(Rome, 06 août 2025). La renonciation à plus de 200 ans de neutralité avec l’adhésion à l’OTAN a marqué un tournant historique pour la Suède. Désormais, le gouvernement conservateur entreprend une réorganisation de l’armée
Jusqu’à l’âge de 70 ans au service de l’armée ; Jusqu’à présent, les officiers suédois prenaient leur retraite à leur 47e anniversaire. Pour l’avenir, une commission gouvernementale propose de repousser l’âge de la retraite et de permettre le rappel au service actif des anciens officiers de carrière ou de réserve jusqu’à l’âge de 70 ans. Aucun autre pays de l’OTAN ne prévoit un service aussi long pour ses officiers.
Autrefois symbole de paix et de stabilité, le modèle scandinave a vu ses priorités en matière de sécurité nationale bouleversées par l’agression russe contre l’Ukraine, écrit Pierluigi Mennitti dans le quotidien italien «Il Giornale».
La renonciation à la neutralité après plus de deux siècles, avec l’entrée dans l’OTAN, a marqué une rupture majeure pour la Suède. Le gouvernement conservateur, avec le soutien de l’opposition, s’attelle désormais à réformer ses forces armées.
Ce nouveau cap en matière de défense constitue un changement radical. Alors que la stratégie suédoise reposait autrefois sur la prudence et la distance vis-à-vis des blocs militaires, c’est aujourd’hui une approche qui s’impose, axée sur la dissuasion et la préparation. L’accent est mis sur le renforcement interne des forces armées. L’allongement de l’âge limite pour le rappel des officiers et la suppression de la «règle des dix ans» pour les conscrits, délai durant lequel ils peuvent être rappelés, sont les symboles d’une société qui prend désormais au sérieux la possibilité réelle d’un conflit.
Le ministre de la Défense, Pål Jonson, a qualifié la période actuelle de «difficile» et a réorienté l’attention du seul renforcement de l’arsenal militaire vers les ressources humaines, qu’il considère comme le cœur d’une armée prête à défendre le territoire national. Le projet de loi mettant en œuvre les recommandations de la commission est attendu pour début 2026.
Parallèlement, le pays cherche à accroître ses effectifs militaires, visant à faire passer le nombre de recrues annuelles de 8.000 actuellement à 12.000 d’ici 2030. L’objectif ambitieux d’atteindre 100.000 militaires opérationnels d’ici cinq ans nécessite de repenser les mesures incitatives : la commission a proposé de doubler la rémunération des jeunes en formation, espérant ainsi attirer de nouveaux volontaires.
Le système suédois reste l’un des plus sélectifs d’Europe : seul un candidat sur dix est effectivement admis à la formation, après des évaluations physiques, psychologiques et intellectuelles rigoureuses, selon le principe de qualité. La question qui se pose désormais est de savoir si, compte tenu de la demande accrue, il sera possible de maintenir le même niveau de sélection.
La prise de conscience du rôle géostratégique de la Suède rend encore plus urgente la montée des capacités de défense : bien qu’elle ne partage pas de frontière directe avec la Russie, la Suède serait parmi les premiers pays concernés par un conflit de grande ampleur en Europe du Nord. Sa position de transit pour les troupes de l’OTAN, son contrôle de l’île de Gotland et sa proximité avec l’enclave russe de Kaliningrad exigent une présence militaire performante. Sans oublier les tensions croissantes dans l’Arctique, où Moscou et Pékin renforcent leurs présences respectives.
Outre l’aspect humain, le travail porte également sur le volet technologique : en juin, le Parlement suédois a adopté, avec le vote favorable des sociaux-démocrates de l’opposition, un vaste programme de réarmement comprenant l’acquisition de nouveaux drones, de l’artillerie, des armes antinavires et un renforcement de la défense aérienne. Les dépenses militaires augmenteront progressivement passant de 2,4 % à 3,5 % du PIB d’ici 2030.
La ministre des Finances, Elisabeth Svantesson, a justifié cet engagement par une image volontairement percutante : «Nous devons veiller à ce que nos enfants et petits-enfants n’aient pas à apprendre le russe». Des propos qui, il y a un an, auraient semblé excessifs, mais qui apparaissent aujourd’hui comme un avertissement réaliste.