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Arrêté en Grèce, il espionnait les activités de l’OTAN pour le compte de Moscou

(Rome, Paris, 02 mai 2025). Pris en flagrant délit, il s’est défendu en affirmant qu’il ne l’avait pas fait pour de l’argent, mais par affection pour la «mère Russie», un détail qui ne change rien à l’affaire, laquelle concerne la protection des infrastructures critiques dans des zones tout aussi sensibles, comme celle du nord de la Grèce, carrefour d’intérêts multiples liés à plusieurs dossiers interconnectés

Une affaire d’espionnage au port d’Alexandroupolis attire l’attention internationale sur le sol grec, sur fond de tensions géopolitiques et d’éventuelles attaques contre des installations militaires. Le protagoniste est un citoyen géorgien de 59 ans, arrêté en flagrant délit alors qu’il filmait des transferts de matériel de guerre et d’équipements militaires pour le compte des services secrets russes. Il s’est défendu en affirmant ne pas l’avoir commis pour de l’argent, mais par amour pour la «mère Russie», une justification qui ne change rien au fond de l’affaire, centrée sur la défense et la protection d’infrastructures sensibles dans une zone tout aussi stratégique, comme celle du nord de la Grèce, carrefour d’intérêts variés et de dossiers interconnectés, écrit Francesco De Palo dans «Formiche.net».

Peintre en bâtiment et espion

Peintre en bâtiment de profession, l’espion a été interrogé par le procureur de la République. Résident en Grèce depuis plusieurs années, avec de la famille notamment en Crète, il avait auparavant servi dans l’armée russe en Sibérie, où il avait été recruté. L’accusation affirme, qu’habillé en tenu de sport, l’espion s’est rendu près du périmètre de la base, jusqu’à une colline surplombant le port : il tenait un bâton à la main et faisait semblant d’être en randonnée, tout en photographiant les installations militaires de l’OTAN situées près du port grec, une infrastructure très sensible car proche du gazoduc TAP et utilisée par l’alliance atlantique pour déplacer des véhicules et des troupes le long de la frontière orientale de l’UE. Il aurait filmé aussi des véhicules militaires, du matériel et les modes de transport, envoyant le tout via une application cryptée à son recruteur, récemment arrêté en Lituanie pour sa collaboration avec les services secrets du GRU. L’homme risque désormais jusqu’à 10 ans de prison.

Tension maximale

Toute la zone du port d’Alexandroupolis est déjà sous surveillance rapprochée des services de renseignement grecs, en raison de la présence d’une unité américaine de regazéification de GNL, de pipelines (dont la TAP), ainsi que d’unités militaires navales américaines et des pays membres de l’OTAN s’y stationnent régulièrement, tant pour effectuer des exercices que pour la logistique vers le front oriental de l’Europe dans le cadre du conflit en cours en Ukraine. Cela aurait attiré l’attention des grandes puissances étrangères, déjà actives à travers des agences de sécurité dans des villes telles que Xánthi, Kavála, Komotiní, Thessalonique. De plus, le port en question a récemment fait l’objet de rumeurs (démenties par la suite) sur un désengagement américain de processus de privatisation du port, qui semble pourtant toujours d’actualité. En effet, deux grands groupes américains s’intéressent au transport de marchandises.

Les enjeux géopolitiques

Le port en question est reconnu comme une voie alternative et sécurisée au détroit du Bosphore pour le transport des marchandises. Pour cette raison, deux grands groupes, Titan et OB Streem, contrôlés par la société américaine HIG Capital, ont manifesté un vif intérêt pour développer des activités dans la zone terrestre du port, qui constitue aussi un centre énergétique et de transport combiné, avec une zone d’influence qui va au-delà du territoire grec, compte tenu des liens avec la reconstruction de l’Ukraine et le transport de céréales. OB Streem contrôle une dizaine de sociétés de transport en Grèce, mais aussi dans d’autres pays comme la Hongrie et la Moldavie.

Les projets en cours visent non seulement à améliorer les opérations portuaires de fret, mais aussi à développer Alexandroupolis en tant que hub de transport combiné, en lien avec le corridor européen Baltique-Mer Noire-Mer Égée. Il s’agit de travaux d’une valeur de 100 millions d’euros à réaliser dans un délai de cinq ans, y compris le dragage du bassin portuaire jusqu’à 12,5 mètres et un système de contrôle et de surveillance du trafic maritime en mer Égée du Nord, à travers trois «yeux» de surveillance électronique à Alexandroupolis, Maronia et sur l’île de Samothrace.

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