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Keir Starmer promet 1,6 milliard pour permettre à Kiev l’achat de missiles. Von der Leyen appelle à «réarmer l’Europe»

(Rome, 02 mars 2025). Le Premier ministre britannique clôture le sommet en confirmant l’engagement de la «coalition des volontaires»

La journée du grand sommet sous la présidence de Sir Starmer touche à sa fin. Depuis les premières lueurs de l’aube, l’un des principaux résultats de cette nouvelle concertation européenne est que Londres et Paris travaillent ensemble à l’élaboration d’un plan visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, a déclaré Keir Starmer à la BBC.

Dès l’ouverture du sommet, écrit Francesca Salvatore dans «Il Giornale», le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a qualifié dans une interview accordée à «Krasnaya Zvezda» l’idée de Macron et Starmer, notamment celle de la présence des forces de maintien de la paix européennes en Ukraine, d’«arrogante». Il a ensuite accusé les dirigeants européens d’avoir piétiné les accords de Minsk : selon Lavrov, les voisins occidentaux n’avaient jamais l’intention de les mettre en œuvre. Selon lui, après avoir armé Kiev, ils ont porté au pouvoir d’abord Petro Porochenko puis Volodymyr Zelensky, évoquant son «passage» d’homme de paix à un «pur nazi».

Les réactions des dirigeants européens

«Nous devons transformer l’Ukraine en un hérisson d’acier indigeste pour d’éventuels envahisseurs», a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’issue du sommet de Londres, réitérant le soutien de l’Europe à Kiev. Il s’agit, souligne le Guardian, de la même terminologie utilisée par Boris Johnson il y a quelques jours. Selon Von de Leyen, «l’Europe a besoin d’urgence d’être réarmée» et la Commission proposera un plan en ce sens au Conseil européen du 6 mars.

Le chancelier allemand sortant Olaf Scholz a qualifié la réunion de «très précieuse», soulignant qu’il s’agissait d’une occasion cruciale de réaffirmer le soutien européen à l’Ukraine, qu’il a décrite comme une «victime de l’agression russe». Scholz a également souligné l’importance pour Kiev de jouer un rôle actif dans les négociations sur son avenir. Interrogé sur l’absence de Friedrich Merz, son probable successeur au poste de chancelier, le dirigeant social-démocrate a clairement indiqué que les deux hommes entretenaient un dialogue constant.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a qualifié la réunion d’«historique», soulignant le moment critique que traverse l’Europe. Il a réitéré qu’il n’y avait aucun doute sur l’identité de l’agresseur et sur le fait que l’Europe soutenait l’Ukraine, mais a insisté sur la nécessité d’un grand effort financier en matière de défense. Rappelant que la Pologne est le pays de l’OTAN qui consacre la plus grande part de son PIB (4,7%) aux dépenses militaires et a salué l’engagement croissant des autres Etats. Il a ensuite exclu une rupture entre l’Europe et les États-Unis, affirmant que les relations transatlantiques doivent rester solides. Concernant le sommet européen de la semaine prochaine, il s’est dit «prudemment optimiste», convaincu qu’il enverrait un message clair à Moscou : l’Occident ne cédera pas au chantage russe.

La conférence de presse de Starmer

Lors de la conférence de presse qui a suivi le sommet, Starmer a rejeté l’idée selon laquelle les États-Unis étaient désormais un «allié peu fiable», affirmant qu’ils étaient un allié fiable depuis de très nombreuses décennies et qu’ils continuaient de l’être, et que les discussions d’aujourd’hui étaient basées sur la collaboration entre l’Europe et les États-Unis. Les dirigeants se sont mis d’accord pour se réunir à nouveau prochainement afin de maintenir l’élan de leurs actions et poursuivre la mise en œuvre de leur plan commun.
Starmer a confirmé que les dirigeants avaient convenu de continuer à fournir une aide militaire et d’accroître la pression économique sur la Russie, et qu’ils insisteraient pour que l’Ukraine participe à toute négociation de paix. Il a confirmé son intention de former «une coalition de volontaires» pour faire respecter tout accord de paix, le Royaume-Uni étant prêt à jouer un rôle de premier plan.

Quant à l’engagement direct du Royaume-Uni, en plus du prêt de 2,2 milliards de livres sterling annoncé hier, Starmer ajoute désormais un financement supplémentaire de 1,6 milliard de livres sterling destiné à l’exportation d’armements britanniques. Cela permettra à l’Ukraine «d’acheter plus de 5.000 missiles de défense aérienne, qui seront fabriqués à Belfast, créant ainsi des emplois dans notre brillant secteur de la défense». «Cela sera crucial pour protéger les infrastructures critiques dès maintenant et renforcer l’Ukraine dans l’objectif d’une paix durable», a-t-il déclaré. Et Starmer d’ajouter : «il faut tirer les leçons des erreurs du passé. Nous ne pouvons pas accepter un accord aussi fragile que celui de Minsk, que la Russie peut facilement violer».

