(Rome, 14 juillet 2025). Le président français fait preuve de force sur la puissance défensive et menace de représailles sur les droits de douane
Le bras de fer engagé par le Président français avec les États-Unis sur les droits de douane, qui avait pris de court la majorité des ambassadeurs des États membres de l’UE présents au «Coreper» à Bruxelles dans les négociations de plus en plus complexes sur les droits de douane de Trump, se poursuit. Il continue d’alimenter les tensions entre les 27 États membres de l’UE (à l’exception de la France), qui, immédiatement après l’annonce du président américain, s’étaient engagés à résoudre la situation de manière unie, dans le cadre des discussions pilotées par Ursula von der Leyen, comme le rapporte «Il Giornale».
Après avoir exprimé sur X la «forte désapprobation» de la France face aux menaces de droits de douane américains de 30% sur les produits européens à compter du 1er août, Emmanuel Macron a de nouveau exhorté la Commission européenne à «accélérer la préparation de contre-mesures crédibles», en mobilisant tous les outils à sa disposition, y compris le mécanisme anti-coercition (qui autorise des mesures commerciales unilatérales, des restrictions d’investissement, voire des restrictions sur les marchés publics pour les entreprises de pays tiers jugés hostiles), si aucun accord n’est trouvé d’ici le 1er août».
Hier, en s’adressant aux forces armées françaises, il a de nouveau dénoncé «la guerre commerciale entre alliés», s’imposant comme le «faucon de l’UE dans un contexte où prévaut la volonté de négocier.
Ces prises de positions de Macron, avaient déjà suscité des réactions à la Chancellerie allemande et au Palazzo Chigi, qui prônent une approche plus prudente dans les déclarations publiques. Puis, hier, Emmanuel Macron a saisi l’occasion pour réaffirmer la posture d’une France en crise économique, mais de plus en plus déterminée à afficher sa puissance sur les questions internationales, renouvelant la dénonciation de la «menace russe» et annonçant, surtout, un important réarmement français. Celui-ci ne devra pas être financé par l’endettement, mais plutôt par une augmentation de la production et un recours aux capitaux privés.
À l’image de sa stratégie sur les droits de douane, Macron dramatise aussi ce dossier, en pointant du doigt les États-Unis. «Notre allié américain affiche une volonté de désengagement ; nous devons prendre le continent en main et devenir un pilier de l’OTAN», a souligné le locataire de l’Élysée. «Pour être libres, il faut être redoutés, et pour être redoutés, il faut être plus fort». Il a ensuite appelé les parlementaires à voter sans délai le budget 2026, rappelant la motion de censure de décembre dernier, et espérant éviter une nouvelle crise.
Les Français, quant à eux, attendent des réponses sur les retraites et la fiscalité. Et les entreprises, elles, font pression pour des mesures radicales, à la limite du protectionnisme. «Les prédateurs ne nous verront pas rester immobiles», déclare Macron, comme pour cimenter l’unité nationale et préparer l’opinion à d’éventuelles actions unilatérales de la France visant à protéger certains de ses produits – un dossier jusqu’ici traité au niveau européen. «Doubler le budget de la défense d’ici 2027 est la priorité», insiste-t-il. Trois milliards et demi d’euros supplémentaires seront alloués en 2026, et encore trois autres l’année suivante pour faire face à la «menace russe» et au «terrorisme islamique», affirme le Président Macron. Mais tous les regards sont également tournés vers les États-Unis, dans une France où le taux de pauvreté a atteint des niveaux record, inégalés depuis 30 ans selon l’INSEE.
La gauche milite également pour l’instauration d’une «taxe Zucman» (inspirée par l’économiste français), ciblant les 1.800 contribuables «ultra-riches» dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros, avec un prélèvement de 2 % pour un revenu annuel pouvant générer 20 milliards d’euros par an. Aujourd’hui, face à des pertes potentielles à l’exportation qu’il pourrait devoir justifier, Macron durcie le ton, tandis que d’autres l’invitent à s’asseoir à la table des négociations.
Un expert européen résume : «dans un contexte de tensions commerciales avec Trump et de confrontation militaire avec la Russie, Emmanuel Macron se pose en défenseur d’une Europe forte, autonome et prête à agir, quitte à s’isoler temporairement sur la scène européenne.