(Rome, 08 octobre 2024). Après l’attaque iranienne contre Israël le 1er octobre 2024, menée avec des missiles balistiques (environ 200) en représailles au début de l’opération terrestre israélienne au Liban visant à neutraliser les capacités offensives du Hezbollah, la réponse de Tel-Aviv, qui a annoncé une action de «contre-représailles» à la suite de l’attaque iranienne, est attendue.
Bien qu’Israël cherche à faire monter le niveau d’escalade au Moyen-Orient afin de provoquer une intervention américaine contre l’Iran, il est peu probable que Washington se laisse entraîner dans un conflit ouvert avec les ayatollahs, qu’aucun des deux parties ne souhaite (évidemment pour raisons différentes). Il faut donc considérer que les États-Unis pourraient très bien ne pas donner leur accord à des actions israéliennes particulièrement incisives sur le territoire iranien, précisément par crainte de se retrouver embarqués dans une guerre ouverte qu’ils ne veulent pas et ne peuvent pas permettre, dans cette période historique, nous explique Paolo Mauri dans «Inside Over».
Cependant, une bonne dose de réalisme, étayée par des preuves historiques, exige que tous les scénarios concernant une éventuelle réaction israélienne soient pris en compte, même les plus improbables ou les pires.
Mais il faut avant tout cadrer le théâtre d’un point de vue géographique, afin d’exclure a priori certaines possibilités d’attaque : Israël et l’Iran ne sont pas deux pays voisins, et ils ne sont même pas baignés par la même mer ; toute action terrestre est donc à exclure et toute action navale est peu probable (compte tenu de l’utilisation des seuls sous-marins de classe Dolphin pouvant lancer des missiles de croisière de type Popeye).
Une attaque israélienne pourrait donc prendre la forme d’une réponse cinétique dans le domaine aérien ou d’une réponse non cinétique dans le domaine cybernétique.
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Dans le premier cas, Israël aurait deux options : une première utilisant l’outil missile (lanceurs balistiques de type Jericho 2 et 3), une seconde utilisant des munitions Standoff lancées par des chasseurs-bombardiers (missiles de croisière/bombes planées guidées).
Ces deux options, viables, méritent d’être clarifiées.
Une attaque aux missiles ne nécessiterait pas d’autorisation de survol de la part des États voisins, mais elle aurait un impact médiatique élevé et conduirait à une aggravation de l’escalade en raison de la possibilité de dommages collatéraux et d’une réaction iranienne violente qui en résulterait, qui frapperait probablement Israël avec davantage de missiles balistiques que l’attaque d’octobre.
L’attaque utilisant des chasseurs-bombardiers nécessiterait l’autorisation de survol de certains États voisins (Jordanie, Arabie Saoudite et Irak) compte tenu du fait que la distance à parcourir est supérieure à 1.000 km (donc un rayon d’action d’au moins 1.300/1.400 km). Le F-35I, en service dans l’armée de l’air, a une autonomie de 680 Nm (1.200 km) mais la guerre et la charge de carburant pourraient facilement réduire cette valeur, de sorte qu’il devrait être ravitaillé en vol dans l’espace aérien irakien ou saoudien. Les F-16I, équipés de réservoirs conformes, ont une portée plus longue, estimée à plus de 1.800 km, mais là encore, la charge de guerre réduirait probablement cette valeur. Les F-15I ont une portée d’environ 2.200 km, largement suffisante pour atteindre la plupart des cibles militaires ou stratégiques du territoire iranien sans ravitaillement en vol. Ces deux derniers appareils ne possèdent cependant pas les mêmes qualités de furtivité que le F-35, qui serait donc privilégié pour une attaque surprise.
Quelles seraient les cibles possibles d’une attaque aérienne ? Ici s’ouvre une gamme de possibilités et de scénarios.
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Bien que peu probable, car Tel Aviv a montré qu’il souhaitait y faire face par d’autres méthodes, une attaque contre l’infrastructure de recherche nucléaire iranienne doit néanmoins être envisagée. Outre son impact, si elle était menée avec les munitions nécessaires et un nombre adéquat de chasseurs-bombardiers, éliminerait probablement encore davantage la possibilité que l’Iran puisse acquérir des armes nucléaires dans un avenir proche. Une autre option pourrait être une attaque limitée contre les terminaux pétroliers iraniens, comme ceux de l’île de Kharg, par lesquels transitent 90 % des exportations de pétrole brut du pays. Cette action entraînerait une flambée des prix du pétrole mais serait vue d’un œil particulièrement favorable par Riyad : inquiète du non-respect des réductions de certains pays producteurs et de la faiblesse du prix du brut sur les marchés, l’Arabie Saoudite pourrait donner son accord à la traversée de son espace aérien par les chasseurs israéliens.
Un autre objectif pourrait être les infrastructures militaires telles que les ports et les aéroports, et de ce point de vue, ces dernières heures, il a été constaté que les unités navales de la marine iranienne ont quitté certains ports, comme celui de Bandar Abbas, par crainte d’une frappe aérienne ciblée. Un autre scénario plausible est celui d’une frappe directe contre le CGRI (Corps des Gardiens de la Révolution Islamique) en dehors du territoire iranien, avec de nouvelles attaques plus lourdes contre des entrepôts et des mandataires en Syrie, au Yémen ou en Irak.
Comme mentionné, Israël pourrait décider de frapper avec des outils non cinétiques en s’appuyant sur des cyberattaques visant l’infrastructure nucléaire du pays, ou l’infrastructure des missiles (qui, comme on le sait, sont toutes deux gérées par le CGRI), sans oublier qu’il serait également possible de frapper simplement l’infrastructure gouvernementale ou pétrolière, bloquant leurs ordinateurs et causant des millions (sinon des milliards) de dollars de dégâts.