les positions compliquent l’action internationale dans le sud du pays. Entre diplomatie, sécurité régionale et pressions locales, l’avenir de la FINUL demeure incertain

La présence de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL/UNIFIL) a jusqu’à présent permis d’éviter un vide sécuritaire, mais la capacité de l’État à reprendre pleinement le contrôle reste limitée. La responsabilité première de cette fragilité incombe au Hezbollah, qui entrave le renforcement des institutions de l’État et maintient un arsenal autonome.

Il y a deux jours, le régiment «Genova Cavalleria» et le régiment logistique «Pozzuolo del Friuli» sont rentrés en Italie après une mission de six mois au Sud-Liban. Cette rotation coïncide avec un moment décisif : des négociations sont en cours au Conseil de sécurité de l’ONU pour renouveler le mandat de la FINUL, qui expire le 31 août. Cette décision aura un impact sur la stabilité fragile du Liban et sur la position internationale de l’Italie, écrit Ferruccio Michelin dans les colonnes de «Formiche.net».

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Rome n’est pas un spectateur passif. Le général Diodato Abagnara dirige la mission, tandis qu’environ 1.000 soldats italiens (deuxième contingent par taille après celui de l’Indonésie) opèrent le long de la «Ligne bleue». La FINUL est l’une des missions les plus visibles pour Rome, un pilier de sa crédibilité en matière de maintien de la paix et un outil de sa présence dans la Grande Méditerranée. Une éventuelle cessation de la mission, prônée par les États-Unis et Israël, risquerait de compromettre à la fois la stabilité du Liban et la stratégie italienne dans la région.

Démarches diplomatiques

Le président libanais, Joseph Aoun, et le général Abagnara, lors d’une rencontre la semaine dernière à Beyrouth, ont réaffirmé que la mission demeure essentielle à la mise en œuvre de la résolution 1701 et pour éviter un vide sécuritaire. À New York, la France a récemment présenté un projet d’accord visant à prolonger la mission d’un an, mais Washington exige des conditions plus strictes. Selon certaines rumeurs, les États-Unis et Israël ne souhaitent pas un renouvellement complet de la mission : Tel-Aviv n’a pas exercé de pression pour sa prolongation, acceptant la ligne de Washington qui envisage une fermeture progressive dans le cadre d’un désengagement général des problèmes de la région.

Pendant ce temps, Rome agit sur le plan politico-diplomatique. La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a discuté de la FINUL avec António Guterres en marge du sommet du G7 au Canada ; le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a abordé la question en juillet lors de sa visite à Washington avec le secrétaire d’État Marco Rubio, soulignant la nécessité de renforcer la présence de l’ONU au Liban.

La question du Hezbollah

L’actualité la plus marquante vient de Beyrouth. Il y a deux semaines, le gouvernement libanais a adopté une décision sans précédent : ordonner aux forces armées d’élaborer un plan de désarmement de toutes les milices non étatiques, à commencer par le très puissant Parti de Dieu.

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Cette décision a été prise sous une forte pression américaine, avec pour objectif d’instaurer le monopole de l’État sur les armes d’ici la fin de 2025. Le Hezbollah, qui a étendu son contrôle sur le Liban au point de devenir un «État dans l’État», a déjà rejeté cette initiative, avertissant qu’«il n’y aura plus de vie au Liban» si le gouvernement tente de l’imposer.

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L’administration Trump a, quant à elle, appelé Israël à réduire ses opérations militaires «non urgentes» au Liban, afin de donner plus d’espace et de crédibilité à l’initiative du gouvernement de Beyrouth. Malgré le cessez-le-feu de novembre dernier, Israël continue de mener des frappes aériennes quasi quotidiennes sur le sol libanais, justifiées par les violations du Hezbollah.

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Beyrouth, cependant, considère ces violations comme une atteinte à sa souveraineté. Israël maintient également cinq avant-postes au sud du Liban (sept points selon un général libanais pro-Hezbollah, interviewé aujourd’hui sur le plateau de la chaine MTV), qu’il compte abandonner uniquement lorsque le Hezbollah ne représentera plus de menace. Washington propose une approche graduelle : suspendre les raids pendant quelques semaines, se retirer progressivement de l’un des avant-postes et, à terme, mettre en œuvre un plan de développement économique financé par l’Arabie saoudite et le Qatar dans une «zone économique Trump» qui sera créée à la frontière afin d’entraver l’implantation militaire du Hezbollah.

Les équilibres régionaux

L’avenir de la FINUL est donc étroitement lié à un double processus : d’une part, la pression internationale exercée sur Beyrouth pour qu’elle assume seule le contrôle de la sécurité (résultant également de l’approche stratégique américaine au Moyen-Orient et en Méditerranée) ; de l’autre, la nécessité de convaincre Israël de réduire sa présence militaire. Mercredi, à Paris, le ministre israélien Ron Dermer, chargé par le gouvernement Netanyahu de la gestion des dossiers stratégiques, a longuement discuté avec l’envoyé américain Tom Barrack et la diplomate Morgan Ortagus. Des sources diplomatiques font état de progrès, mais aucune décision définitive n’a été prise.

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Le 2 août, la brigade alpine «Taurinense» a pris le commandement du secteur Ouest, succédant à la brigade «Pozzuoli del Friuli» et poursuivant les activités de la Mission bilatérale pour le Liban (MIBIL) et du Comité technique militaire pour le Liban (MTC4L). Pour Rome, le renouvellement de la FINUL n’est pas une question technique, mais un enjeu stratégique, qui implique sa crédibilité internationale et son influence politique. La question centrale reste de savoir si le Liban est réellement prêt pour cette transition et comment la soutenir (notamment par des initiatives italiennes) si la FINUL est dissoute.

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