(Rome, 20 juillet 2025). Les accusations des services russes de renseignement extérieur (SVR) contre l’OTAN, l’accusant de transformer la Moldavie en un avant-poste militaire sur le flanc oriental de l’Alliance, témoignent d’une nouvelle tension croissante entre Moscou et l’Occident. Selon le SVR, la modernisation des infrastructures stratégiques de la Moldavie, des aéroports aux voies ferrées, viserait à permettre un déploiement rapide de troupes aux frontières russes. Selon l’analyse de Giuseppe Gagliano dans «Inside Over», il s’agit d’un discours qui, du point de vue du Kremlin, alimente le spectre d’une nouvelle «Ukraine» aux portes de la Russie.
La Moldavie, champ de confrontation
L’accusation portée contre le gouvernement de la Présidente Maia Sandu, considérée comme complice d’un agenda occidental visant à pousser le pays vers l’intégration euro-atlantique, est l’aboutissement d’années de frictions géopolitiques. Ce petit État ex-soviétique, historiquement neutre, se retrouve aujourd’hui pris entre les pressions de l’Europe et l’attraction gravitationnelle de la Russie. La perspective d’un alignement avec la Roumanie et la possible renonciation à son statut de neutralité sont perçues par Moscou comme une menace directe pour sa profondeur stratégique.
Évaluation militaro-stratégique : la Transnistrie comme détonateur
Sur le plan militaire, la présence russe en Transnistrie représente un potentiel détonateur. Selon des rapports ukrainiens, Moscou envisage d’augmenter son contingent militaire de 1.500 à 10.000 hommes, transformant ainsi la région séparatiste en plateforme d’opérations hybrides contre la Moldavie, voire contre l’Ukraine et l’UE. Les exercices de l’OTAN dans les pays baltes, le déploiement de systèmes HIMARS en Estonie et les fournitures d’armements à la Lettonie et à la Lituanie sont perçus par le Kremlin comme une spirale d’escalade susceptible de justifier une action préventive russe.
Implications géopolitiques : la Moldavie entre deux blocs
Sur le plan géopolitique, la Moldavie risque de devenir le prochain théâtre d’une guerre par procuration entre la Russie et l’OTAN. La stratégie russe vise à déstabiliser Chisinau via des ingérences politiques, des cyberattaques et des campagnes de désinformation, afin d’empêcher tout rapprochement avec l’Occident. À l’inverse, les États-Unis et l’Union européenne visent à renforcer les institutions moldaves, en offrant un soutien économique et militaire pour consolider une orientation pro-occidentale fragile.
Dimension géoéconomique : l’énergie et la logistique au centre du jeu
D’un point de vue géoéconomique, la Moldavie est un nœud stratégique pour les flux énergétiques. Sa dépendance au gaz russe et la nécessité de diversifier ses approvisionnements via la Roumanie en font un pays vulnérable. L’OTAN, en modernisant son infrastructure logistique, ouvre également la voie à des corridors commerciaux alternatifs susceptibles d’affaiblir l’influence russe. Cependant, cette stratégie comporte un risque de représailles économiques et d’escalade militaire qui affecterait l’ensemble de la région de la mer Noire.
Un scénario de forte tension pour l’Europe de l’Est
La Moldavie est désormais un élément critique dans le conflit systémique entre la Russie et l’OTAN. Si Moscou percevait l’avancée de l’Alliance comme un point de non-retour, elle pourrait adopter une stratégie agressive similaire à celle utilisée en Ukraine. Pour l’Europe de l’Est, cela signifierait la réouverture d’un front sud susceptible de déstabiliser non seulement la Moldavie, mais aussi l’ensemble de l’architecture de sécurité européenne.