Le Kremlin regarde Paris «de près» : Emmanuel Macron est «extrêmement hostile»

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(Rome, Paris, 10 juin 2024). À l’unisson, pour l’ancien chef de l’Etat Medvedev et l’actuel président de la Douma : «en France et en Allemagne, les dirigeants sont en guerre contre leurs intérêts». Les médias d’opposition soulignent, quant à eux, le déclin du soutien dont bénéficie Orban en Hongrie

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré ce matin qu’il surveillait «attentivement» la montée des partis d’extrême droite en Europe, et notamment en France après les élections européennes : «La majorité sera pro-européenne et pro-ukrainienne mais nous pouvons constater que les partis de (l’extrême) droite gagnent en popularité. Il semble qu’avec le temps, les partis de droite prendront le pas sur les partis pro-européens et nous suivons ce processus de près», a-t-il ajouté.

A propos de la situation en France, où le président Emmanuel Macron, après que son parti a obtenu moins de la moitié des voix de la droite radicale de Marine Le Pen, a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives, a déclaré Peskov : «C’est une affaire interne de la République française. Nous ne voudrions pas nous mêler de ces affaires intérieures.

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Contrairement aux calomnies parfois répandues en Europe et en Amérique, nous ne nous ingérons pas dans les affaires intérieures des autres pays». Toutefois, Moscou «observera de près les conséquences des élections. Surtout en tenant compte, disons-le, de l’attitude extrêmement hostile des dirigeants français à l’égard de notre pays», a-t-il ajouté, selon la «Rai News».

Le président de la Douma russe, Viatcheslav Volodine, a été plus direct : lors des élections européennes, Macron et Scholz, qui, «contrairement à leurs intérêts nationaux», ont impliqué la France et l’Allemagne dans la guerre en Ukraine et ont «lamentablement perdu», a-t-il écrit sur Telegram. «Les résultats en France et en Allemagne sont prévisibles. L’économie stagne, il y a une crise migratoire», a-t-il ajouté, accusant Macron et Scholz de «s’accrocher au pouvoir de toutes leurs forces» alors qu’«il est juste qu’ils se résignent et cessent de se moquer de leurs citoyens».

Ces propos sont reprises par Dmitri Medvedev, ancien président et secrétaire adjoint du Conseil de sécurité, selon lequel les défaites électorales des dirigeants français et allemands sont la conséquence de leur «politique inepte consistant à soutenir les autorités bandéristes de l’Ukraine au détriment de leurs citoyens et de leurs politiques idiotes en matière d’économie et de migration». La référence est faite à Stepan Bandera, un leader nationaliste qui a collaboré avec le Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale. «Vous verrez la suite», conclut Dmitri Medvedev.

Ce matin, les journaux russophones hostiles à Poutine ne sont pas prodigues en commentaires. Seul «The Insider», proche de l’ancien mouvement d’Alexeï Navalny, qui consacre un article au résultat électoral en Hongrie, soulignant que «son résultat a été le pire depuis qu’il a participé aux élections» alors qu’il avait «construit sa campagne électorale sur la critique des dirigeants de l’Union européenne», notamment en ce qui concerne les questions de guerre, de migration et d’autres questions de genre. Même les autorités et les médias ukrainiens, ne semblent pas particulièrement pressés à commenter les résultats des élections européennes.