(Rome, 3 juillet 2024). Les origines maghrébines du leader du Rassemblement National
Qu’un Européen ait des origines extra-européennes n’est ni un scandale ni un fait divers majeur, mais lorsque cet Européen s’appelle Jordan Bardella, un homme politique de la droite (extrême) française, tout près, sinon à deux doigts, de devenir Premier ministre de la France, les choses changent et changent précisément à cause de sa campagne politique, notamment sur la question de l’immigration, écrit Francesca Roversi dans «TG LA7».
Le programme
Sur le chapitre de l’immigration, en effet, Bardella milite pour une réduction drastique du phénomène, tant légal qu’illégal, pour l’expulsion des délinquants étrangers, pour l’exclusion des Français ayant la double nationalité de certains postes sensibles (par exemple, l’exigence d’un référendum pour réformer le droit du sol) pour le droit à la citoyenneté fondé sur la naissance sur le territoire français.
Le lieu de naissance de Bardella
Le jeune homme de vingt-huit ans, star du Rassemblement National de Marine le Pen, qui s’est déjà prononcé sur ses origines italiennes (la famille dont il est issu est modeste), n’a cependant pas évoqué les origines algériennes d’une partie de sa famille.
C’est ce que rapporte un article, long et détaillé, de «Jeune Afrique», un journal né en 1960 qui se veut une référence pour le continent africain, du Maghreb au Congo. «Si le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, ne s’est jamais privé de mettre en avant ses origines italiennes, notamment pour illustrer le modèle d’assimilation qu’il défend politiquement, il a toujours fait l’impasse sur les liens de sa famille avec le Maghreb», titre le journal.
Le journal part d’un titre de séjour retrouvé dans les archives de l’état civil : l’arrière-grand-père Mohand Séghir Mada, un travailleur immigré algérien, avait quitté la Kabylie (donc berbère), une région du nord de l’Algérie, dans les années 1930 pour débarquer en France. (L’Algérie était alors un Département français et, dans les montagnes et les villages de Kabylie, la misère décrite par Albert Camus, l’un des plus grands écrivains du XXe siècle né en Algérie, était le pain quotidien).
L’arrière-grand-père (et le frère Bachir) seraient originaires, selon le journal, du village de Guendoz, qui se situe, écrit Jeune Afrique non sans malice, à quelques centaines de kilomètres de Sétif, la ville d’où est originaire Éric Zemmour, l’une des figures les plus controversées de l’extrême droite. Mais l’histoire ne s’arrête pas là : Bachir retourne en Algérie.
Alors Mohand Séghir Mada s’installe en France, rompt ses fiançailles avec une cousine du village pour épouser une Française, Denise. Plusieurs enfants sont nés du couple, dont Réjane, qui a épousé Guerrino Bardella, le grand-père, d’origine italienne de Jordan Bardella, en 1963. Un grand-père qui vit toujours à Casablanca, au Maroc, où il a épousé en secondes noces une Marocaine après s’être converti à l’islam. Et le cercle de ses ancêtres se referme, en attendant que s’ouvre celui d’une ère nouvelle.