Starmer a précisé que «plusieurs pays» se sont dits prêts à rejoindre la coalition des volontaires, tout en laissant à ces états le soin d’annoncer leur participation. Il dit comprendre «la position d’autres pays qui pourraient ne pas se sentir enclins à contribuer de cette manière», mais estime qu’il est nécessaire «d’avancer» et de «donner un nouvel élan» aux pourparlers de paix. Le Premier ministre britannique a également affirmé que tout accord final «devra inclure la Russie», tout en précisant que Moscou ne devrait pas avoir le droit de dicter les garanties de sécurité offertes à l’Ukraine.

La rencontre Zelensky-Meloni

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky après son entretien bilatéral avec Starmer. La rencontre a été confirmée par le Palazzo Chigi à travers un communiqué officiel. Au cours de cette rencontre en tête à tête, le soutien inconditionnel de l’Italie à l’Ukraine et à son peuple a été réaffirmé, ainsi que l’engagement commun avec les alliés européens et occidentaux et les États-Unis pour parvenir à une paix juste et durable.

Zelensky, pour sa part, a souligné l’importance d’élaborer un plan d’action commun pour mettre fin au conflit par une paix stable et équitable. Il a réitéré que seul le président russe Vladimir Poutine a intérêt à prolonger le conflit, tandis que le reste du monde souhaite une fin rapide de la guerre. Pour l’Ukraine, la paix doit s’accompagner de solides garanties de sécurité. Le président ukrainien a également exprimé sa gratitude envers l’Italie pour son soutien constant.

Accord bilatéral Meloni-Starmer

Meloni a insisté sur la nécessité de maintenir l’unité de l’Occident, d’éviter les divisions entre les pays alliés, et a indiqué le rôle crucial que le Royaume-Uni et l’Italie peuvent jouer pour favoriser la coopération internationale. Starmer a confirmé l’importance de cette collaboration, réitérant que les deux nations partagent des priorités stratégiques communes.

Les discussions bilatérales ont mis en avant les progrès réalisés en matière d’énergie, de défense et de sécurité. Meloni a souligné l’urgence d’une réponse plus efficace face à la migration illégale et au trafic d’êtres humains. Elle a réaffirmé l’engagement de l’Italie pour une paix durable et le renforcement de l’unité euro-atlantique. Les deux dirigeants ont confirmé leur soutien au Global Combat Air Programme (GCAP), une collaboration entre l’Italie, le Royaume-Uni et le Japon pour développer un avion de chasse de sixième génération.

Starmer, à travers un post sur X, a réaffirmé l’importance de la coopération entre les deux pays, rappelant les progrès réalisés dans la lutte contre les trafiquants de migrants et dans la protection des frontières, et a réitéré le soutien des deux pays à l’Ukraine.

Emmanuel Macron appelle «au calme et au respect»

Le président français a invité ses homologues, américain et ukrainien, «au calme, au respect, et à la reconnaissance», dans une interview accordée à La Tribune Dimanche, au Parisien, à Ouest-France et au Journal du Dimanche. Le Président français assure avoir échangé avec les deux chefs d’Etat depuis leur brouille. «Il est préférable d’avoir une discussion qui soit stratégique et confidentielle pour avancer et de lever les malentendus entre les gens, mais pas devant témoins», a-t-il souligné.

Tusk soutient Meloni, Starmer se sent proche des pays baltes

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a exprimé son «soutien» à la proposition de la Première ministre Giorgia Meloni d’organiser un sommet entre les États-Unis et l’UE pour aplanir les divergences suite à l’affrontement ayant eu lieu dans le Bureau ovale entre Trump et Zelensky. «Je soutiens l’initiative de Giorgia Meloni d’organiser un sommet entre l’Europe et les Etats-Unis. Aujourd’hui, cette initiative me paraît très nécessaire et il est positif que ce soit Meloni l’ait proposée à Trump, notamment en raison de leurs relations qui sont très bonnes», a déclaré Tusk avant de monter dans l’avion qui le conduisait à Londres.

Avant le sommet, Starmer a tenu une vidéoconférence avec le président estonien Alar Karis, le Premier ministre letton Evika Siliņa et le président lituanien Gitanas Nausėda, quelques heures avant le sommet euro-atlantique. La réunion s’est toutefois déroulée dans une atmosphère tendue, les trois républiques baltes, connues pour leur position intransigeante envers Moscou et leur soutien inconditionnel à Kiev, n’étant pas incluses dans la réunion officielle.

Pour apaiser la polémique, Starmer a tenté de les rassurer, en réitérant (comme le rapporte une note publiée par Downing Street) le rôle central de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie en tant que «partenaires clés» du Royaume-Uni, non seulement au sein de l’OTAN mais aussi au sein de la «Joint Expeditionary Force», malgré leur absence de la réunion principale.

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