(Rome, 07 août 2025). Selon les experts, le président russe estime que le président américain est «la personne la plus apte» à atteindre ses objectifs en Ukraine
Un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine pourrait avoir lieu prochainement. Cette information, divulguée par des sources du Kremlin suite à la visite de l’envoyé spécial Steve Witkoff dans la capitale russe, survient quelques heures avant l’expiration de l’ultimatum fixé par le président américain, au terme duquel Washington pourrait approuver de nouvelles sanctions contre Moscou. L’information a été confirmée par le tsar en personne, qui, à l’issue d’une rencontre avec le président émirati Mohamed Ben Zayed al-Nahyane, a indiqué que les Émirats arabes unis pourraient accueillir une rencontre avec le dirigeant américain. Alors qu’un responsable de l’administration républicaine a révélé au New York Post que Trump ne serait disposé à rencontrer Poutine que si le président russe accepte également de voir Volodymyr Zelensky, les analystes et les médias s’interrogent sur les calculs du Kremlin en amont de la rencontre attendue entre les représentants des deux superpuissances, écrit Valerio Chiapparino dans le quotidien «Il Giornale».
Le New York Times ne fait pas de détour, affirmant dans une analyse récemment publiée que Poutine considère le sommet avec le président américain comme «la meilleure chance» de remporter la victoire dans le conflit contre Kiev. Selon le journal américain, ce sommet serait pour Poutine plus déterminant pour atteindre ses objectifs en Ukraine que les efforts militaires sur le terrain. En effet, dès le lancement de «l’opération militaire spéciale», affirment des experts et des proches du président russe, ce dernier chercherait à conclure un accord de paix lui permettant de réaliser des objectifs géopolitiques, sans nécessairement passer par des conquêtes territoriales précises.
Selon plusieurs observateurs, Trump serait donc «la personne la mieux placée» pour atteindre les objectifs de la Russie, notamment pour bloquer l’adhésion de Kiev à l’OTAN et empêcher l’expansion de l’Alliance atlantique. Donald Trump «est nécessaire pour satisfaire les exigences de la Russie», confirme Sergueï Markov, analyste pro-Kremlin. Cette opinion est appuyée par les fréquentes déclarations publiques de Poutine prônant une rencontre avec le magnat. En janvier, il déclarait : «Il vaut probablement mieux que nous nous rencontrions et que nous discutions calmement, en fonction de la réalité actuelle, de tous les sujets qui concernent à la fois les États-Unis et la Russie».
Jusqu’à il y a quelques jours, l’intérêt manifesté par Moscou pour un sommet entre les deux présidents avait été accueilli avec une certaine réserve à Washington. L’engagement soudain de la Maison Blanche en faveur d’une rencontre en face à face, rapporte le New York Times, soulève désormais des questions sur l’accord conclu hier entre Poutine et Witkoff. Le conseiller en politique étrangère du dirigeant russe, Youri Ouchakov, a déclaré aux journalistes que des «signaux» non spécifiés avaient été transmises à l’envoyé spécial américain. Il est possible que le président russe ait fait preuve d’une plus grande flexibilité sur la question du partage ou de l’échange de territoires en cas d’accord entre Moscou et Kiev.
Certains analystes spéculent que les positions plus dures exprimées jusqu’à présent par les émissaires russes s’inscrivent dans une stratégie visant à «forcer» une rencontre entre Poutine et Trump. De plus, ce sommet pourrait servir à convaincre le milliardaire de «revenir soutenir les vues du dirigeant russe sur ce qu’il appelle les causes profondes du conflit». Tatiana Stanovaïa, du «Carnegie Moscow Eurasia Center», estime que le dirigeant russe souhaite que l’Ukraine cesse d’être ce qu’il considère comme un «projet antirusse» et revienne dans la sphère d’influence de Moscou.
«Le territoire est très secondaire», poursuit l’experte, avant d’affirmer que Poutine préférerait une capitulation de Zelensky sous la pression de Trump afin que les forces russes cessent les combats, tout en étant prêt à se battre «pendant des années, si nécessaire».