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Sommet en Alaska Trump-Poutine : vainqueur, perdant, et les dessous de la rencontre

(Rome, 16 août 2025). «Il n’y a pas d’accord tant qu’il n’y a pas d’accord», résume le président américain après plus de trois heures d’entretien avec le président russe, qui rentre dans son pays avec une réhabilitation significative sur la scène internationale

«Il n’y a pas d’accord tant qu’il n’y a pas d’accord». Avec ce jeu de mots, Donald Trump résume plus de trois heures de discussions avec Vladimir Poutine en Alaska, lors d’une conférence de presse conjointe qui a duré seulement 12 minutes, sans répondre aux questions des journalistes. Et surtout, sans qu’aucune avancée ne se dessine. Le président américain et son homologue russe ont tous deux parlé d’une rencontre constructive et de progrès réalisés, mais le magnat a quitté Anchorage sans avoir atteint l’objectif qu’il s’était fixé à son arrivée face au tsar du Kremlin, à savoir, un cessez-le-feu en Ukraine, écrit Valeria Robecco dans «Il Giornale».

Les deux dirigeants ont transformé leur rencontre bilatérale en un format «trois contre trois» : côté américain, le secrétaire d’État Marco Rubio et l’envoyé spécial des États-Unis, Steve Witkoff ; côté russe, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le conseiller Youri Ouchakov. Mais ils ont annulé le déjeuner de travail élargi aux autres membres des délégations. «Nous avons eu une réunion extrêmement productive et de nombreux points ont été convenus. Il n’en manque que quelques-uns. Nous n’y sommes pas encore, mais nous avons de très nombreuses chances d’y parvenir», a déclaré Trump, sans entrer dans les détails, ajoutant avoir «toujours eu une excellente relation avec Poutine». «J’appellerai bientôt l’OTAN et Volodymyr Zelensky », a-t-il ajouté.

Le dirigeant russe a pour sa part qualifié le sommet de «constructif» : «Le président et moi avons établi un contact très bon, pragmatiques et fondé sur la confiance mutuelle», a-t-il souligné. «J’ai des raisons de croire qu’en poursuivant sur cette voie, nous pourrons mettre fin au conflit en Ukraine. Le plus tôt sera le mieux. Notre pays souhaite sincèrement y mettre fin». Il s’accorde avec Trump pour dire que «la sécurité de l’Ukraine doit être garantie», tout en affirmant sa position selon laquelle Kiev représente «une menace fondamentale pour notre sécurité». Il a averti qu’il s’attendait ce que «l’Ukraine et les autres capitales européennes prennent cela de manière constructive et n’entravent pas les progrès qui se dessinent pour résoudre le conflit».

En signe d’estime envers son homologue américain, il ajoute : «Trump a dit que s’il était président, il n’y aurait pas de guerre, et je suis assez sûr que cela aurait effectivement été le cas, je peux le confirmer». Il a tenu à souligner que la Russie et les États-Unis «ont beaucoup à s’offrir» mutuellement dans le développement d’une coopération économique et commerciale. Aucun des deux, cependant, n’a prononcé le mot «trêve» à la tribune, malgré l’avertissement de Trump avant son arrivée à Anchorage selon lequel il ferait pression pour un cessez-le-feu immédiat : «Je ne serai pas content si ce n’est pas aujourd’hui». Et lorsque le locataire de la Maison-Blanche conclut en disant à «Vladimir» : «Nous nous parlerons très bientôt et nous nous reverrons probablement prochainement», le tsar répond en anglais : «Next time in Moscow». «C’est intéressant, j’imagine que cela pourrait arriver», répond Trump sans grande conviction.

Dans les faits, Poutine rentre chez lui avec une importante réhabilitation internationale : il a été accueilli avec tous les honneurs, du tapis rouge au passage d’un bombardier furtif B-2 entouré de chasseurs américains dans le ciel gris de l’Alaska, des brèves salves applaudissements et de la chaleureuse poignée de main du commandant en chef, jusqu’au geste inédit de Donald Trump, qui l’a accueilli dans la limousine présidentielle, «La Bête», pour le court trajet entre la base militaire et le lieu officiel de la rencontre. Dix minutes de véritable tête-à-tête, durant lesquelles les deux dirigeants étaient entièrement seuls, sans même l’aide d’un interprète.

De plus, Poutine a obtenu la suspension des sanctions secondaires que Washington menaçait d’imposer la semaine précédente, et qui ont été reportées en vue du sommet. Même lors de son entretien avec Sean Hannity de Fox News avant son retour à Washington, Trump reste avare de détails, se contentant de dire : «Vladimir et moi avons eu une excellente réunion, une note de 10/10. Nous avons fait des progrès et sommes tombés d’accord sur de nombreux points, mais il n’y a toujours pas d’entente» sur l’Ukraine.

«Nous nous sommes très bien entendus, et c’est positif lorsque deux grandes puissances s’entendent, surtout lorsqu’elles sont nucléaires. Nous sommes numéro un et ils sont numéro deux dans le monde», a-t-il poursuivi, soulignant que «maintenant, c’est à Zelensky et aux Européens de jouer» ; c’est vraiment à Zelensky maintenant.

Le magnat ne précise pas dans quel sens, mais réitère son souhait que «les gens cessent de mourir en Ukraine» et se dit «heureux que Poutine ait déclaré qu’avec moi président, il n’y aurait pas eu de guerre». Quant à une éventuelle rencontre trilatérale avec le dirigeant de Kiev (jamais évoquée lors du sommet), il assure qu’elle aura lieu «très prochainement» : «Ils souhaitent tous deux ma participation, et j’y serai», a-t-il conclu.

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