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Un missile hypersonique de fabrication locale constitue la nouvelle menace des Houthis

(Rome, Paris, 27 juin 2024). Les rebelles Houthis du Yémen ont tiré un missile à capacités hypersoniques sur un cargo «lié» à Israël. Les images diffusées soulèvent des doutes quant à l’origine de l’engin. Téhéran pourrait être directement lié à l’arme appelée Hatem-2

Les rebelles houthis du Yémen affirment avoir lancé un «missile hypersonique» autoproduit et ont publié en ligne des images de la nouvelle arme lancée contre un navire marchand battant pavillon libérien. Une telle arme aux mains des insurgés yéménites pourrait constituer une menace importante pour les navires en transit et pour les pôles militaires de la région, dans la limite du raisonnable. Toutefois, des doutes sont émis quant au savoir-faire des Houthis, qui auraient eux-mêmes produit et employé de manière indépendante un lanceur hypersonique, écrit Davide Bartoccini dans «Il Giornale».

Le missile en question a été rebaptisé Hatem-2 et, selon les Houthis, il est basé sur une ogive à combustible solide. Selon les services de renseignement, les Yéménites ne disposent pas d’une production autonome d’armes de pointe et, compte tenu de la similitude du lanceur avec le résultat de certains projets iraniens, on émet l’hypothèse d’un lien avec Téhéran. Un soutien aux rebelles et une puissance régionale omniprésente dans les complots visant à déstabiliser le Moyen-Orient depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Les rebelles yéménites, à l’origine de la crise latente de la mer Rouge qui a nécessité l’intervention d’un dispositif de sécurité déployé par la coalition internationale, n’ont jamais cessé de prendre pour cible les navires marchands transitant par la mer Rouge ou le golfe d’Aden, concentrant leurs efforts sur les cibles transitant vers ou depuis le détroit stratégique de Bab-el-Mandeb.

Les navires de guerre déployés par la Coalition internationale ont éliminé un grand nombre de menaces posées par les roquettes suicides et les drones, même lancés en «essaims» pour tenter de saturer les systèmes individuels de défense des navires, mais ils n’ont jamais eu à traquer et abattre un missile de technologie avancée lancée contre une cible civile. La vitesse hypersonique d’un lanceur présumé visant un navire non armé, et non un navire militaire doté de contre-mesures défensives, pourrait poser des problèmes critiques.

Lancement confirmé, objectif manqué

Le lancement de ce missile hypersonique autoproduit, qui posséderait une «technologie avancée», et se serait révélé «précis dans ses frappes et atteignant de longues distances», du moins selon ce qu’a déclaré le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Sare’e, a été effectué lundi contre le «MSC Sarah V», un navire marchand «lié à Israël» selon les rebelles yéménites.

Toutefois, il n’y a aucune confirmation que le navire ait réellement été heurté ou subi des dommages. Les données de suivi de la Royal Navy montrent que le navire se dirigeait vers Abou Dhabi et qu’il est ensuite entré dans le golfe Persique mercredi soir. Cela indiquerait que le «MSC Sarah V» était toujours en état de naviguer après avoir été dans la ligne de mire de ce qui est considéré comme l’attaque à plus longue portée jamais lancée par les Houthis.

Dans le même temps, l’analyse des images diffusées par les Houthis montrant le lancement de Hatem-2, révèle qu’il est hautement improbable que le missile en question possède les capacités avancées qui lui sont attribuées. Un lanceur hypersonique, pour être considéré comme tel, doit atteindre une vitesse supérieure à Mach 5 (cinq fois la vitesse du son, ndlr), ce ne serait pas le cas du Hatem-2.

L’ombre de Téhéran

Comme l’a rapporté le site web «Business Insider», au cours de la première semaine de juin, les Houthis ont déclaré avoir testé un missile avancé, rebaptisé de manière évocatrice «Palestine». Comme dans le cas du missile hypersonique appelé Hatem-2, le missile Palestine a été présenté comme un vecteur produit localement ; cependant, cela ressemblait essentiellement à des missiles de fabrication iranienne, du type Fattah-1.

Depuis le début de la crise en mer Rouge, le groupe rebelle yéménite a attaqué des dizaines de navires en réponse aux «bombardements et à l’occupation de Gaza» par l’armée israélienne qui vise à neutraliser le Hamas après l’attaque terroriste du 7 octobre. Les Houthis n’ont jamais cessé d’attaquer les navires marchands liés aux activités israéliennes. Profitant, selon certaines sources, d’informations acquises par un navire espion iranien croisant au large des côtes qui hébergent une base militaire chinoise à Djibouti.

Le dispositif de sécurité déployé par les États-Unis, leurs alliés et leurs partenaires régionaux a jusqu’à présent éliminé presque toutes les menaces lancées depuis les côtes et l’arrière-pays du Yémen. Qu’il s’agisse de drones ou de fusées aériens ou maritimes. La bulle de défense érigée par la Coalition pour protéger les navires marchands pourrait cependant ne pas suffire à défendre un navire donné, en route dans un secteur donné, contre une menace hypersonique se déplaçant vers la cible cinq à huit fois supérieure à la vitesse du son.

Une arme hypersonique aux mains des Houthis peut donc représenter un danger. D’autant plus que le groupement tactique USS Dwight D. Eisenhower a abandonné la zone. La mer Rouge est donc privée de la protection d’un porte-avions jusqu’au prochain déploiement de l’USS Theodore Roosevelt.

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