(Rome, 09 août 2025). Le plan du Kremlin se déroulerait en deux phases. Le dirigeant russe aurait remis à l’envoyé de Trump une distinction honorifique destinée à l’Américain fils d’une responsable de la CIA, tué en 2024 alors qu’il combattait aux côtés des troupes de la Fédération
«La rencontre tant attendue entre moi et le président russe Vladimir Poutine aura lieu vendredi prochain, le 15 août, en Alaska. Plus de détails suivront». C’est ainsi, tard dans la soirée, et via un message publié sur le réseau social Truth, que Donald Trump a mis fin aux nombreuses spéculations concernant le lieu du sommet entre les deux dirigeants sur l’Ukraine. Le jour et le lieu étant fixés, et alors que le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, indique que Moscou se prépare déjà à un sommet ultérieur «en territoire russe», l’attention se tourne désormais vers le contenu de la proposition que Poutine présentera officiellement à l’ancien magnat, écrit Valerio Chiapparino dans «Il Giornale».
L’offre du président russe, selon le Wall Street Journal, a été évoquée pour la première fois mercredi dernier lors de son entretien avec l’envoyé spécial de la Maison Blanche, Steve Witkoff, qui s’est envolé pour la capitale russe quelques heures avant l’expiration de l’ultimatum américain concernant de nouvelles sanctions contre Moscou. D’après des responsables européens et ukrainiens cités par le journal, l’ancien espion du KGB exigeait «d’importantes concessions territoriales de la part de Kiev et un engagement à une reconnaissance internationale de ses revendications» en échange d’un cessez-le-feu.
Plus précisément, Vladimir Poutine s’est déclaré prêt à faire taire les armes si l’Ukraine acceptait de retirer ses troupes de toute la région orientale du Donbass. Si Kiev acceptait cette demande, la Russie prendrait le contrôle de Donetsk et de Lougansk, ainsi que de la péninsule de Crimée. Comme le souligne le Wall Street Journal, la Russie contrôle déjà une grande partie de ces régions de l’Est de l’Ukraine, mais les forces ukrainiennes sont néanmoins présentes sur de vastes portions de ces territoires, y compris dans des villes clés où elles ont établi des bastions. La proposition de Poutine laisse également planer le doute sur le sort des régions méridionales de Zaporizhia et de Kherson, partiellement occupées par les troupes russes. Pour informer ses alliés de la décision de Moscou, l’administration Trump a organisé une série d’appels téléphoniques avec ses partenaires européens. Les réactions des responsables consultés entre mercredi et jeudi sont partagées quant aux véritables intentions du Kremlin : veut-il figer les lignes actuelles du front ou se retirer du sud de l’Ukraine ? Les détails sur un éventuel échange de territoires et sur ce que l’Ukraine obtiendrait en retour restent toutefois flous.
Lors du premier de ces appels, Trump participait aux côtés de Witkoff, du vice-président J.D. Vance et du secrétaire d’État Marco Rubio. Le président américain n’a en revanche pas pris part à un second échange, auquel a assisté son émissaire pour l’Ukraine, Keith Kellogg. Dans une troisième réunion téléphonique, hier, Witkoff a expliqué aux Européens que la proposition russe comporterait deux phases :
- Geler les lignes de front et obtenir le retrait ukrainien de Donetsk ;
- La phase suivante verrait Poutine et Trump convenir d’un plan de paix final, à négocier avec le président ukrainien Zelensky.
Une source ukrainienne présente à l’un de ces appels avec Trump a déclaré que Kiev n’était «pas opposée par principe à toute proposition», réitérant toutefois que la condition préalable à toute nouvelle initiative restait un cessez-le-feu. Il est apparu que la proposition russe n’aborde pas la question des garanties de sécurité réclamées par Kiev, notamment l’adhésion à l’OTAN. Poutine aurait affirmé que Moscou pourrait adopter une loi stipulant noir sur blanc de ne pas attaquer l’Ukraine ou l’Europe. Witkoff a estimé auprès de ses partenaires européens que l’offre du Kremlin témoignait d’une «réelle volonté de paix».
Par ailleurs, CBS News rapporte que, lors de sa rencontre avec l’envoyé de la Maison Blanche, le président russe lui a remis une «distinction honorifique» destinée à une haute responsable de la CIA, Juliane Gallina, dont le fils âgé de 21 ans (Michael Gloss), a été tué en Ukraine en avril 2024 alors qu’il combattait aux côtés des soldats de la Fédération de Russie.
Juliane Gallina est directrice adjointe de l’innovation numérique au sein de l’agence basée à Langley. En avril dernier, la CIA a publié une déclaration affirmant que la mort du jeune Américain, qui souffrait de troubles mentaux, ne constituait pas un problème de sécurité nationale.