(Paris, Rome, 27 juin 2024). A trois heures du matin en Italie (et en France), CNN anime le débat entre le président sortant et son prédécesseur et challenger, les candidats les plus âgés de l’histoire des Etats-Unis. Micros coupés à tour de rôle, pas de public et des règles strictes pour éviter le chaos de la confrontation d’il y a quatre ans, qui avait dégénéré en bagarre verbale
Après des mois d’invectives, l’heure de la confrontation a sonné : À 3 heures du matin, heure italienne et française (21 heures, heure locale), des millions d’Américains auront les yeux rivés sur la chaine CNN pour assister au débat très attendu entre le président des États-Unis, Joe Biden, et son prédécesseur et challenger, Donald Trump, déterminé à reprendre la Maison Blanche, quatre ans après une défaite dont il n’a jamais reconnu la légitimité. Les sondages continuent de miser sur le face-à-face, «The Donald» ayant un léger avantage dans les États clés qui décideront d’une élection où quelques centaines de milliers de voix pourraient faire la différence entre le vainqueur et le perdant. Le duel télévisé pourrait donc avoir un impact décisif sur un match qui reste très ouvert et qui voit le ton monter progressivement ces dernières semaines, avec des attaques se jouant de plus en plus sur le plan personnel, écrit Francesco Russo dans les colonnes de l’agence «AGI».
Les deux candidats les plus âgés de l’histoire
Les deux candidats les plus âgés de l’histoire des États-Unis s’affronteront pendant 90 minutes : le démocrate a 81 ans, le républicain 78. Bien qu’il soit légèrement plus âgé que son adversaire, Biden est la cible des plus grandes critiques quant à son éventuelle insuffisance liée à son âge avancé. Les récentes sorties publiques ont montré un président fatigué (et épuisé), parfois quasi absent.
Joe Biden devra, pendant le débat, faire preuve d’une vitalité et d’une concentration qui démontrera que son âge n’est pas un obstacle, indique une source européenne. Pour sa part, Donald Trump devra se discipliner et modérer ses éclats. Joe Biden essaiera de le faire sortir de ses gonds en évoquant des épisodes chaotiques, comme son rôle dans les émeutes du 6 janvier 2021 ou sa récente condamnation dans un procès pénal, ajoute la source.
Trump donne l’impression d’une plus grande vigueur physique, mais sa lucidité mentale suscite également des doutes. Certains journalistes ont par exemple rapporté que lors de ses dernières comparutions devant les tribunaux, le magnat s’était endormi et avait parfois répondu de manière incohérente. C’est également la raison pour laquelle le côté républicain, bien qu’il ait affirmé que Biden recourrait à des stimulants pour mener le débat, a récemment déplacé son attention de la sénilité de l’actuel commandant en chef vers sa gestion de l’économie et de l’immigration. Ce dernier est le sujet le plus brûlant.
La question de l’immigration
Le face-à-face se tiendra à Atlanta, en Géorgie, un État emblématique à la fois des ennuis judiciaires de Trump, accusé d’avoir fait pression sur les autorités locales après le vote de 2020 visant à manipuler le décompte en sa faveur, et de la lutte de Biden à endiguer les flux irréguliers en provenance du Mexique. Trump a pointé du doigt à plusieurs reprises les crimes violents commis par les immigrés et a promis des expulsions massives. Biden a réagi en annonçant hier que le récent renforcement des contrôles aux frontières avait permis de ramener les passages illégaux aux niveaux les plus bas des trois dernières années.
Le président sortant exploitera plutôt la rhétorique incendiaire et provocatrice de son rival et sur ses nombreux ennuis judiciaires, ainsi que sur les craintes qu’il compte profiter d’un retour à la Maison Blanche pour régler les derniers détails (des affaires en suspens) et résoudre ses problèmes avec la justice. La campagne démocrate a donc fait valoir que Trump était plus préoccupé par sa «vengeance» que par les intérêts des citoyens, et le Comité national démocrate a placardé des affiches publicitaires à Atlanta rappelant aux électeurs que le magnat a fait l’objet de condamnations pénales.
Les règles du débat
Si Joe Biden a passé la semaine loin des radars à Camp David, près de Washington, avec des débats simulés, la préparation de Trump a été plus détendue et a privilégié les rassemblements informels et les tables rondes. De plus, selon le candidat républicain, le duel est faussé dès le départ, étant animé par CNN qu’il a accusé à plusieurs reprises de partialité. Le débat est animé par Jake Tapper et Dana Bash, qui ont promis d’«utiliser tous les outils à leur disposition pour faire respecter les temps de parole et garantir un débat civilisé». L’impératif est en effet d’éviter le chaos du premier face-à-face de 2020, où les deux prétendants ont passé une heure et demie à s’insulter et à s’interrompre. Cette fois-ci, le micro de chaque candidat sera coupé pendant le discours de l’autre et sans public.
Biden a remporté un tirage au sort qui lui a permis de choisir le côté de la scène et de parler en premier ou en second lors du discours de clôture. Le président sortant a choisi de se tenir à droite de l’écran et de laisser le dernier mot à Trump. CNN n’a pas indiqué quels sujets seraient abordés et ne prévoit pas de vérification des faits en temps réel, une option qui, selon certains analystes, aurait pu réchauffer l’atmosphère.
En outre, les deux candidats ne pourront pas apporter de cartes dans le studio et ne pourront pas parler à leur staff lors des pauses publicitaires. Des anomalies qui en accompagnent celle qui est retentissante : la confrontation a lieu quatre mois avant les élections, jamais aussi longtemps à l’avance, avec deux prétendants qui n’ont pas encore reçu l’investiture officielle de leur parti respectif. D’ordinaire, les candidats à la Maison Blanche attendent l’automne pour débattre, mais le démocrate a mis son rival au défi de lui faire face avant l’été afin d’établir au plus vite un contraste qui, Joe Biden en est persuadé, jouera en sa faveur. Un deuxième duel est prévu le 10 septembre, deux mois avant le vote, et sera, cette fois-ci, animé par ABC.