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Liban : en participant au gouvernement de Nawaf Salam, le parti des Forces Libanaises veut sauver le Liban et le Sud

(Roma, 05 février 2025). Après de longues tractations et des manœuvres musclées, le Premier ministre désigné Nawaf Salam s’apprête à annoncer son gouvernement, attribuant au moins quatre ministères au parti des Forces Libanaises, dont celui des Affaires étrangères. Charbel Sayah, étudiant en droit et militant politique libanais à Paris nous livre son point de vue

Dans un contexte régional en mutation rapide et face à des défis existentiels menaçant la souveraineté du Liban, la décision du parti des Forces Libanaises (FL) d’accepter le ministère des Affaires étrangères dans le gouvernement de Nawaf Salam s’impose comme un acte de responsabilité et de clairvoyance. Loin d’être une simple manœuvre politique, cette démarche traduit une vision stratégique visant à protéger l’équilibre national et à éviter que le Sud du Liban ne devienne un foyer de conflits incontrôlés.

Une lecture géopolitique avisée

La formation du gouvernement actuel s’est articulée autour d’un accord fondamental : l’attribution du ministère des Finances publiques au duo chiite Hezbollah-Amal, facilitée par Nawaf Salam. Ce compromis, bien que critiqué par certains, était inévitable et déjà acté. Dès lors, les FL se sont retrouvées face à un dilemme : rester en dehors du gouvernement et se concentrer sur les élections de 2026 ou entrer dans l’exécutif pour influencer les décisions majeures.

Le choix de participer s’est imposé comme la seule option viable pour contrer les projets régionaux menaçant la stabilité du Liban, notamment au Sud. Le parti a su percevoir les dynamiques émergentes, en particulier la convergence arabo-américaine menée par Mohammed ben Salmane (MBS) et Donald Trump, dont les implications stratégiques dépassent largement le cadre libanais.

Empêcher un scénario à la Gaza : un devoir national

L’un des enjeux majeurs derrière cette décision est la crainte d’un plan similaire à celui envisagé pour Gaza, où les récentes évolutions suggèrent des tentatives de remodelage géopolitique sous influence internationale. La sécurité du Sud du Liban, toujours fragile et exposée aux tensions régionales, ne peut être laissée aux aléas des rapports de force extérieurs.

Les FL ont donc fait le choix de l’engagement plutôt que de l’attentisme, refusant de voir le Sud du Liban devenir un champ de bataille pour des intérêts étrangers. En intégrant le gouvernement et en prenant en charge la diplomatie libanaise, elles placent le Liban au cœur des discussions internationales, veillant à ce qu’il soit un acteur et non un simple objet des tractations globales.

L’application des accords de cessez-le-feu et le renforcement des forces légitimes

L’intégration des FL au gouvernement n’est pas seulement un geste politique, c’est aussi une opportunité historique pour rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. À travers leur gestion du ministère des Affaires étrangères, les FL peuvent jouer un rôle clé dans l’application stricte des résolutions internationales 1559, 1680 et 1701 et des accords de cessez-le-feu entre le Liban et Israël, garantissant ainsi une stabilité durable dans le Sud et évitant toute nouvelle escalade militaire.

Par ailleurs, leur engagement dans ce gouvernement ouvre la voie à l’imposition des Forces Armées Libanaises (FAL) sur tout le territoire national, une revendication essentielle pour restaurer la souveraineté de l’État libanais face aux milices et aux ingérences étrangères. Cette vision répond aux aspirations d’un Liban unifié sous une seule autorité légitime, mettant fin à la fragmentation du pouvoir et renforçant l’influence de l’État dans la gestion des affaires sécuritaires et stratégiques du pays.

Un pari sur l’avenir du Liban

Cette participation au gouvernement ne se limite pas à une gestion ministérielle ordinaire : elle s’inscrit dans une stratégie de long terme visant à stabiliser le pays et à préparer le terrain pour une nouvelle ère de réformes et de prospérité. Loin des calculs partisans, cette décision témoigne d’un sens du devoir et d’un engagement renouvelé envers le peuple libanais.

Ainsi, en acceptant de prendre le ministère des Affaires étrangères, les FL démontrent une fois de plus leur capacité à prendre des décisions courageuses dans l’intérêt supérieur du pays. Elles affirment leur rôle historique de rempart contre les menaces extérieures et intérieures, consolidant ainsi l’indépendance du Liban et la protection du Sud face aux projets destructeurs qui auraient pu l’anéantir.

Avec cette nouvelle étape, les FL réaffirment leur engagement envers la souveraineté nationale et tracent la voie vers un avenir où le Liban pourra enfin respirer, loin des divisions et des conflits incessants. Encore une fois, elles ont su être à la hauteur des attentes du peuple libanais et de l’histoire.

Par Charbel Sayah, militant politique et étudiant en droit

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