(Rome, Paris, 23 décembre 2024). Il s’agit du quatrième exécutif en seulement un an. Au total, 34 ministres ont été nommés
Comme le veut la tradition, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a annoncé les membres du gouvernement français, présidé par le premier ministre François Bayrou. Au total, 34 ministres sont nommés : 17 hommes et 17 femmes. Un exécutif donc parfaitement paritaire. Le premier Conseil des ministres est fixé au 3 janvier à 10 heures.
Nommé le 13 décembre dernier, le nouveau premier ministre Bayrou s’était engagé à former la nouvelle équipe avant Noël. Avant les annonces, le chef du gouvernement âgé de 73 ans s’est rendu à la cellule interministérielle de crise, à deux pas de l’Elysée, pour faire le point sur la situation à Mayotte, rapportent Vittorio Russo et Adriana Bellini de la chaine «TG LA7».
Il s’agit du quatrième gouvernement de l’hexagone en seulement un an.
Les membres
Bruno Retailleau, l’incarnation la plus à droite des Républicains (LR), a été confirmé au poste de ministre de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement de François Bayrou.
Jean-Noël Barrot a toutefois été confirmé au poste de ministre des Affaires étrangères. Eric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, a été nommé ministre de l’Économie. L’ancienne Première ministre française, Elisabeth Borne, a été nommée ministre de l’Éducation nationale. À la Justice, a été nommé Gérald Darmanin.
La liste complète
- Bruno Retailleau (Les Républicains), ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur
- Élisabeth Borne (Renaissance), ministre d’Etat, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du Numérique
- Gérald Darmanin (Renaissance), ministre d’Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice
- Éric Lombard (sans étiquette), ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Ce chef d’entreprise est le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations
- Catherine Vautrin (divers droite), ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles
- Manuel Valls (sans étiquette), ministre d’Etat, ministre des Outre-mer
- François Rebsamen (sans étiquette), ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation
- Sébastien Lecornu (Renaissance), ministre des Armées
- Jean-Noël Barrot, (MoDem), ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
- Laurent Marcangeli (Horizons), ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification
- Rachida Dati (divers droite), ministre de la Culture
- Annie Genevard (Les Républicains), ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
- Marie Barsacq (sans étiquette), ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Elle s’occupait de l’héritage de Paris 2024
Les ministres délégués
- Aurore Bergé, (Renaissance), ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, elle est rattachée au Premier ministre
- Yannick Neuder (Les Républicains), ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, rattaché au ministère du Travail et de la Santé
- Françoise Gatel (UDI), ministre déléguée chargée de la Ruralité, rattachée au ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation
- Amélie de Montchalin (Renaissance), ministre chargée des Comptes publics, rattachée au ministère de l’Economie
- Véronique Louwagie (Les Républicains), ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des PME et de l’Economie sociale et solidaire, rattachée au ministère de l’Economie
- Nathalie Delattre (Parti radical), ministre déléguée chargée du Tourisme, rattachée au ministère de l’Economie
- Valérie Létard (UDI) ministre chargée du Logement, rattachée au ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation
- Benjamin Haddad (Renaissance), ministre délégué chargé de l’Europe, rattaché au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
- Charlotte Parmentier-Lecocq (Horizons), ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap, rattachée au ministère du Travail et de la Santé
- Marc Ferracci (Renaissance) ministre chargé de l’Industrie et de l’Energie, rattaché au ministère de l’Economie
- Clara Chappaz (sans étiquette), ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, rattachée au ministère de l’Economie
- Patricia Mirallès (Renaissance-Territoires de progrès), ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants, rattachée au ministère des Armées
- Philippe Tabarot (Les Républicains), ministre chargé des Transports, rattaché au ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation
- Juliette Méadel (divers gauche), ministre déléguée chargée de la Ville, rattachée au ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation
- Laurent Saint-Martin (Renaissance), ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, rattaché au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
- Thani Mohamed Soilihi (Renaissance), ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, rattaché au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
Qui a décidé de ne pas participer
Xavier Bertrand, a annoncé lundi 23 décembre qu’il ne ferait pas partie du gouvernement de François Bayrou, qui doit être dévoilé à 18h30. «Le Premier ministre m’a informé ce matin, contrairement à ce qu’il m’avait proposé hier, qu’il n’était plus en mesure de me confier la responsabilité du ministère de la Justice en raison de l’opposition du Rassemblement national. En dépit de ses nouvelles propositions, je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen», écrit le président Les Républicains (LR) de la région Hauts-de-France dans un communiqué, alors que l’annonce de la composition du gouvernement Bayrou est attendue lundi à 18h30.
Le choix de Bayrou
Bayrou a été nommé par Emmanuel Macron au terme de consultations complexes pour trouver un successeur à l’ancien premier ministre Michel Barnier, dont le gouvernement a été contesté le 4 décembre par l’union insolite entre les députés du Rassemblement national (extrême droite) et de la France Insoumise (extrême gauche), après seulement 3 mois à Matignon.
Du même âge que Barnier mais moins à droite politiquement, le centriste Bayrou est le sixième chef de gouvernement depuis la première élection de Macron à l’Elysée en 2017 et le quatrième pour la seule année 2024. Ce dernier est un signe d’instabilité politique que la France n’a pas connu depuis des décennies. Comme pour Michel Barnier, la route de François Bayrou est aussi incertaine et semée d’inconnues, avec une Assemblée nationale (équivalent parisien de la Chambre des députés) parfaitement divisée en trois blocs sans majorité (alliance de gauche, macronistes droite et centristes, extrême droite). Bayrou a toujours exprimé le souhait de former une équipe réduite ouverte à des personnalités de poids choisies dans un esprit bipartisan.
Les ministres auront surtout pour tâche de préparer dans l’urgence la loi de finances 2025, un dossier sur lequel le précédent gouvernement Barnier s’est débattu. Bayrou entame son mandat avec une cote de popularité extrêmement faible : 66% de ses compatriotes se disent déjà déçus par son travail.
Le commentaire de Bayrou
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi Emmanuel Macron n’a pas voulu de lui auparavant, François Bayrou a répondu : «Parce qu’il ne pensait pas que j’étais la meilleure personne pour ce poste. A vrai dire, j’ai toujours pensé qu’on me demanderait d’occuper ce poste que si les choses allaient mal».
Bayrou a ensuite défendu le bilan du chef de l’Etat : «Peu de présidents de la République ont eu à affronter autant d’échecs et de drames», a-t-il déclaré, citant les «gilets jaunes», le Covid, la guerre en Ukraine, l’inflation…, et s’est félicité de la baisse du chômage et de l’augmentation du nombre d’entreprises créées.
La réaction des socialistes…
«Ce n’est pas un gouvernement, c’est une provocation. L’extrême droite au pouvoir sous la surveillance de l’extrême droite» : a écrit le premier secrétaire du PS Olivier Faure dans un message publié sur X après l’annonce de la nouvelle équipe ministérielle à Paris.
… et Bardella
«Heureusement que le ridicule ne tue pas», a réagi Jordan Bardella sur X. «Hélas, rien n’aura été épargné aux Français : François Bayrou a réuni la coalition de l’échec. En 2025, plus que jamais, le RN sera là pour défendre et protéger nos compatriotes, en attendant l’alternance» a écrit le président du Rassemblement national.