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Moscou rejette l’idée de la proposition américaine de «diviser l’Ukraine comme l’Allemagne après 1945»

(Rome, Paris, 12 avril 2025). L’envoyé spécial de Washington à Kiev a proposé une division du pays envahi en une zone de contrôle russe, une britannique et une française, séparées par une zone démilitarisée

La solution au conflit en Ukraine pourrait être similaire à celle adoptée pour l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, une solution évoquée par l’envoyé de la Maison Blanche à Kiev, Keith Kellogg, dans une interview accordée au «Times». L’homme de Trump en Europe de l’Est, récemment éclipsé par le négociateur Steve Witkoff qui a rencontré le président Vladimir Poutine pour la troisième fois vendredi 11 avril, a déclaré que «l’on pourrait trouver une solution semblable à celle de Berlin après la Seconde Guerre mondiale, avec une zone russe, une zone française et une zone britannique», comme le rapporte «Il Giornale».

«Entre ces zones, se trouveraient les forces ukrainiennes et une zone démilitarisée, mais les États-Unis ne fourniraient pas de troupes au sol», a poursuivi le général. Le poids de cette initiative serait donc supporté par Paris et Londres «soutenus par d’autres pays d’une coalition de volontaires» impliqués «dans une force de sécurisation» à l’ouest du fleuve Dniepr, tandis que l’armée russe resterait positionnée à l’est du fleuve. «On regarde une carte et on crée, faute d’un meilleur terme, une zone de démilitarisation. On accorde à chaque partie 15 kilomètres, soit environ 30 kilomètres au total», a expliqué Kellogg, soulignant que, de cette manière, les forces occidentales «ne constitueraient pas une provocation» pour le Kremlin.

Après la publication de l’interview, de nombreuses critiques ont été émises contre la position de l’envoyé spécial, certains estimant que sa proposition constituait un véritable démembrement du pays envahi. Kellogg a aussitôt réagi dans un message publié sur X, affirmant que le «Times» avait déformé ses propos. «Je faisais référence à une force de résilience post-cessez-le-feu destinée à soutenir la souveraineté de l’Ukraine», a-t-il écrit. «En évoquant la division, je faisais référence aux zones de responsabilité d’une force alliée (sans troupes américaines). Je ne parlais pas d’une partition de l’Ukraine».

L’idée a cependant été immédiatement rejetée par Moscou. «Le maintien d’une zone militarisée en Ukraine, et la formation d’éléments radicalisés sont l’une des possibilités de gel du conflit qui pourrait ensuite conduire à un nouvelle escalade», a déclaré l’ambassadeur du Kremlin, Rodion Miroshnik. «Maintenir une influence sur ce territoire, y compris celui militarisé, sans créer de zone démilitarisée, suscite de sérieuses inquiétudes à court terme. Le temps nécessaire au régime de Kiev pour panser ses plaies pourrait être très court».

La proposition de Kellogg survient à un moment où les négociations pour résoudre la guerre semblent être au point mort. Les Russes poursuivent leur offensive dans l’est de l’Ukraine et le président Donald Trump s’est dit «frustré» par le fait que Poutine ne montre toujours pas la moindre volonté d’accepter une proposition de cessez-le-feu.

Dans ce contexte, même la soi-disant «Coalition des volontaires», parrainée par le Royaume-Uni, est restée inactive sans prendre aucune mesure concrète, et l’Europe, exclue de la table des négociations directes entre Washington et Moscou, peine à se faire une place en tant qu’acteur de poids dans la discussion visant à mettre fin au conflit.

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