(Rome, 17 juin 2025). Netanyahou menace : «Sa mort marquerait la fin du conflit». Le dictateur cherche refuge en Russie, comme Assad
Ali Khamenei finira-t-il comme Saddam Hussein, le dictateur irakien capturé puis pendu après un procès équitable en 2006 ? Ou comme le leader de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi, traqué par ses opposants et éliminé au plus fort d’une guerre civile chaotique en 2011 ?
Ou bien rejoindra-t-il à Moscou, pour sauver sa vie et celle de sa famille, deux autres alliés fidèles de Vladimir Poutine : l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, contraint de fuir son propre peuple en 2014, et l’autre dictateur du Moyen-Orient, le sanguinaire syrien Bachar al-Assad, qui a fui en Russie avec les caisses de l’État en décembre dernier ?, écrit Roberto Fabbri dans le quotidien «Il Giornale».
Plus les Israéliens resserrent leur emprise sur Téhéran, plus il devient évident que Benyamin Netanyahu vise à démolir le régime islamique autant qu’à démanteler son programme nucléaire.
Dans une interview accordée à ABC News, le Premier ministre israélien n’a pas exclu la possibilité d’éliminer le guide suprême iranien : «Ce ne serait pas une escalade du conflit, mais plutôt sa fin».
Netanyahu a décrit la guerre en cours contre l’Iran comme une attaque décisive contre «la tête du serpent» qui, selon lui, a assiégé et attaqué Israël pendant des années : ce serpent est composé du Hamas, du Hezbollah, des Houthis yéménites, des milices chiites irakiennes et du régime pro-iranien et pro-russe d’Assad, récemment déboulonné. Et si l’Iran est la tête de ce serpent, l’ayatollah Ali Khamenei, à la tête de la République islamique depuis 36 ans, en incarne les dents venimeuses. Une fois ces dents arrachées, espèrent les Israéliens, l’Iran redeviendra un pays normal, voire un ami d’Israël.
Après seulement quatre jours d’offensive israélienne extrêmement efficace, le dangereux Khamenei est isolé. La tentation de trancher la véritable tête du serpent au moment de sa plus grande faiblesse, alors que son régime est contraint de demander à Trump de négocier pour sa survie, est très forte pour Netanyahu.
De nombreuses rumeurs circulent sur le sort de Khamenei. Qu’il soit traqué par les Israéliens ne fait aucun doute, à tel point qu’il se serait réfugié dans un bunker souterrain avec sa famille depuis deux jours (certainement hanté par la fin de son émissaire, et mandataire, libanais Hassan Nasrallah, le cheikh en chef du Hezbollah, éliminé en septembre dernier sous les décombres d’un autre bunker à Beyrouth, bombardé par les Israéliens). Une source diplomatique moyen-orientale affirme que Netanyahu aurait envisagé de le faire tuer dès la première nuit des attaques contre Téhéran. Difficile à vérifier. Même Ali Chamkhani, conseiller et négociateur de Khamenei, déclaré mort lors des premières frappes, aurait en réalité survécu et serait soigné à l’hôpital.
Selon une source locale, le Guide serait aussi affecté par l’élimination de tous les cadres sécuritaires de son régime par Tsahal et n’aurait pas confiance dans leurs remplaçants, avec lesquels il refuse de travailler.
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Il se dit aussi que Donald Trump aurait opposé un veto personnel à l’assassinat du Guide suprême du régime iranien. Et ce, non seulement pour éviter de franchir une ligne rouge qui mettrait en danger la vie de tout dirigeant occidental, mais aussi parce que, malgré l’ambiguïté évidente de sa politique étrangère, l’un des rares principes constants du trumpisme réside dans sa volonté affichée d’éviter que les États-Unis ne s’impliquent dans des conflits dévastateurs pour les Etats-Unis.
Netanyahu réfute l’existence d’un tel veto par des phrases énigmatiques, mais emploie des mots très clairs pour justifier l’élimination de Khamenei : s’il meurt, «la guerre ne s’aggravera pas ; au contraire, elle cessera immédiatement», a-t-il déclaré à ABC.
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Une autre source rapporte que le chef d’état-major adjoint d’Ali Khamenei ainsi que d’autres hauts responsables sont en pourparlers avec des responsables russes pour faire sortir le Guide et sa famille du pays dans le cas où le régime serait renversé, et pour leur accorder l’asile politique.
Il n’est donc pas surprenant que Khamenei manœuvre pour obtenir un sauf-conduit afin de se réfugier à Moscou, justement auprès de ce Poutine que Trump verrait bien jouer le rôle de médiateur entre l’Iran et Israël, parlant de confusion.