Libye : Khalifa Haftar ouvre le port de Tobrouk aux navires russes

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(Rome, 18 juin 2024). Deux navires militaires en visite dans le port de Tobrouk. Haftar ouvre des ports stratégiques à la Russie. C’est pourquoi l’OTAN surveille la situation de très près

«Sous les directives de Son Excellence le commandant en chef, le maréchal Khalifa Haftar, pour faire avancer le développement des forces armées, notamment des forces navales, le croiseur russe Fariaj et la frégate Amiral Shabashnikov ont effectué hier une visite à la base navale de Tobrouk. Un groupe d’officiers du commandement des forces navales les a accueillis lors de la cérémonie de réception.

C’est ce qu’indique un communiqué de l’Armée nationale libyenne (ANL), la milice qui, sous le commandement de Haftar, contrôle Benghazi et certaines parties de la Cyrénaïque. Ce qui est annoncé est l’évolution la plus importante dans les événements qui devraient conduire Tobrouk à devenir une nouvelle base navale russe en Méditerranée. La ville, qui accueille déjà la Chambre des représentants (auto-exilée à l’Est depuis la guerre civile de 2014), a été identifiée par Moscou comme un centre logistique-stratégique convoité.

Tobrouk est l’un des ports libyens ciblé par les puissances étrangères, explique Emanuele Rossi dans les colonnes de «Formiche.net». Il s’agit d’une escale en eau profonde, protégé par une grande baie, relié par un oléoduc au Croissant pétrolier et à l’Egypte. Pour la Russie, il s’agit d’une boucle centrale car pouvoir l’utiliser signifierait créer une base miroir avec celle de Tartous, la base navale en Syrie, sur la rive levantine de la Méditerranée orientale.

«Cette visite vise à renforcer la coopération et la coordination entre les marines libyenne et russe en matière de formation, de maintenance, de soutien technique et logistique, d’échange d’expériences et d’informations et de la sécurité maritime, dans l’intérêt des deux pays», précise la note des Haftariens. La milice a déjà un bon niveau de coopération avec les Russes : en 2017, à bord d’un autre moyen naval de Moscou, le porte-avions Amiral Kuznetsov, passé par Tobrouk après une mission de soutien au régime assadiste, Haftar a signé les documents qui ont définitivement entériné l’accord.

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L’Est de la Libye est aujourd’hui devenu le plus important quartier général logistique de l’ancien Groupe Wagner, aujourd’hui «Afrika Corp». Les renforts transitent par ses ports et sont ensuite utilisés dans les différentes activités au Sahel et en Centrafrique. Les Russes utilisent depuis des années une partie de l’aéroport de Benghazi, la base de Jufra (dans la zone intérieure, sur la route nord-sud de Syrte) et les ports de Benghazi et de Tobrouk pour la logistique des déploiements et du cantonnement. Sous la nouvelle direction du général du renseignement militaire (GRU) Andreï Averyanov, les choses n’ont pas changé, elles visent à être mises en œuvre.

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La mort d’Evgueni Prigozhin et, même avant son insurrection contre l’aile militaire du pouvoir de Poutine, n’a pas modifié les priorités en Libye. Pas plus qu’ils n’ont pas été trop affectées par le lancement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, lorsque certains membres du personnel libyen ont été rappelés pour combattre sur le territoire ukrainien, mais que la majeure partie du déploiement a été confirmée. Selon des estimations impossibles à vérifier, mais jugées crédibles, ce sont désormais plusieurs milliers d’unités (vingt mille dans toute l’Afrique ?) qui sont placées sous la direction plus disciplinée d’Averyanov.

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Si Hafatr acceptait de transformer une partie du port de Tobrouk en base navale russe, Moscou bénéficiera d’un avantage stratégique et d’une aide logistique. La Russie, qui travaille également sur une éventuelle base à Port-Soudan, cherche depuis longtemps à se renforcer en Méditerranée. Les rotations de sa présence navale dans le bassin ont augmenté au cours de ces dernières années, notamment parce que ces activités le long du soi-disant «Front Sud» de l’OTAN servent à engager des rivaux occidentaux (à la fois aujourd’hui, en temps de paix, et, si les conditions venaient à changer, à l’avenir). C’est pourquoi l’arrivée des deux navires russes dans le port du chef de milice libyenne, ainsi que toute activité de Moscou dans le quadrant méditerranéen, ont été suivies étape par étape par les systèmes de surveillance de l’OTAN.