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Sommet Trump-Poutine : ce qu’il faut retenir en 6 points lors de la rencontre secrète

(Rome, 17 août 2025). La rencontre à Anchorage entre les présidents russe et américain n’a débouché ni sur un cessez-le-feu ni sur un accord de paix concernant la guerre en Ukraine. Mais les deux dirigeants en ont tout de même tiré profit

La bonne nouvelle : il ne s’agissait pas d’un nouveau Yalta ou un nouveau Munich, du moins selon les déclarations officielles.
La mauvaise nouvelle : le sommet n’a pas abouti à un cessez-le-feu en Ukraine, et encore moins à un accord de paix global. En substance, le sommet en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine a échoué. Voici un résumé des résultats et des conséquences de ce sommet, selon le décryptage d’Enrico Franceschini dans le quotidien «La Repubblica».

Pas d’accord

Aucun des deux dirigeants n’a annoncé d’entente. Poutine a déclaré qu’«une voie vers la paix en Ukraine» avait été ouverte et a évoqué un «accord» non spécifié. Trump, quant à lui, a affirmé qu’«il n’y aura pas d’accord tant qu’il n’y aura pas d’accord complet». Leur réunion, élargie à trois conseillers de chaque côté après une première rencontre en tête-à-tête entre les deux présidents, a duré trois heures. Le sommet s’est achevé plus tôt que prévu ; la deuxième session prévue n’a pas eu lieu.

Lors de la conférence de presse finale, qui n’a duré que 12 minutes, au cours de laquelle les deux parties se sont limitées à des déclarations sans répondre aux questions des journalistes, ni Trump ni Poutine n’ont précisé les sujets abordés ni les points de désaccord. Trump a dit : «Nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points ; seuls quelques-uns restent en suspens». Il a ajouté que de «grands progrès» avaient été accomplis, qualifiant la réunion d’«extrêmement productive», sans toutefois donner plus de détails. Il n’a même pas prononcé le mot «cessez-le-feu».

Ce que Poutine a gagné

Après des années d’ostracisme de la part de l’Occident et d’inculpation par la Cour pénale internationale de La Haye, qui a émis un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre commis par les troupes russes en Ukraine, le chef du Kremlin est revenu en Amérique pour la première fois depuis dix ans. Il a reçu un accueil chaleureux de la part de Trump, tapis rouge à l’appui, qui l’a même accompagné dans sa limousine blindée jusqu’au lieu du sommet, où il a été aperçu souriant et détendu.

Lors de la conférence de presse, bien que le sommet soit tenu aux États-Unis, Poutine a eu le privilège de prendre la parole en premier, ce qui lui a permis de développer les «causes profondes du conflit» sans être contredit. À l’issue du sommet, il est parti sans avoir fait la moindre concession. Trump l’a implicitement félicité, en déclarant : «Lui aussi veut mettre fin au bain de sang».

Ce que Trump a gagné

Rien de concret. Il n’a pu que profiter de l’occasion pour nier une fois de plus, lors de la conférence de presse, toute interférence russe en sa faveur dans la campagne présidentielle américaine de 2016, contredisant ainsi, comme il l’avait fait lors du sommet avec Poutine à Helsinki en 2019, les conclusions des services de renseignement américains.

Il a également obtenu de Poutine, toujours lors de la conférence de presse, la «confirmation» que la guerre en Ukraine n’aurait pas eu lieu s’il avait été réélu à la Maison Blanche en 2020, comme le magnat le répète sans cesse, sans que ni l’un ni l’autre n’explique comment ni pourquoi. Devant la presse, Trump s’est montré plus laconique qu’à l’accoutumée et plutôt déférent envers le dirigeant russe.

Faire porter la responsabilité à Kiev

«C’est maintenant à Zelensky de parvenir à un accord», a déclaré Trump à l’issue du sommet, donnant l’impression, comme il l’a fait à d’autres occasions par le passé, que c’est le président ukrainien qui entrave la paix par sa prétendue intransigeance.

De plus, après avoir vanté ses talents de négociateur chevronné, le président américain a semblé faire marche arrière, déclarant qu’il assisterait à un éventuel sommet entre Poutine et Zelensky «s’ils le souhaitent», et soulignant qu’à ce stade, «les Européens devront également faire leur part». Après avoir exclu Kiev et l’Europe du sommet de l’Alaska, Trump renvoie désormais la responsabilité de la résolution du conflit à l’Ukraine et à l’Europe.

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L’hypothèse d’un sommet en Russie

À la surprise des journalistes, Poutine a conclu la conférence de presse en demandant à Trump, en anglais, «La prochaine fois à Moscou ?» Bien qu’il n’ait rien gagné du sommet de l’Alaska, Trump a répondu positivement : «Oh, c’est une proposition intéressante. Ils vont me sauter dessus, mais je pense que c’est réalisable».

Ni Yalta ni Munich

Au moins, comme le soulignent divers observateurs diplomatiques, Trump et Poutine ne se sont pas partagé l’Ukraine, contrairement à Roosevelt et Staline qui avaient divisé l’Europe au sommet de Yalta en 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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Le sommet de l’Alaska n’a pas non plus été un nouveau Munich, la conférence de 1938 au cours de laquelle les puissances démocratiques européennes avaient accepté l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne hitlérienne au nom de: l’«apaisement».

Reste toutefois à savoir si Trump a laissé entendre en privé à Poutine sa disponibilité pour un compromis du même ordre. Le président américain a en tout cas retiré sa menace de nouvelles sanctions contre la Russie : «Ce n’est plus le moment», a-t-il déclaré. Au final, le sommet s’est conclu sans même une trêve temporaire en Ukraine. La guerre continue, et il appartient à Kiev et à l’Europe de trouver une solution après que Trump leur aura rendu compte de ce qui s’est passé en Alaska.

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En résumé, le sommet d’Alaska a surtout servi à redorer l’image de Poutine et à donner à Trump une vitrine politique, sans rien changer sur le terrain en Ukraine. Vladimir Poutine, selon un observateur italien, en est ressorti gagnant sur le plan symbolique, réhabilité sur la scène internationale et sans avoir concédé quoi que ce soit.

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