(Rome, Paris, 28 mars 2025). Pour la première fois depuis l’entrée en vigueur de la trêve au Liban il y a quatre mois, Israël a frappé le sud de Beyrouth, bastion historique du Hezbollah, en représailles à deux attaques aux missiles ce matin. L’un des missiles a été intercepté par l’armée israélienne, tandis que l’autre est tombée avant d’atteindre la frontière, rapporte le quotidien «Il Tempo».
Déjà samedi dernier, deux missiles avaient été lancés depuis le sud du Pays du Cèdre en direction d’Israël, déclenchant une réaction de Tel-Aviv, qui avait bombardé plusieurs sites et menacé de frapper également la capitale.
Cette fois, la menace s’est concrétisée. Tsahal a en effet pris pour cible un «site utilisé pour stocker des drones de l’unité aérienne du Hezbollah» à Dahieh, après avoir averti les habitants proches du bâtiment, les exhortant à «évacuer immédiatement». Des raids ont également été menés dans le sud du Liban, à Kfar Tebnit, où trois personnes ont perdu la vie et 18 autres ont été blessées, dont trois enfants, et à Nakoura, où est basée la FINUL (la Force intérimaire des Nations unies au Liban).
«Nous ne permettrons aucun tir sur nos communautés, nous continuerons à faire respecter le cessez-le-feu par la force, nous frapperons n’importe où au Liban contre toute menace contre l’État d’Israël, et nous veillerons à ce que tous nos résidents du nord retournent sains et saufs dans leurs foyers», a commenté plus tard le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. «S’il n’y a pas de paix à Kiryat Chmona et dans les communautés de Galilée, il n’y aura pas de paix à Beyrouth», a martelé le ministre de la Défense Israël Katz.
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Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a pour sa part exhorté le commandant en chef de l’armée «à agir rapidement pour identifier les auteurs des tirs de missiles, irresponsables, qui menacent la stabilité du Liban» et les arrêter. Le chef du gouvernement a également dénoncé «une escalade dangereuse», avec «des attaques israéliennes visant des civils et des zones résidentielles sûres». De son côté, le Hezbollah a «confirmé son respect de l’accord de cessez-le-feu et nié toute implication dans les tirs de missiles lancés aujourd’hui depuis le sud du Liban».
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Un rassemblement organisé par le mouvement pro-Iran dans le sud de la capitale a été annulé par mesure de précaution.
Depuis l’Elysée, où il est en visite, le Président libanais Joseph Aoun a déclaré qu’une enquête serait menée, mais tout indique que «le Hezbollah n’est pas à l’origine des tirs de missiles». «Nous n’acceptons pas que quiconque utilise le Liban comme base» pour ces attaques, a-t-il insisté.
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Pour le président français Emmanuel Macron, les raids israéliens sur le Liban sont «inacceptables» et «violent le cessez-le-feu», servant ainsi «le jeu du Hezbollah». Selon les termes de l’accord entré en vigueur le 27 novembre, Israël était censé achever son retrait du Liban avant le 18 février, après un premier report de la date butoir en janvier.
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Cependant, Tsahal a maintenu des soldats dans cinq points jugés «stratégiques». L’accord stipulait également que le mandataire de Téhéran, le Hezbollah, retire ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière israélienne, et démantèle toute infrastructure militaire restante dans le sud, tandis que l’armée libanaise devait s’y déployer.