(Rome, Paris, 30 juin 2024). Avant la crise de Gaza, déclenchée par l’attaque du 7 octobre, Chypre, Israël, la Grèce et les États-Unis étaient sur le point de prendre une décision définitive sur l’exploitation des gisements de gaz présents en Méditerranée orientale et, au même moment, Nicosie négociait l’acquisition de Chars israéliens Merkava Mark III et le célèbre système de défense aérienne israélien Iron Dome
Chypre a autorisé Israël à utiliser ses aéroports et ses bases pour des exercices militaires, et le Hezbollah a pu considérer que ce pays fait «partie de la guerre» et menace de le frapper. Quelles conséquences ce virage diplomatique de Chypre vers les États-Unis et Israël a-t-il produit au niveau du Moyen-Orient ? Et encore une fois, pourquoi les décisions (légitimes) d’un État souverain, notamment membre de l’UE, devraient-elles faire l’objet d’une telle attention de la part de l’organisation paramilitaire islamiste ?, s’interroge Paolo Falliro dans les colonnes de «Formiche.net».
Pour Nicosie
Il est clair qu’au lendemain de la folle attaque contre Israël, la géographie des alliances et des partenariats, notamment en Méditerranée, a considérablement changé. Le poids spécifique de Chypre est objectif depuis le début de la guerre à Gaza, et, entre autres choses, une série d’exercices militaires conjoints chypriotes et israéliens ont également eu lieu, dont au moins un au cours duquel les troupes de Tsahal auraient simulé une invasion du Liban, compte tenu des similitudes entre les deux territoires. En revanche, peu d’attention est accordée au corridor humanitaire d’Amalthea vers Gaza, qui représente un geste de détente, non seulement de la part de Nicosie mais aussi de la part de l’ensemble de l’alliance. Entre les deux, il est possible que les liens de Chypre avec ses voisins arabes se soient détériorés en raison des choix post-Gaza.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement chypriote, en liaison étroite avec Washington et Tel-Aviv, bien qu’inquiet des risques d’une telle posture, craint l’impact de cette affaire sur son propre tourisme, qui représente en cette période une part importante du PIB.
Pour le Hezbollah
Certains analystes vont jusqu’à affirmer que Nasrallah a l’intention de faire pression sur Chypre pour exercer une influence sur les Britanniques, afin de ne pas utiliser les bases britanniques en soutien à Israël, mais il s’agit d’une circonstance objectivement peu plausible à imaginer, avant d’être mise en œuvre. D’autres pensent que les menaces du Hezbollah sont dirigées exclusivement contre les Britanniques, mais que se passerait-il si Israël lançait des attaques depuis Chypre vers le Liban ? À l’heure actuelle, le Liban et le Hezbollah représentent deux cibles israéliennes déclarées, ce qui amène à se demander à quel point Nicosie est intimidé par les lance-pierres de Nasrallah. Le gouvernement chypriote explique officiellement que la menace n’est pas fondée : «Chypre n’est impliquée dans aucun conflit. Il n’a rien fait de fâcheux et contribue en outre aux efforts humanitaires».
Les scénarios
La prémisse analytique est que Chypre et Israël entretiennent, depuis des années, une coopération stratégique. Par conséquent, deux éléments doivent être pris en compte : le Hezbollah dispose d’un arsenal considérable fourni par Téhéran et pouvant menacer l’armée israélienne, via Chypre (dont des drones, des missiles anti-navires, balistiques et de croisière). Deuxièmement, le Hezbollah pourrait utiliser Chypre comme antichambre pour menacer la Grèce. Les relations entre les États-Unis et Chypre ont depuis longtemps atteint leur plus haut niveau, comme en témoigne le centre de formation et de sécurité construit par les États-Unis sur l’île. Mais la guerre n’est pas la seule réalité qui occupe le devant de la scène, l’île a, depuis une décennie, un poids spécifique que l’on retrouve sous la rubrique «énergie».
Avant la crise de Gaza déclenchée par l’attentat du 7 octobre, Chypre, Israël, la Grèce et les États-Unis étaient sur le point de prendre une décision finale sur l’exploitation des gisements de gaz présents en Méditerranée orientale et, au même moment, Nicosie négociait l’acquisition de chars israéliens Merkava Mark III et le célèbre système de défense aérienne israélien «Iron Dome».