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Le PKK obéit à Öcalan : début du cessez-le-feu avec la Turquie

(Rome, 01 mars 2025). «Afin de favoriser la concrétisation de l’appel du leader Apo (surnom d’Öcalan) à construire une paix durable et une société démocratique, nous annonçons un cessez-le-feu avec effet immédiat», a déclaré le comité exécutif

Les guérilleros du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont déclaré une trêve avec la Turquie, répondant ainsi à un appel crucial de leur leader détenu, Abdallah Öcalan, qui a exhorté le mouvement à se dissoudre. «Pour aider à réaliser l’appel du leader Apo (le surnom d’Öcalan) à construire une paix durable et une société démocratique, nous annonçons un cessez-le-feu avec effet immédiat», a déclaré le comité exécutif du PKK dans un communiqué diffusé par l’agence de presse ANF, comme le rapporte Francesca Salvatore dans «Il Giornale».

La démobilisation du PKK en échange de quoi ?

Une démobilisation qui, cependant, a un prix. Depuis son quartier général à Qandil, en Irak, le PKK a déclaré que les paroles de son chef étaient un signe qu’«un nouveau processus historique a commencé au Kurdistan et au Moyen-Orient». L’utilisation explicite du terme «Kurdistan», dans un communiqué officiel, revêt une signification politique qui façonnera sans aucun doute l’avenir proche.
Tout en déclarant qu’il «respectera et mettra en œuvre les exigences de l’appel de notre part», le PKK a souligné que «la politique démocratique et les fondements juridiques doivent également être propices au succès». Le groupe a également exigé que «Apo» soit libéré de la prison d’Imrali, située en mer de Marmara, pour diriger et organiser personnellement un congrès du parti qui conduirait les militants à déposer les armes. La balle est désormais dans le camp d’Ankara.

L’arrêt des hostilités annoncé par le PKK pourrait représenter un tournant décisif pour le gouvernement turc, tandis que le président Recep Erdogan et son allié Bahçeli y voient une opportunité historique. Certains observateurs spéculent que cette initiative vise à obtenir le soutien de la communauté kurde pour prolonger le pouvoir d’Erdogan. Le PKK souligne toutefois que pour que la trêve soit efficace, un cadre politique et juridique adéquat est essentiel. Pendant ce temps, les combattants kurdes en Syrie affiliés à l’organisation, ont clairement fait savoir que le cessez-le-feu ne concernait pas leur situation, ce qui laisse planer l’incertitude sur l’évolution du conflit dans la région.

L’appel accueilli par Erdogan

Le lendemain de l’appel d’Öcalan, le président turc a salué le geste, le qualifiant d’«opportunité historique» pour la paix. Malgré cela, il a réitéré qu’il «surveillerait de près» le mouvement pour s’assurer que les pourparlers visant à mettre fin à l’insurrection aboutissent à une «conclusion positive». «Lorsque la pression du terrorisme et des armes sera éliminée, l’espace de la politique dans la démocratie s’élargira naturellement», a promis Erdogan. Les enjeux internationaux sont aussi nombreux : le PKK, défini comme groupe terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne, mène depuis 1984 une insurrection armée dans le but de créer une patrie pour les Kurdes, qui représentent environ 20% des 85 millions d’habitants de la Turquie. Depuis l’emprisonnement d’Öcalan en 1999, plusieurs tentatives ont été faites pour mettre fin aux violences, qui ont causé la mort de plus de 40.000 personnes.

Le nœud des autres groupes affiliés au PKK

Les précédentes tentatives de paix avec le PKK s’étaient soldées par des échecs, la dernière remontant à 2015. Le PKK a déclaré hier qu’il était prêt à convoquer un congrès souhaité par Öcalan, mais «pour que cela se produise, un environnement sûr et approprié doit être créé» et Öcalan «doit personnellement le diriger et l’encadrer pour garantir le succès du congrès». L’Irak, pays voisin de la Turquie, a salué l’appel, estimant qu’il s’agissait d’un «pas positif et important vers la réalisation de la stabilité dans la région».

Omer Celik, porte-parole du parti au pouvoir du président Erdogan, a toutefois formulé une demande supplémentaire : il a déclaré que tous les groupes associés au PKK devraient se conformer à l’appel. «Qu’il s’appellent PKK, YPG ou PYD, toutes les ramifications de l’organisation terroriste doivent s’auto-dissoudre», a déclaré Celik, faisant référence aux Unités de protection du peuple kurde syrien (YPG) et à leur aile politique.

«Nous faisons référence à la liquidation complète de l’organisation et de ses éléments en Irak et en Syrie». Et Celik d’ajouter : «Au point où nous en sommes aujourd’hui, nous déclarons que le temps est venu d’atteindre l’objectif d’une Turquie libérée du terrorisme».

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