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Russie : fuite de documents sur l’arsenal nucléaire, cartes et missiles ultraconfidentiels révélés

(Rome, 1er juin 2025). Deux millions de documents classifiés révèlent des détails sur les bases nucléaires russes : des plans, des tunnels, des armes… et même des vannes danoises. Une fuite sans précédent qui pourrait coûter des milliards à la Russie

Des journalistes des médias «Danwatch» et «Der Spiegel» ont réussi à accéder à deux millions de documents top secret qui détaillent les secrets de plusieurs installations nucléaires stratégiques russes. Parmi les informations divulguées figurent les plans de la base de «Yasny», où sont déployés les missiles «Avangard», incluant même la localisation des toilettes, les cartes des tunnels et les systèmes de sécurité des caméras de surveillance. Il semblerait par ailleurs que ces bases (récemment modernisées) regorgent de produits danois, et que les entreprises «Danfoss», «Grundfos» et «Rockwool» aient été impliquées dans la modernisation par la Russie de deux bases nucléaires de premier plan, écrit Federico Giuliani dans le quotidien italien «Il Giornale».

Les secrets des bases russes

Si l’information est confirmée, il s’agirait de la plus importante fuite de renseignements de l’histoire de l’armée russe, avec pour conséquence l’obligation pour le Kremlin de reconstruire de toutes pièces une partie de son infrastructure nucléaire (pour un coût potentiel de plusieurs milliards). La fuite aurait eu lieu suite à des appels d’offres publics, au cours desquels des entrepreneurs auraient accidentellement publié en ligne des fichiers classifiés. Les documents concernent deux des bases nucléaires russes les plus secrètes et les plus hautement surveillées, situées près de la ville de «Yasny». Des plans détaillés des bâtiments et d’autres infrastructures techniques, appartenant à la 13e division de missiles des forces de missiles stratégiques russes, révèlent que de nombreux produits d’entreprises danoises figuraient déjà dans les schémas dès 2009. «Danwatch» et «Der Spiegel», mentionnés précédemment, ont également identifié des produits d’importantes entreprises européennes venant d’Allemagne, de France, d’Italie, des Pays-Bas et de Suisse, tous destinés aux bases de «Yasny».

D’après les documents, les produits vendus aux bases nucléaires étaient très probablement fabriqués par des filiales russes de «Danfoss», «Grundfos» et «Rockwool». Cela signifie qu’ils relèvent du droit russe et ne sont donc pas directement concernées par les sanctions de l’Union européenne imposées en 2014 après l’annexion de la péninsule de Crimée par Moscou.

Une fuite de données majeure

«Jusqu’ici, nous n’avons pu surveiller ces bases que depuis les airs grâce à l’imagerie satellite», a déclaré Hans M. Kristensen, directeur du «Nuclear Information Project» à la Fédération des scientifiques américains. «Désormais, grâce à ces schémas uniques, nous pouvons pour la première fois pénétrer à l’intérieur des bâtiments et aux sous-sols. C’est totalement inédit», a ajouté l’expert.

Les documents révèlent que de nombreuses installations nucléaires ont été démolies et reconstruites avec des infrastructures modernisées au cours de la dernière décennie, incluant des centaines de nouvelles casernes, des centres de commandement et de contrôle, des tours de garde et des tunnels souterrains reliant les bâtiments des bases.

Mark Taylor, expert en droit international, estime que les autorités danoises devraient enquêter sur la responsabilité des entreprises impliquées dans cette affaire. «Ces produits ont non seulement été vendus à l’armée russe, ce qui est déjà assez grave en soi, mais aussi à des bases abritant des armes de destruction massive. Il s’agit clairement d’une circonstance aggravante, car l’usage d’armes nucléaires est strictement réglementée par le droit international», a expliqué Taylor.

Quels produits sont concernés ?

De quels produits s’agit-il ? Par exemple, neuf pompes «Grundfos», des vannes «Danfoss» et de l’isolant «Rockwool» sont utilisés dans l’un des bâtiments de sécurité des bases, équipés d’armes légères et de véhicules blindés de transport de troupes, et reliés à des couloirs souterrains. De même, des produits danois ont été identifiés partout, des tours de garde aux casernes en passant par les postes de traitement.

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