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«Donald Trump rompt les contacts avec Benyamin Netanyahu» : les enjeux d’un bras de fer en coulisses

(Paris, Rome, 09 mai 2025). L’intransigeance totale du Premier ministre Benyamin Netanyahu, qui refuse non seulement de mettre fin à la crise au Moyen-Orient et dans la bande de Gaza, mais aussi de s’asseoir à la table des négociations pour discuter d’une nouvelle trêve, aurait exaspéré le président américain Donald Trump. Selon plusieurs sources relayées par les médias israéliens et américains, Trump aurait décidé même de mettre fin aux communications directes avec Netanyahu. Cet épisode en dit long sur la dégradation des relations entre les deux hommes, depuis le retour du magnat à la Maison Blanche, malgré le soutien inconditionnel que les États-Unis ont apporté à Israël, tant sous Biden que sous Trump, sur les plans diplomatique et militaire, écrit Roberto Vivaldelli dans «Inside Over».

Trump coupe les ponts avec Netanyahu

Les relations entre les deux leaders se seraient détériorées à un tel point que, selon le correspondant de la radio de l’armée israélienne Yanir Cozin, Trump aurait mis un terme aux échanges directs avec le Premier ministre israélien. Cette décision découle de la conviction de Trump que Netanyahu tente de le manipuler. Une situation aggravée par l’attitude du ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, jugée «peu constructive» par l’administration américaine. «Rien n’irrite plus Trump que d’être perçu comme quelqu’un que l’on manipule», déclare une source familière des tensions entre Trump et Netanyahu.

Par ailleurs, Washington déplore l’absence de propositions concrètes de la part du gouvernement israélien sur des dossiers régionaux clés comme l’Iran ou les Houthis du Yémen. Le journaliste Cozin a souligné que le gouvernement israélien n’a pas réussi à proposer une stratégie claire pour Gaza, alimentant encore davantage le mécontentement de Trump.

Pression américaines pour une trêve avec le Hamas

Le quotidien Haaretz rapporte que l’administration Trump exerce une pression croissante sur Israël pour parvenir à un accord avec le Hamas avant la visite régionale du président, prévue le 13 mai 2025. Les États-Unis auraient averti qu’en cas d’absence de coopération, Israël risquait un isolement diplomatique.

L’envoyé spécial de la Maison Blanche, Steve Witkoff, aurait déclaré aux familles des otages que la pression militaire menaçait directement la vie des prisonniers, et que Trump restait déterminé à conclure un accord majeur avec l’Arabie saoudite, avec ou sans l’implication d’Israël. Un haut responsable de la sécurité israélienne a déclaré que toute extension des opérations à Gaza serait reportée jusqu’après la visite présidentielle de Trump et ne serait envisagée que si les négociations sur les otages échouaient, avec des plans pour une opération de grande envergure.

Une voie diplomatique étroite

Le chemin vers un accord semble néanmoins semé d’embûches. Selon le quotidien «Israel Hayom», citant deux sources proches du président, Trump est désormais profondément déçu par Netanyahu. En privé, le président a confié son intention de poursuivre ses objectifs au Moyen-Orient sans attendre Israël. Trump aurait compris que sans guerre, le sort de Netanyahu est politiquement condamné, mais, de son côté, Trump a besoin d’un succès diplomatique significatif, d’autant que les négociations sur l’Ukraine peinent à avancer.

Les conséquences géopolitiques de la rupture Trump-Netanyahu

  1. Affaiblissement du front israélo-américain

La relation personnelle entre Trump et Netanyahu a longtemps été un pilier du soutien inconditionnel des États-Unis à Israël. Un observateur régional explique la rupture actuelle :

  • Érode la cohésion stratégique bilatérale, surtout en pleine guerre à Gaza,
  • Pourrait inciter l’administration Trump à revoir ses lignes rouges sur les opérations militaires israéliennes,
  • Affaiblit Netanyahu sur la scène internationale, où il comptait sur Trump comme un allié indéfectible.
  1. Risque d’isolement diplomatique d’Israël

Trump menace désormais d’avancer seul dans ses négociations avec l’Arabie saoudite, un geste fort :

  • Cela isolerait Israël dans les discussions régionales, notamment sur les accords d’Abraham,
  • Cela donnerait plus de poids à des puissances comme l’Égypte, le Qatar ou la Jordanie dans la médiation avec le Hamas,
  • Israël pourrait être marginalisé dans la reconfiguration régionale post-Gaza.
  1. Renforcement des acteurs tiers (Arabie saoudite, Égypte, Turquie)

L’espace laissé vacant par une désunion Trump-Netanyahu pourrait :

  • Favoriser une montée d’influence de Riyad, qui gagnerait un rôle de pivot dans les négociations,
  • Offrir à la Turquie et au Qatar l’opportunité de peser davantage sur le dossier palestinien,
  • Permettre aux Européens de tenter un retour diplomatique dans la région, bien que limité.
  1. Conséquences internes pour Netanyahou
  • Cette rupture prive Netanyahu d’un levier essentiel pour sa légitimité interne, à un moment où sa popularité est fragile,
  • Si Trump réussit un accord régional sans Israël, cela fragilisera davantage la coalition au pouvoir en Israël,

* En cas d’échec de la trêve, Netanyahou pourrait accroître les opérations militaires à Gaza, dans un réflexe de survie politique.

  1. Effet boomerang pour Trump ?
  • En rompant avec Netanyahu, Trump prend un risque politique, notamment vis-à-vis de son électorat évangélique et pro-israélien,
  • Il doit donc obtenir un succès rapide (comme un accord historique avec Riyad), sous peine de paraître affaibli,
  • Si l’accord échoue, les critiques républicaines pourraient se retourner contre lui, sur fond de rivalités internes.

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