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Iran : les États-Unis et Israël planifient une nouvelle guerre d’envergure au Moyen-Orient

(Rome, 12 juin 2025). Israël pourrait attaquer l’Iran «dans les prochains jours». C’est l’analyse de plusieurs responsables américains. Par ailleurs, un haut responsable iranien a déclaré jeudi matin qu’un pays «ami» de la région avait averti Téhéran d’une possible attaque israélienne.

Vents de guerre

Ces informations s’entrelacent avec l’évacuation du personnel non essentiel des missions diplomatiques américaines en Irak, à Bahreïn et au Koweït, ainsi que les restrictions imposées aux déplacements du personnel diplomatique américain en poste en Israël, écrit Davide Malacaria dans le quotidien «Inside Over».

À cela s’ajoute l’«avertissement inhabituel» émis par le «Maritime Trade Operations» (UKMTO) : «L’UKMTO a été informée de la montée des tensions dans la région, susceptible d’entraîner une escalade des activités militaires ayant un impact direct sur le trafic maritime. Il est conseillé aux navires de traverser avec prudence le golfe Persique, le golfe d’Oman et le détroit d’Ormuz».

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Par ailleurs, selon Newsweek, «de récentes images satellite révèlent une concentration importante d’avions et de bombardiers américains sur l’île de Diego Garcia, dans l’océan Indien, dont des bombardiers stratégiques B-52, des ravitailleurs KC-135, des chasseurs F-15 et un avion de transport lourd C-5M : un déploiement massif qui suggère des préparatifs pour d’éventuelles opérations dans un contexte de tensions régionales».

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L’Iran, de son côté, affirme être prêt à riposter en frappant Israël et les bases américaines dans la région (d’où l’ordre d’évacuation émis par Washington) ; et que si ses sites nucléaires sont attaqués, il ripostera en frappant des installations israéliennes similaires, dont il dit avoir pleinement connaissance après le piratage informatique à grande échelle de ces derniers jours.

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L’AIEA attise la tension

L’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, a tenu une session cruciale à Vienne cette semaine.

«Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne», écrivait hier le New York Times, «ont soumis à l’AIEA une résolution appelant à ce que l’Iran soit condamné pour l’avancement rapide de son programme nucléaire et pour avoir violé d’autres engagements pris dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015 avec ces pays, ainsi qu’avec la Chine et la Russie» (alors même que les États-Unis s’étaient retirés unilatéralement de cet accord, que Téhéran avait pourtant respecté, ce qui rend leur position discutable).

Sous la pression, et peut-être l’influence du directeur Rafael Grossi, supposément aligné sur Tel-Aviv, comme les documents piratés par Téhéran voudraient le prétendre, l’AIEA a fini par dénoncer les violations du traité par l’Iran, qui est sur le point de produire des armes nucléaires. Une résolution qui sonne comme un feu vert à l’attaque, un véritable casus belli.

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Pressions exercées sur Donald Trump

Si la détermination d’Israël et des faucons américains ne fait aucun doute, la position de Trump reste incertaine, bien que son pouvoir réel soit limité.

Lundi, lors d’un entretien téléphonique avec Netanyahu, le Président américain a réitéré qu’il ne soutiendrait pas une attaque israélienne, mais peu après, il a déclaré ne pas croire à un accord possible avec l’Iran, ajoutant que, dans ce cas, Téhéran recevra une pluie de bombes.

Le problème ne réside pas seulement dans l’imprévisibilité de Trump, qui a souvent recours à des diversions pour éluder les désaccords, mais aussi dans la forte pression exercée par Tel-Aviv et les nombreux faucons qui l’entourent.

«Politico» décrit comment ces derniers exercent une pression constante sur Trump pour qu’il décide de frapper, se heurtant ainsi au mouvement Maga, dont les membres cherchent à le dissuader de céder à cette tentation.

Parmi les nombreux opposants à l’attaque, Politico cite Tucker Carlson, un influent animateur, mais surtout le vice-président J. D. Vance, sans doute l’esprit le plus lucide de l’entourage du président.

Mais le mouvement Maga, malgré les apparences, compte très peu de représentants au sein de l’administration américaine, largement dominée par les néoconservateurs et d’autres personnalités sensibles aux pressions. Parmi les faucons, on trouve par exemple le commandant du Centcom, le général Michael Kurilla, figure clé de ce scénario tendu, qui entretient des relations très étroites avec Israël.

Il est cité notamment par «Responsible Statecraft», qui commentait hier l’ordre d’évacuation du personnel au Moyen-Orient : «Les observateurs se demandent si le report de dernière minute de l’audience prévue demain au Capitole avec le général Michael Kurilla, commandant du Centcom, a un lien avec la récente actualité».

«Selon Stars & Stripes, l’audition de la Commission sénatoriale des forces armées a été reportée moins de 24 heures avant sa tenue (prévue aujourd’hui). Il est à noter que cela survient le lendemain des déclarations de Kurilla selon lesquelles l’armée était prête à se livrer à une ‘démonstration de force écrasante’ si l’Iran se dote de la bombe et si le président ordonne au Centcom d’agir».

En résumé, les préparatifs d’une nouvelle guerre majeure au Moyen-Orient battent leur plein. Pour plusieurs analystes, forcer l’Iran serait une stratégie pour le contraindre à céder aux exigences pour un démantèlement total de son appareil nucléaire.

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