(Rome, 26 octobre 2024). Dans la chaîne sans fin de réactions et de contre-réactions qui a marqué le scénario moyen-oriental au cours de l’année écoulée, après la riposte israélienne à l’attaque aux missiles iraniens déclenchée par la précédente vague d’attaques de l’État hébreu contre les alliés de Téhéran, la question qui reste désormais sur la table est de savoir quelle sera la prochaine action de la République islamique d’Iran. Les représailles d’Israël ont-elles effectivement rétabli la dissuasion pour les deux acteurs impliqués ou risquent-elles de déclencher une escalade ingérable ? C’est la question que se posent plusieurs analystes cités par les principaux médias américains et israéliens, comme le rapporte le quotidien «Il Tempo».
Selon le Washington Post, Israël a planifié l’attaque avec l’intention de minimiser les pertes iraniennes, permettant ainsi à l’Iran de nier l’ampleur des dégâts et de contenir la situation. En d’autres termes, il s’agissait d’une version à plus grande échelle de ce qui avait eu lieu en avril dernier, lorsqu’Israël a répondu à la première attaque de missiles de l’Iran par un raid sur la région centrale du pays sans causer d’importants dégâts, selon ce que Téhéran avait alors déclaré. En outre, les avions de chasse israéliens ont ciblé les installations militaires, mais pas le programme nucléaire ni le pétrole, comme le réclamait l’administration américaine depuis des semaines. Le régime des ayatollahs aurait informé son ennemi juré, par l’intermédiaire d’un médiateur étranger, qu’il ne répondrait pas à l’attaque, a rapporté «Sky News Arabia», citant des sources proches du dossier.
Téhéran se trouve face à un sérieux dilemme, souligne le «New York Times» : s’il réagit, il risque une nouvelle escalade à un moment où son économie est en difficulté, ses alliés chancelants, sa vulnérabilité militaire est évidente et la succession de ses dirigeants à la tête du pays est en jeu.
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S’il ne réagit pas, il risque de paraître faible aux yeux de ses alliés eux-mêmes, ainsi qu’aux yeux des «faucons» les plus agressifs et les plus puissants du pays. L’appel au rétablissement de la dissuasion est fort dans les deux pays, expression de ce que l’ancien diplomate américain Jeremy Shapiro a qualifié de «virilité géopolitique». Conscients de l’effondrement de l’économie, des protestations nationales et des enjeux potentiels d’une reprise des négociations nucléaires en échange de la levée des sanctions économiques, alors que les États-Unis traversent une période d’incertitude concentrés sur les prochaines élections, il est difficile de savoir quel sera la tactique iranienne, bien que la tentation de ramener l’affrontement à une guerre de l’ombre, et non plus sur un terrain ouvert, semble forte pour les deux protagonistes. La réaction du régime après l’attaque nocturne plaide en faveur de cette lecture : Téhéran a publiquement minimisé l’effet des raids et n’a pas immédiatement promis de représailles sérieuses, se contentant de réaffirmer son droit de le faire. Les partisans de la ligne dure ne manquent pas, ni en Iran ni en Israël, entre Pasdran et l’extrême droite israélienne qui tentent de redresser la barre, mais il reste à savoir combien d’adhésions ils parviendront à obtenir.