Liban : Israël passe à l’attaque, lancement d’opérations terrestres contre la milice de Dieu

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(Rome, Paris, 30 septembre 2024). Il ne s’agit pas d’une invasion à grande échelle, mais il s’agit certainement d’un nouveau saut qualitatif supplémentaire par rapport aux opérations de ces derniers jours : après dix-huit ans, Israël remet les pieds au Liban et lance ainsi des opérations terrestres directes dans le sud du Pays du Cèdre, visant, selon les affirmations du gouvernement d’Israël, à démanteler davantage l’appareil militaire du Hezbollah, qui a déjà été durement détraqué au cours des deux dernières semaines. Israël parle d’une opération «limitée», mais le déploiement des forces promues ne semble pas indifférent : précédée d’une opération de bombardement d’artillerie dans la zone de Marjayoun et Wazzani, près d’al-Ghajar, dans le sud du pays, la Force d’incursion de la Défense israélienne a débuté vers 21 heures (heure française), nous explique Andrea Muratore dans «Inside Over».

Les opérations ont été inaugurées par des projectiles de 155 mm des obusiers M109 de Tsahal. Des bombardements aériens sont signalés dans plusieurs autres villes telles que Kawkaba, Rachaya al-Fakhar, Kfar Kila et Khiam.
L’incursion israélienne a été lancée depuis la zone militaire limitée autour des villes du nord de Metula, Miskav Am et Kfar Giladi. Le New York Times rapporte que des responsables israéliens et occidentaux ayant connaissance du dossier «ont déclaré que les raids visaient à recueillir des renseignements sur les positions du Hezbollah près de la frontière, ainsi qu’à identifier les tunnels et les infrastructures militaires du groupe soutenu par Téhéran, afin de les attaquer depuis les airs ou depuis le sol».

L’armée régulière libanaise, qui ne dispose pas de capacités de combat substantielles, a quitté ses positions dans le sud du pays à la suite des tirs à l’artillerie et, selon ce que nous apprennent des sources anonymes, ses unités sont en train d’être remplacées par des formations liées au Hezbollah. Au moment de la rédaction de ces lignes, aucune information faisant état d’échanges de tirs direct entre les unités de Tsahal et celles du Parti de Dieu n’a été signalée. La situation évolue. Ce préambule à l’invasion ne voit pas le déploiement des véhicules blindés ni autres grandes unités positionnés à la frontière ces derniers jours. Les images disponibles montrent des groupes d’infanterie, de commandos et de forces spéciales, vraisemblablement chargés de mener des opérations de sabotage ou de sécurisation de la zone.

Quel est l’objectif d’Israël à ce stade ? Difficile à comprendre, tant que la tactique l’emporte sur la stratégie dans les opérations ordonnées par Benyamin Netanyahu. Il y a cependant une trace dans les propos d’aujourd’hui tenus par le Premier ministre libanais Najib Mikati, qui a appelé à un cessez-le-feu et à l’application de la résolution 1701, (ce que refusait systématiquement le Hezbollah) l’accord de 2006 approuvé par les Nations Unies qui exige que toutes les forces, à l’exception de l’armée libanaise et de la mission de l’ONU (FINUL), de se retirer de l’ensemble des zones situées entre le fleuve Litani et la frontière israélienne. Le Hezbollah est toujours présent dans ces zones et Israël y est désormais entré : il est possible que la stratégie de Tel-Aviv soit de créer une zone démilitarisée entre le Litani et sa frontière afin de réduire davantage la capacité offensive de la coalition chiite. Mais nous sommes encore dans le domaine des hypothèses.

La réalité demeure : un martèlement très dur qui, depuis l’attaque des téléavertisseurs du 17 septembre, a dégénéré en l’élimination systématique des têtes du Hezbollah et qui trouve à l’heure actuelle son aboutissement dans l’opération terrestre. Aujourd’hui, le Liban est en feu et, en une dizaine de jours, 1.200 citoyens ont trouvé la mort. Un autre lourd bilan de la guerre qui fait rage au Moyen-Orient depuis un an. Et qui, dans la nuit du lundi 30 septembre, s’enfonce encore plus loin dans des territoires inexplorés et donc dans l’inconnu.