(Rome, 14 février 2025). La conversation entre Trump et Poutine marque un tournant pour l’Ukraine et pour l’Europe. Macron et Scholz prônent une UE plus autonome et plus affirmée. Alors que Zelensky prévient qu’il n’y aura pas d’accord sans Kiev
L’appel téléphonique entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine a marqué un véritable tournant. Non seulement en ce qui concerne le conflit en Ukraine, mais aussi pour l’avenir des relations transatlantiques. Dans les capitales du Vieux Continent, y compris à Kiev, deux choses sont désormais devenues très claires pour tout le monde : la première est que l’action de Washington en matière de politique étrangère sera plus axée sur ses propres intérêts que par le passé, comme en témoigne la dynamique de la conversation téléphonique entre la Maison Blanche et le Kremlin ; la seconde est que la solidarité et l’engagement des États-Unis envers leurs partenaires de l’autre côté de l’Atlantique seront également caractérisés par la logique transactionnelle si chère au nouveau dirigeant américain, écrit Duccio Fioretti dans le média «Formiche.net».
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Une nouvelle réalité qui s’incarne dans les propos tenus par certains dirigeants européens. A commencer par le président français Emmanuel Macron, qui, dans une interview à l’Élysée, a qualifié la présidence Trump d’«électrochoc» pour l’Europe, lançant un appel vibrant à «montrer ses muscles» tant sur le plan économique que sur celui de la défense. «C’est le moment où l’Europe doit prendre des mesures concrètes. «Elle n’a pas le choix», a déclaré Macron, suggérant également que les États européens devraient donner une réponse ferme au président américain : «Trump dit à l’Europe que c’est à vous de porter le fardeau. Et moi, je dis que c’est à nous de l’assumer».
«Aujourd’hui, nous devons faire face à la réalité de ce que les actions et les annonces du gouvernement américain signifient pour l’Ukraine, pour l’Europe et pour le monde», a pour sa part déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz, faisant écho à son homologue français. «Ne pas agir mettrait en danger la sécurité de notre pays et de notre continent».
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Les deux hommes politiques français et allemands ont également commenté la question du conflit en cours en Ukraine. La réaction de Macron a été très proactive, affirmant que Trump avait créé une «fenêtre d’opportunité» pour une solution négociée, dans laquelle «chacun doit jouer son rôle». Il a notamment souligné que le rôle des États-Unis était de «relancer le dialogue», mais qu’il appartiendra «uniquement» à Zelensky de discuter des «questions territoriales et de souveraineté», et qu’en revanche «il appartient à la communauté internationale, avec un rôle spécifique pour les Européens, de discuter des garanties de sécurité et, plus généralement, du cadre de sécurité pour l’ensemble de la région. C’est là que nous avons un rôle à jouer». Le chef de l’exécutif s’est montré plus péremptoire : «Soyons clairs, la paix doit durer sur le long terme. Elle doit garantir la souveraineté de l’Ukraine. C’est pour cette raison que nous ne soutiendrons jamais une paix imposée. Nous n’accepterons pas non plus une solution qui conduirait à un découplage de la sécurité européenne et américaine. Une seule personne en tirerait profit : le président Poutine».
La réaction du dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky aux propos de Donald Trump a été quasi immédiate. S’adressant aux journalistes, il a souligné que l’Ukraine «ne pourra accepter aucun accord» conclu sans sa participation, et qu’il était essentiel que «tout ne se passe pas selon le plan de Poutine, qui veut tout faire rendre ses négociations bilatérales». Zelensky sera présent en personne à la Conférence de Munich sur la sécurité, où une rencontre est prévue avec le vice-président américain J.D. Vance, avec qui il aura l’occasion de discuter en face à face des positions respectives de leurs gouvernements sur le conflit en Ukraine.
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Pendant ce temps, le conflit n’a pas cessé, ni sur le front ni à l’arrière. Il y a quelques heures, un drone russe s’est écrasé sur le sarcophage protecteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, faisant craindre d’éventuelles fuites radioactives, qui, à l’heure actuelle, ne semblent toutefois pas avoir été détectées. «Les niveaux de radiation à l’intérieur et à l’extérieur restent normaux et stables», a déclaré l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).