La dissuasion restaurée : c’est ainsi qu’Israël a (pour l’heure) terminé le match avec l’Iran

0
150

(Rome, 27 octobre 2024). Le raid d’Israël contre les ayatollahs a rétabli l’ordre au Moyen-Orient

Après trente-six heures de délibérations, l’Ayatollah Ali Khamenei a évacué un commentaire plus que prudent sur les attaques israéliennes qui, dans la nuit de samedi à dimanche, ont frappé des cibles militaires et des usines de production de missiles et leurs composants en Iran, sans que les défenses ne puissent les empêcher. Les effets des raids du «petit Satan», a déclaré le chef de la théocratie iranienne, s’appuyant sur la méthode de La Palice, «ne doivent être ni surestimés ni sous-estimés». Des propos prudents, bien différents de ceux d’un représentant extrémiste du régime qui allait jusqu’à ridiculiser les Israéliens en parlant d’une «montagne qui a accouché d’une souris», Roberto Fabbri dans «Il Giornale».

L’ayatollah Khamenei a également évité toute référence à de futures contre-représailles iraniennes, laissant aux personnalités du régime le soin de menacer de se venger à des moments non précisés.

A lire : Iran : le Président Massoud Pezeshkian dit vouloir répondre à Israël «avec courage et prudence»

Le jeu entre Téhéran et Jérusalem (qui est donc le vrai dans ce chapitre prolongé de l’éternel conflit du Moyen-Orient, joué par les Iraniens aux dépens des Palestiniens de Gaza et des civils israéliens occasionnellement atteints), reste néanmoins ouvert, et ses perspectives incertaines. À long terme, tant que le programme nucléaire iranien reste en premier-plan, une confrontation décisive et finale entre les deux adversaires reste en arrière-plan. Mais à court terme, l’intérêt de Netanyahu (et de Khamenei) peut aussi être de se contenter temporairement d’avoir rétabli la dissuasion, en montrant clairement aux faucons de Téhéran qu’Israël peut faire bien plus que ce qu’il a fait la nuit dernière.

D’un point de vue militaire, Netanyahu dispose de capacités bien supérieures à celles de son adversaire, et peut compter sur un puissant soutien américain. A cette occasion, il s’est limité à frapper des bases de missiles, des radars défensifs et des sites de production d’armes. Sous la pression de la Maison Blanche, il a évité de toucher des cibles importantes telles que les sites et les infrastructures pétrolières (sans lesquelles l’économie iranienne serait anéantie), des cibles très délicates comme les sites nucléaires, et surtout il n’a pas ciblé les membres du régime. Mais cela pourrait être le cas dans une prochaine étape de la confrontation.

A lire : Iran : l’inconnu après l’attaque israélienne est la réponse, que veut faire Téhéran ? Les scénarios

Mettre en évidence la vulnérabilité du régime islamique semble rester la priorité de l’action israélienne. Le discours prononcé le mois dernier dans lequel Netanyahu s’est adressé aux citoyens iraniens, et envisageait un changement à la tête de leur pays et le retour des relations amicales avec Israël (telles qu’elles existaient jusqu’à la chute du Shah Reza Pahlevi en 1979) était très important et révélateur. Théoriquement, Netanyahu aura de nouvelles opportunités à l’avenir pour souligner cette vulnérabilité et tenter d’encourager une révolte interne. Bien sûr, beaucoup dépendra des décisions de Khamenei (dont la prudence actuelle en dit long), du poids que les faucons de son régime pourraient continuer à avoir, mais, plus encore, de la façon dont les électeurs américains voteront dans huit jours.

Donald Trump, à la Maison Blanche, pourrait encourager Netanyahu à jouer gros et avec un Iran révolutionné, beaucoup de choses pourraient changer, en cascade, également dans d’autres quadrants de la «guerre mondiale fragmentée».