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Un pétrolier explose en Méditerranée : Kiev évoque un cinquième cas impliquant un «navire fantôme» russe

(Rome, 1er juillet 2025). Encore une mystérieuse explosion au large des côtes libyennes. Le pétrolier Vilamoura, qui, pour les services secrets ukrainiens, fait partie de la «flotte fantôme de Moscou», est en cours de remorquage vers la Grèce. S’agit-il d’un sabotage ?

Les services de renseignement ukrainiens disposent-ils d’une cellule opérationnelle en Libye ? Un nouveau pétrolier lié au trafic secret de pétrole brut orchestré par le Kremlin a été victime d’une mystérieuse explosion alors qu’il transitait par la Méditerranée, précisément au large des côtes libyennes. Pour les agents ukrainiens, il s’agit d’un des «navires fantômes» russes, ces tankers qui composeraient une flotte parallèle destinée à contourner les sanctions imposées à Moscou.

Le Vilamoura, long de 274 mètres et déplaçant 180.000 tonnes, aurait chargé un million de barils de pétrole brut à Zuetina, un port libyen du district d’al-Wahat en Cyrénaïque. Quatre jours plus tard, une mystérieuse explosion a percé la coque, provoquant l’inondation de la salle des machines. Le pétrolier, désormais à la dérive, a été remorqué jusqu’en Grèce par un bateau de lutte contre les incendies envoyé à son secours. Un accident particulièrement fréquent sur les navires considérés comme «responsables» du transport de pétrole en lien avec les terminaux russes, écrit Davide Bartoccini dans le quotidien «Il Giornale».

«Il s’agit du cinquième cas suspect», rapportent les agences de presse citant Bloomberg, qui précise que le Vilamoura, battant pavillon des Îles Marshall, avait été signalé en avril à Oust-Louga et en mai à Novorossiisk. Il y aurait embarqué du pétrole kazakh, selon certaines sources. Cependant, selon d’autres reconstitutions, basées sur des sources des services de renseignement ukrainiens, ces terminaux seraient utilisés pour la «contrebande d’hydrocarbures» que Moscou mènerait grâce à une «flotte fantôme» traquée par l’Union européenne, ainsi que par des espions ukrainiens qui pourraient opter pour des méthodes moins conventionnelles.

Le trafic de cette «flotte fantôme», rapporte l’agence de presse Nova, continue de «susciter des inquiétudes dans les eaux de la Méditerranée orientale, notamment au large des côtes grecques et chypriotes». Selon les services de renseignement ukrainiens, la Russie utiliserait «de grands pétroliers non assurés par des compagnies occidentales pour effectuer des opérations illégales de transbordement de pétrole». Depuis juillet 2024, l’usage d’un pétrolier Aframax comme «plateforme flottante» pour permettre et mener à bien de telles opérations a été documenté.

La mystérieuse «double explosion» survenue à bord du pétrolier Seajewel, ancré dans le port de Savone en février dernier, un navire également «soupçonné d’appartenir à la flotte fantôme de Moscou», avait provoqué une brèche d’un mètre cinquante dans la coque. L’incident avait déjà été attribué à un engin explosif «compatible» avec celui utilisé pour frapper un autre navire, le Grace Ferrum, dans les eaux libyennes début février dernier. Un sort similaire à celui du Seacharm, navire jumeau du Seajewel, avait lui aussi été touché en Turquie en janvier 2024.

Selon les éléments disponibles, les photos du Vilamoura laissent penser que l’explosion «s’est produite de l’intérieur», les éclats ayant «traversé deux ponts en plus de la coque». Cela renforce une hypothèse déjà envisagée : si sabotage il y a, ces navires pourraient être frappés non par des mines magnétiques externes, mais par des explosifs dissimulés à bord, déclenchés par minuterie ou signal radio.

Sur la chaîne Telegram des services secrets ukrainiens, le Vilamoura a été officiellement décrit comme faisant partie de la «flotte fantôme de contrebande de pétrole russe». Le mystère, loin d’être élucidé, ne fait donc que s’épaissir.

D’autres hypothèses restent néanmoins en vigueur, comme des attaques sous faux pavillon commises spécifiquement pour imputer la responsabilité à des agents secrets ukrainiens ; ou des affrontements entre groupes de pouvoir libyens cherchant à influencer le marché pétrolier, dans un pays où les combats déclenchés à Tripoli, la capitale, bouleversent l’équilibre politique et sécuritaire mis en place depuis quelques années.

Quant à l’Italie, on attend le verdict de la direction antimafia et antiterroriste du district de Gênes, mais surtout les analyses menées par les spécialistes du «Comsubin» (Comando Subacquei ed Incursori), qui sont intervenus pour soutenir l’enquête. Une réponse est aussi attendue concernant l’affaire Seajewel.

Qui mieux que le commandement du groupe sous-marin et de raid «Teseo Tesei» pourrait révéler si des saboteurs appartenant à un «acteur étatique» sont réellement actifs et, malgré le risque d’une éventuelle catastrophe environnementale, s’ils «minent» les coques des navires accusés d’appartenir à la flotte fantôme de Poutine ; ou si, au contraire, l’origine des mystérieuses explosions et leur dynamique sont d’une autre nature.

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