(Rome, Porto, 23 août 2024). Les forces aériennes et navales portugaises ont surveillé en permanence trois navires russes entrant dans la zone économique exclusive (mais pas dans les eaux territoriales) de Lisbonne. Alors que Moscou tente de démontrer ses capacités de projection de puissance, l’OTAN confirme sa disponibilité
Pendant neuf jours, des navires de la marine russe et des navires de la marine portugaise se sont affrontés, alors que les premiers naviguaient à proximité des eaux territoriales de l’Alliance atlantique. Ce bras de fer a été révélé par la marine portugaise elle-même, qui a publié mardi dernier 20 août des photos, datées du 10 au 19 août, montrant les forces du pays engagées dans la garde de la frégate russe «Neustrashimy» et du navire de ravitailleur «Yelnya», tous deux appartenant à la flotte baltique basée dans le bastion russe de Kaliningrad, naviguaient le long de la côte atlantique. Le «Neustrashimy» et le «Yelnya» font partie du noyau de trois navires russes qui ont fait escale à Cuba fin juillet, un mois après l’arrivée sur l’île des Caraïbes d’un escadron de la marine de Moscou revenant d’un exercice «avec des armes de missiles de précision». Les navires russes ont passé plus de cent quarante heures (près de six jours complets) dans les eaux économiques exclusives du Portugal, près de l’archipel des Açores, comme le rapporte Lorenzo Piccioli dans les colonnes de «Formiche.net».
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Les images publiées par la marine portugaise, montrent également un troisième navire de guerre, le navire de débarquement amphibie «Ivan Gren» appartenant à la flotte du Nord et basé à Severomorsk, qui, selon la marine portugaise, a transité par la zone économique exclusive portugaise (ZEE) depuis les 18 et 19 août alors qu’il naviguait vers le sud.
Le droit maritime international permet aux États côtiers comme le Portugal de revendiquer une zone économique exclusive jusqu’à deux cents milles marins de la côte, leur accordant ainsi le droit souverain d’exploiter les ressources sous-marines ; toutefois, cette zone n’est pas une extension de la mer territoriale, qui se termine généralement après douze milles marins, avec toutes les différences juridiques que cela implique, telles que la liberté de navigation.
«La Marine, à travers ces actions de contrôle et de surveillance, garantit la défense et la sécurité des espaces maritimes sous souveraineté ou juridiction nationale, pour protéger les intérêts du Portugal et, en même temps, contribue à assurer le respect des engagements internationaux pris au sein de l’Alliance atlantique», lit-on dans une note publiée sur le site Internet des Forces armées en juillet dernier. Le chef d’état-major de la marine portugaise, l’amiral Gouveia e Melo, a révélé, dans une interview publiée le 15 mai, qu’au cours des trois dernières années, le nombre de missions d’accompagnement des navires russes lors de leur passage dans les eaux portugaises a quadruplé, tel que rapporté par la presse locale.
La Marine portugaise a indiqué que la surveillance avait été effectuée par les patrouilleurs de haute mer Nrp «Sines» et Nrp «Setúbal», deux exemples de la classe «Viana do Castelo», et par les patrouilleurs Nrp «Orion» et Nrp «Sagitário», de la classe «Centaure». Dans un communiqué distinct publié dimanche 18 août, l’armée de l’air portugaise a confirmé avoir envoyé un avion de patrouille maritime P-3C Orion, appartenant au 601e Escadron stationné à la base aérienne de Beja, pour photographier le « Neustrashimy» et le «Yelnya».
De telles missions ne sont pas nouvelles pour les forces armées portugaises, qui contribuent régulièrement à la surveillance des frontières aériennes et maritimes de l’OTAN à proximité de la péninsule ibérique, mais non seulement : le mois dernier, un de ses avions de patrouille maritime a été chargé de suivre les mouvements d’un sous-marin russe en mer Baltique. En outre, le Portugal fait partie des cinq membres de l’OTAN dont les forces armées ont surveillé deux navires de guerre chinois à destination et en provenance de la Russie le mois dernier. Au total, l’armée de l’air portugaise a surveillé cette année vingt-cinq navires de la marine russe et deux navires de la marine chinoise.
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Hormis ceux déployés dans le bassin de la mer Noire, d’où ils ne peuvent quitter en raison du conflit en cours en vertu de la Convention de Montreux de 1936 sur les détroits, les autres navires russes poursuivent leurs opérations dans le monde entier, y compris dans les eaux proches des États-Unis, afin de signaler aux Américains et à leurs alliés occidentaux qu’ils peuvent toujours projeter leur puissance navale, malgré les pertes importantes subies par les attaques ukrainiennes en mer Noire.
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