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L’accusation d’Israël fait vaciller la trêve : «des valises de cash pour le Hezbollah»

(Rome, Paris, 01 février 2025). Le Wall Street Journal rapporte la dénonciation d’Israël concernant des mouvements d’argent clandestins qui se seraient déroulés à l’aéroport de Beyrouth

La trêve en vigueur depuis novembre dernier entre Israël et le Hezbollah pourrait être proche du point de rupture. Selon des sources bien au fait rapportées au Wall Street Journal, Tel-Aviv aurait en effet accusé des diplomates iraniens et des citoyens turcs de continuer à transférer des dizaines de millions de dollars au mouvement chiite libanais pro-iranien. L’argent serait dissimulé dans des valises transportées des aéroports de Téhéran et d’Istanbul jusqu’à Beyrouth afin de renflouer les caisses du mandataire iranien, qui a été frappé en 2024 par une série de raids dévastateurs des forces israéliennes.

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Tel-Aviv a déposé sa plainte auprès du comité chargé de superviser l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Hezbollah, qui est composé de représentants de l’Etat hébreu, du Liban, des Etats-Unis, de la France et des Nations Unies, écrit Valerio Chiapparino dans le quotidien «Il Giornale». Un responsable américain a confirmé au quotidien financier que le comité, qui ne statue en aucun cas sur les violations de l’accord, considère les allégations crédibles et a, à son tour, transmis les doléances israéliennes aux autorités de Beyrouth.

Les accords signés prévoient que le Pays du Cèdre sécurise ses points d’entrée et bloque le flux d’armes et de matériel destinés aux miliciens du Hezbollah. Techniquement, les termes de l’accord de cessez-le-feu ne contiendraient pas de dispositions spécifiques concernant les importants transferts d’argent dénoncées par le gouvernement israélien, mais Tel-Aviv, qui ne souhaite pas voir l’organisation paramilitaire se reconstruire, a menacé d’attaquer l’aéroport de la capitale libanaise s’il était utilisé pour acheminer de l’aide au groupe soutenu par Téhéran.

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Behnam Khosravi, diplomate à l’ambassade d’Iran à Beyrouth, a démenti que la République islamique utilise des avions de ligne pour acheminer clandestinement des fonds vers le Liban. Les autorités turques ont également émis des démentis similaires, précisant que les appareils à rayons X de l’aéroport d’Istanbul auraient été capables de détecter la présence d’argent dissimulé.

Les accusations d’Israël semblent trouver confirmation dans une perquisition effectuée début janvier par les autorités libanaises à bord d’un vol de la compagnie Mahan Airlines. Selon le ministère libanais des Affaires étrangères, un diplomate iranien se serait refusé à obtempérer et serait entré dans le pays du cèdre avec deux bagages contenant des documents et de l’argent liquide nécessaires «aux opérations de l’ambassade». L’Iran a commenté l’incident en déclarant que la perquisition mentionnée n’avait jamais eu lieu et que «le malentendu avait été résolu».

Ce n’est un secret pour personne que le Parti de Dieu a besoin de financement pour continuer à opérer. Au cours des combats précédant la trêve, Israël a attaqué plusieurs sites où les miliciens auraient stocké de l’argent et de l’or, détruisant notamment des succursales de la banque Al-Qard al-Hassan, sanctionnée par les États-Unis. Bien que des mécontentements circulent à l’égard du groupe paramilitaire, une source consultée par le Wall Street Journal a déclaré que «le groupe ne traverse pas de crise de liquidités». La même source a toutefois admis que les difficultés de passage de l’aide à travers la Syrie et le renforcement des contrôles à l’aéroport de Beyrouth «limiteront la capacité du Hezbollah à financer la reconstruction».

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Quant au cessez-le-feu, les Israéliens n’ont pas hésité à frapper au cours des deux derniers mois des centaines de cibles liées aux miliciens chiites. De plus, ces dernières heures, un porte-parole de Tsahal a annoncé que, pour la première fois depuis le début de la trêve, le Hezbollah avait lancé un drone en direction d’Israël, qui a été abattu.

Le porte-parole a ensuite adopté un ton menaçant pour avertir que Tsahal ne permettra pas au Hezbollah «de mener des activités terroristes depuis le Liban et agira pour éliminer toute menace contre l’État d’Israël et ses citoyens».

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