(Rome, Paris, 03 janvier 2025). L’homme, suivi par 400.000 abonnés, avait posté des vidéos dans lesquelles il exhortait ses compatriotes à commettre des actes de violence contre les Juifs et au viol
Les forces de sécurité françaises ont arrêté aujourd’hui Zazou Youcef, un influenceur qui invitait en ligne sa communauté à attaquer la France par des attentats. Youcef avait notamment en ligne de mire ceux qui pourraient manifester contre l’administration actuelle de son pays, présidée par Abdelmajid Tebboune. L’homme a été placé en garde à vue pour soutien au terrorisme et incitation à commettre des crimes, tandis que son compte a été suspendu, rapporte «Il Giornale».
L’arrestation et le précédent arrêté d’expulsion
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a confirmé l’arrestation du jeune homme dans la ville de Brest. Désormais «il devra répondre de ses actes devant la justice», a prévenu Retailleau, qui a remercié les forces de l’ordre et les juges pour leur travail. «Nous ne laisserons rien passer», a déclaré le ministre. Le gouvernement a également demandé le retrait des vidéos diffusées ces derniers jours par l’homme, qui compte environ 400.000 followers sur TikTok et qui faisait déjà l’objet d’un arrêté d’expulsion depuis avril dernier, selon «Le Figaro», émis par la préfecture du Finistère. Il était également connu de la police pour plusieurs délits tels que des vols à la roulotte et des dégradations de biens.
Obligation de quitter le territoire depuis avril 2024
Le 31 décembre, son profil vu par des centaines de milliers de personnes avait été signalé aux autorités, après une vidéo dans laquelle il appelait à commettre des actes violents à Paris. L’influenceur a été arrêté pour apologie du terrorisme, incitation à la haine et à la violence. Sous OQTF (obligation de quitter le territoire) depuis avril 2024 et déjà condamné à un an de prison pour des violences lors des émeutes liées à la mort de Nahel, il est actuellement en garde à vue avec une deuxième personne.
Youcef, né à Mostaganem dans le nord-ouest de l’Algérie, a déclaré être arrivé en France en 2020, et a reçu un titre de séjour en mars 2023, valable jusqu’au 14 mars 2024, selon le préfet du Finistère Alain Espinasse. «Il avait un titre de séjour en tant que parent d’enfant français puisqu’il a eu un enfant avec une personne de nationalité française», a précisé le préfet. Lors des émeutes urbaines qui ont secoué la France après la mort de Nahel en juin 2023, Youcef A. avait été interpellé pour avoir pris part à la dégradation d’un complexe sportif à Brest et condamné en décembre par le tribunal correctionnel de la ville à douze mois d’emprisonnement. «Il a fait appel dans la foulée de sa condamnation», ce qui explique pourquoi il n’a pas été emprisonné, a dit Alain Espinasse, écrit encore «Le Figaro».
L’audience de son procès en appel est «en attente de fixation», selon la cour d’appel de Rennes. «Compte tenu des faits dont il s’était rendu coupable, lorsque son titre de séjour est arrivé à échéance en mars 2024, j’ai décidé de ne pas le renouveler et on lui a notifié le 18 avril 2024 une Obligation de quitter le territoire français (OQTF)», a-t-il dit. Après la délivrance de son OQTF, Youcef a été «inscrit au Fichier des personnes recherchées (FPR)», a ajouté le préfet, précisant que le jeune homme n’était ni fiché S ni identifié pour radicalisation.
Vidéos violentes et soutien en ligne
Connu sous le surnom de «Zazouyoucef», l’influenceur algérien était activement recherché depuis plusieurs jours après avoir incité ses followers dans plusieurs vidéos à commettre des attentats sur le sol français. Non seulement : ses contenus incitent au viol des Françaises et à des slogans antisémites. Dans une vidéo devenue virale ces derniers jours, l’homme avait menacé toute personne manifestant contre le régime algérien à l’occasion du Nouvel An : «Nous sommes en guerre. Au moindre faux pas on va niquer vos mères», expliquait-il en mimant un geste d’égorgement. Il s’était ensuite filmé dans les rues de Brest. «Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, on va vous violer puis niquer votre mère. Vive l’Algérie, moi je vais vous achever», menaçait-il. Dans une autre vidéo publiée peu avant, il avait déjà proféré les mêmes menaces devant la caméra. «On va vous faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (…) Vous voulez sortir le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune, tirez sur eux, ils veulent le chaos», expliquait-il face caméra, en langue arabe, tout en mimant des tirs avec ses mains.
Le plus inquiétant reste la réaction des internautes. Loin de susciter l’indignation généralisée, ces vidéos ont recueilli des milliers de commentaires de soutien, certains allant jusqu’à se porter volontaires pour mettre à exécution ces menaces. Une communauté et un soutien toxiques qui révèlent l’ampleur de la radicalisation en ligne. Outre Zazou Youcef, un deuxième homme a été interpellé alors qu’il se trouvait au domicile de l’influenceur. On ignore actuellement si cet individu est impliqué dans l’affaire. Une perquisition a été effectuée au domicile de l’Algérien et une enquête a été ouverte confiée à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS).
Ce que risque Youcef et l’affaire Sansal
La législation française est sans équivoque : l’apologie du terrorisme et l’incitation à la haine sont punis de sept ans de prison et de 100.000 euros d’amende. Cependant, la rapidité avec laquelle ces contenus circulent remet en cause les moyens d’empêcher leur diffusion et leurs conséquences, et met la justice face à son devoir de prouver qu’elle peut encore protéger efficacement les valeurs de la République.
L’affaire pourrait ouvrir un nouveau front diplomatique avec l’Algérie, dont la France a déjà pris ses distances en raison d’une autre arrestation, celle de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Arrêté mi-novembre à Alger à son retour de France, il s’est retrouvé dans l’œil du cyclone pour des propos controversés sur le colonialisme.
Hier, un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a reconnu que le gouvernement était «très préoccupé» et a promis qu’il «défendrait sans relâche la liberté d’opinion et d’expression». Les services de l’État sont pleinement mobilisés pour suivre la situation de notre compatriote, afin qu’il puisse bénéficier de la protection consulaire à laquelle il a droit en tant que citoyen français», a-t-il ajouté.