(Rome, Paris, 12 janvier 2025). Le sommet de Riyad marque un moment crucial pour la Syrie post-Assad, avec la participation d’acteurs régionaux et internationaux. L’Arabie saoudite joue un rôle central dans la stabilisation du pays, tandis que la communauté internationale discute de son avenir politique et de l’aide humanitaire
Le sommet organisé aujourd’hui à Riyad marque une étape cruciale pour la Syrie après la chute du terrible régime de Bachar al-Assad. La réunion, à laquelle participent les ministres des Affaires étrangères arabes et occidentaux, ainsi que des représentants d’organisations internationales et des Nations Unies, constitue l’occasion de définir la nouvelle configuration diplomatique de la région et le soutien international à la transition syrienne, écrit Luigi Romano dans le quotidien «Formiche.net».
Asaad al Chibani, ministre des Affaires étrangères de la nouvelle administration syrienne, est l’invité spécial, aux côtés de l’envoyé spécial de l’ONU pour le pays Geir Pedersen et de la haute représentante de l’UE pour la politique étrangère, Kaja Kallas. Du côté américain, le département d’Etat a envoyé le sous-secrétaire John Bass, un signal du fort intérêt de Washington pour la stabilisation de la Syrie, ce qui signifie répondre aux attentes des partenaires régionaux et, de facto, commencer à coordonner l’aide humanitaire.
Le sommet s’inscrit dans un cadre plus large d’initiatives diplomatiques régionales, poursuivant le travail initié par le Comité de Contact ministériel sur la Syrie, créé par la Ligue arabe et réuni à Aqaba en décembre dernier. Cet organisme, qui comprend des représentants de l’Arabie saoudite, de la Jordanie, de l’Irak, du Liban, de l’Égypte, des Émirats, de Bahreïn et du Qatar, a réaffirmé la nécessité d’un processus politique inclusif pour la Syrie, basé sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU.
L’Arabie saoudite, déjà en première ligne du soutien aux rebelles pendant la révolution, joue désormais un rôle de premier plan dans la gestion de la crise syrienne, non seulement sur le plan diplomatique mais aussi à travers un effort humanitaire important. Ces derniers jours, le royaume a intensifié l’acheminement de l’aide par voie aérienne et terrestre, démontrant ainsi sa volonté de jouer un rôle central dans la stabilisation du pays.
Le soutien saoudien s’inscrit dans un contexte régional plus large, qui voit également l’Italie engagée sur ce front, comme en témoigne la récente visite du ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani en Syrie et au Liban pour renforcer la contribution de l’Italie à la reconstruction.
Comme le souligne Marco Vicenzino dans sa récente analyse, la transition post-Assad présente d’importants défis, avec la nécessité d’équilibrer les attentes de la population syrienne avec la dynamique géopolitique complexe. Le rôle des puissances régionales et internationales sera déterminant pour définir l’avenir de la Syrie, entre le risque de fragmentation et l’espoir d’une reprise guidée par un engagement multilatéral renouvelé.
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhan Al-Saoud, a pour sa part appelé à «lever les sanctions» internationales imposées à la Syrie à l’issue de la réunion consacrée à l’avenir du pays ravagé par la guerre. Ben Farhan a en effet appelé à «lever les sanctions unilatérales et internationales imposées à la Syrie» pour permettre son «développement et sa reconstruction», a-t-il déclaré aux journalistes, à l’issue des discussions de Riyad, selon la presse transalpine.
Il convient de rappeler que les puissances occidentales, les États-Unis et l’Union européenne en tête, avaient imposé des sanctions au gouvernement du boucher Bachar al-Assad en raison de la répression des manifestations populaires de 2011, qui a déclenché la guerre civile. Kaja Kallas, a déclaré vendredi dernier que les 27 pourraient «progressivement» assouplir leurs sanctions «à condition que des progrès tangibles soient réalisés», notamment sur la protection des minorités.
Dans ce contexte, le sommet de Riyad représente une étape stratégique : d’une part, il réaffirme la centralité de la diplomatie arabe dans le dossier syrien, de l’autre, il marque un nouveau chapitre dans les relations entre les puissances occidentales et le nouveau leadership de Damas.