(Roma, Paris, 09 avril 2025). L’Union européenne se prépare à riposter aux nouveaux droits de douane annoncés par le président américain Donald Trump en adoptant des mesures de rétorsion ciblées d’une valeur d’environ 22,1 milliards d’euros. C’est ce qui ressort d’un document interne consulté par «Politico».
La Commission européenne propose d’imposer des droits allant jusqu’à 25 % sur une large gamme de produits agricoles et industriels, frappant des secteurs stratégiques pour les États-Unis, notamment ceux fortement implantés dans les États républicains.
Le paquet de mesures sera soumis au vote des pays membres ce mercredi et, sauf surprise, devrait être approuvé sans opposition majeure.
Les mesures entreront en vigueur en trois phases :
- À partir du 15 avril, les droits de douane seront rétablis sur les produits déjà touchés en 2018, tels que les canneberges et le jus d’orange ;
- À partir du 16 mai, de nouveaux tarifs douaniers seront introduits sur l’acier, la viande, le chocolat blanc et le polyéthylène ;
- À compter du 1er décembre, ce sera le tour des amandes et du soja.
D’après «Politico», jusqu’à 13,5 milliards de dollars d’exportations en provenance des États républicains seraient affectées par les mesures européennes. En tête de liste figure le soja, emblème de l’agriculture américaine, dont 82,5% des exportations vers l’UE proviennent de la Louisiane, l’Etat du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson.
Outre le soja, Bruxelles cible également :
- La viande bovine (Kansas, Nebraska) ;
- La volaille (Louisiane) ;
- Les cigarettes (Floride) ;
- Le bois (Caroline du Nord, Géorgie, Alabama) ;
- Les pièces détachées automobiles (Michigan), ainsi que des produits plus «de niche» comme :
- La crème glacée (Arizona) ;
- Les mouchoirs (Caroline du Sud) ;
- Les cravates (Floride) ;
- Les machines à laver (Wisconsin) ;
- Les pâtes (Floride et Caroline du Sud) ;
- Et la lingerie (Ohio, Kentucky).
Le whisky, initialement inclus, a été retiré de la liste finale après la pression de la France, de l’Italie et de l’Irlande.
La riposte européenne s’inscrit dans un bras de fer commercial plus large : la Chine et le Canada ont eux aussi adopté des mesures de rétorsion contre les États-Unis. Au total, environ 90 milliards de dollars d’exportations américaines sont actuellement visés par des sanctions commerciales.
Bruxelles, tout en maintenant une position ferme, a laissé la porte ouverte aux négociations en proposant un régime de droits de douane nuls sur une série de biens industriels. Mais pour Trump, l’offre est insuffisante : le président a exigé que l’UE achète 350 milliards de dollars de produits énergétiques américains pour rééquilibrer le déficit commercial. En dernier recours, l’UE pourrait actionner son «bazooka commercial» pour cibler les services américains, une mesure qui divise cependant les Etats membres.