(Rome, 27 février 2025). Des avions de chasse nucléaires français déployés sur des bases aériennes allemandes. Paris envisage un plan de guerre froide et envoie un message à Poutine, à Trump et même aux alliés européens de l’OTAN
La France envisage d’envoyer en Allemagne des avions de chasse équipés de missiles nucléaires à moyenne portée. Ainsi, dans un climat de guerre froide, l’Elysée réactive sa Force de Frappe pour rappeler qu’il dispose d’une véritable dissuasion autonome face aux menaces du Kremlin et de le dissuader de toute mauvaise intention. Le rapport publié par le journal britannique «The Telegraph» affirme qu’Emmanuel Macron serait «prêt à mettre à disposition des chasseurs» dotés de capacités nucléaires pour ne pas laisser l’Allemagne et l’Europe de l’Est «sans protection» si l’Amérique de Donald Trump venait à se retirer.
Le fait que la France, seule puissance nucléaire «souveraine» dans l’Union européenne, envisage de déployer des avions de combat Dassault Rafale armés de missiles de croisière préstratégiques équipés de charges nucléaires, rappelle un mauvais souvenir. Celui des chasseurs-bombardiers Panavia Tornado armés de bombes nucléaires tactiques qui étaient toujours en alerte sur les pistes des bases aériennes de l’Allemagne sous contrôle de l’OTAN. A l’époque, des tireurs d’élite, du moins c’est ce qu’on disait, montaient toujours la garde pour éviter tout décollage non autorisé. Aujourd’hui, la situation a évolué, mais le spectre de l’escalade nucléaire en Europe déplace toujours l’attention vers les risques d’escalade réelle, nous explique Davide Bartoccini dans «Il Giornale».
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Si Paris envisage sérieusement d’engager une partie de ses Forces Aériennes Stratégiques, centrée sur des chasseurs Rafale qui, appuyés par des ravitailleurs C-135, peuvent lancer à tout moment des missiles ASMP-A, la raison pourrait être simple : rappeler au Kremlin mais surtout aux membres européens de l’Alliance atlantique, qui est réellement capable de se défendre ou de mener une riposte nucléaire décisive.
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Les préoccupations de l’Allemagne
Le chancelier allemand Friedrich Merz, fraîchement vainqueur des élections en Allemagne, a déclaré sans détour : «Nous devons discuter avec les Britanniques et les Français, pour voir si leur protection nucléaire peut aussi s’étendue à nous. C’est une question que le gouvernement français a déjà soulevée à plusieurs reprises auprès du gouvernement allemand», et cette préoccupation traduit une tendance de l’Europe à prendre ses distances avec les dossiers stratégiques sensibles, trop longtemps laissés sous le parapluie nucléaire des États-Unis.
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Le «Telegraph» a rapporté qu’un responsable français a confirmé que le déploiement potentiel d’avions de chasse français en Allemagne était un message adressé à Vladimir Poutine et à sa Fédération de Russie.
Actuellement déployées en Europe, des bombes B61 américaines, soumises au concept de «double clé» qui impose un accord conjoint entre les États-Unis et le pays hôte avant toute utilisation d’une arme tactique. Ces bombes sont déployées en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie.
Les chasseurs Rafale de la Force de frappe
La «force de dissuasion» française, unique en Europe avec celle du Royaume-Uni, repose sur une triade nucléaire armée d’environ 300 têtes nucléaires pouvant être lancées :
- Par la mer via 4 sous-marins nucléaires lanceurs de missiles balistiques de classe «Le Triomphant»
- Par les airs grâce aux chasseurs Dassault Rafale en version «B», ainsi que de ceux embarqués sur le porte-avions Charles De Gaulle de la version «M»
- Les chasseurs Dassault de la Force de frappe de 4e génération ont été conçus pour répondre aux besoins de l’armée française
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Les chasseurs avancés de quatrième génération Dassault Rafale peuvent être armés de missiles de croisière à moyenne portée ASMP-A, capables de transporter une charge thermonucléaire d’une capacité de 300 kt, soit quinze fois la puissance de la bombe larguée sur Hiroshima. Ce missile de croisière, qui atteint une vitesse supersonique de plus de Mach 3, est considéré comme une arme de frappe à distance intermédiaire, avec une portée maximale d’environ 500 kilomètres à partir des coordonnées de lancement.
Selon un expert français, ce déploiement potentiel souligne une réalité stratégique : dans un contexte d’incertitude grandissante, la France entend affirmer son rôle de garant de la sécurité nucléaire en Europe.