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Netanyahou à Washington. Un voyage en quête de réconfort

(Rome, 23 juillet 2024). Netanyahu aura des réunions à Washington avec le monde conservateur trumpiste, mais il voudra aussi connaître les intentions à court terme de l’administration Biden et celles à long terme de Kamala Harris

«Les conditions d’un accord sur les otages sont en train de mûrir», a déclaré le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu lors d’une réunion avec les familles des citoyens américains kidnappés par le Hamas lors de l’horrible attaque du 7 octobre 2023, qui a ouvert la saison de la guerre en cours. Cette rencontre en face-à-face est l’un des événements que l’administration de Joe Biden a organisés pour expliquer de manière dynamique les raisons de la pression qu’elle exerce sur le gouvernement israélien depuis des mois.

Des raisons internes, les exigences de ces citoyens et de millions d’autres qui voient les images tragiques de la bande de Gaza tourmentée par les bombardements par lesquels Israël a répondu de manière exponentielle à l’affront qu’il a subi, et qui exigent désormais la fin de la guerre, écrit Emanuele Rossi dans «Formiche.net».

Joe Biden est un canard boiteux particulier, car non seulement son mandat arrive à échéance, mais ces derniers jours, il s’est également retiré de la course à la présidentielle et Netanyahu sait donc que, aussi importante que soit cette visite, dans quatre mois, les rênes du gouvernement de l’allié américain seront entre les mains de quelqu’un d’autre. Et force est de constater que le conservateur israélien pousse et espère un retour de Donald Trump, considéré comme plus permissif et moins idéaliste que Biden et la déjà presque candidate Kamala Harris, reviendra à la Maison Blanche. Les rencontres avec le cercle républicain figurent en tête de son agenda américain, mais le protocole institutionnel impose un équilibre. D’autant plus que rien n’est encore décidé pour USA 2024.

Ainsi, Harris pourrait avoir une vision encore plus sévère de Netanyahu que son prédécesseur, et pourrait déjà l’exprimer dans la communication qui suivra la rencontre confidentielle qu’elle aura avec lui à la Maison Blanche, en revanche, il y a une grande partie des démocrates qui contestent la ligne générale du gouvernement Netanyahu bien avant le déclenchement du conflit. «Tout au long de sa carrière, la vice-présidente a eu un engagement sans faille en faveur de la sécurité d’Israël. Cela reste vrai aujourd’hui», a déclaré un membre de l’équipe de la vice-présidente à Barak Ravid d’Axios. Harris soulignera toutefois à Netanyahu qu’Israël a parfaitement le droit de défendre sa sécurité nationale contre les attaques extérieures, qu’il s’agisse du Hamas, du Hezbollah ou des Houthis, selon une vision traditionnelle commune à toute la politique américaine. Il s’agira d’un exercice d’équilibre entre les instincts des électeurs de gauche et les visions stratégiques (historiques), sans oublier que le choix du vice-président pourrait revenir au juif Josh Shapiro, gouverneur de la cruciale Pennsylvanie.

«Nous attendons que la vice-présidente transmettra son point de vue», déclare la source d’Axios, selon laquelle «il est temps que la guerre se termine de manière qu’Israël soit en sécurité, que tous les otages soient libérés, que les souffrances des civils palestiniens à Gaza prennent fin et que le peuple palestinien puisse jouir de son droit à la dignité, à la liberté et à l’autodétermination». Et le concept de «fin» de la guerre est mise en avant, mais sans oublier qu’«Israël est en sécurité» ; ce qui va au-delà du cessez-le-feu, tout en protégeant l’État hébreu. Avec Harris, Netanyahu envisage de discuter des efforts visant à faire avancer les négociations, mais il veut avant tout comprendre ce qui pourrait arriver à l’avenir, si la démocrate remporte la course à la Maison Blanche dans laquelle elle est désormais projetée, bien qu’officieusement.

Avec Biden, Netanyahu (il le rencontrera peut-être jeudi, si les symptômes et la contagiosité du Covid sont maîtrisés) veut garantir la continuité à court terme. Biden a promis de s’engager au cours des six prochains mois (quatre après le vote et deux d’administration transactionnelle) à «mettre fin» à la guerre à Gaza et à ramener les otages chez eux. Netanyahu, quant à lui, présentera plutôt ses exigences (en substance : éliminer le Hamas et les groupes combattants palestiniens alliés, tout en continuant à se battre si nécessaire) devant le Congrès réuni en session conjointe mercredi. A cette occasion, Harris ne sera pas présente en raison d’un engagement préalable à Indianapolis : une étape utile pour USA 2024, dont la dynamique pèse inévitablement sur le cours de la crise au Moyen-Orient.

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