Joe Biden donne le feu vert à l’Ukraine : où peut-elle frapper en Russie avec des armes américaines

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(Rome, Paris, 1er juin 2024). Joe Biden a donné son feu vert à l’Ukraine pour une utilisation localisée d’armes américaines sur le sol russe. Parmi les grands noms au sein de l’Alliance atlantique, Washington dicte la ligne à suivre sur la proposition de relever la barre proposée par le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg et à quelques semaines de la réunion prévue en marge du G7 italien à Borgo Egnazia avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, invité, où les États-Unis et l’Ukraine signeront un traité bilatéral de sécurité.

Selon l’indiscrétion recueillie par «Politico.com», comme le rapporte Andrea Muratore dans «Inside Over», le Président Biden a donné son feu vert à l’Ukraine pour l’utilisation d’Himars, d’Atacms, d’obus d’artillerie et de missiles étoilés sur un théâtre donné et dans un but déterminé. Ces «dispositifs» peuvent prendre pour cible les moyens militaires opérant dans le quadrant de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, depuis les troupes déployées à la frontière jusqu’aux batteries de missiles et d’artillerie qui bombardent systématiquement la ville à partir du territoire russe.

Comme le note Politico, «il s’agit d’un changement surprenant qui, selon l’administration, entraînerait une escalade de la guerre en impliquant plus directement les États-Unis dans le combat. Mais la détérioration de la situation sur le champ de bataille en Ukraine (à savoir l’avancée de la Russie et l’amélioration de sa position à Kharkiv) a conduit le président à changer d’avis». La ligne du secrétaire d’État Antony Blinken, partisan de longue date de cette mesure, semble l’emporter. Alors qu’au contraire, le chef du Pentagone Lloyd Austin estimait, selon diverses sources, qu’il serait difficile d’établir des lignes rouges précises pour l’Ukraine avec cette concession.

Il est vrai qu’au cours des derniers mois, l’aventurisme ukrainien hors des frontières s’est accru.

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Des attaques contre les forces russes en Afrique aux raids sur Koursk et Belgorod, en passant par les attaques de drones contre des raffineries et des centrales énergétiques qui ont immobilisé 15 % de la production pétrolière russe, l’Ukraine n’a pas épargné les opérations transfrontalières.

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Cependant, jusqu’à présent, aucune de ces attaques n’a fait appel aux moyens d’États tels que les États-Unis, la France, le Royaume-Uni ou une doctrine de déploiement stratégiquement aboutie.

Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumierov, se résout à ce dossier et, compte tenu de la situation de plus en plus critique sur le terrain, ce feu vert est considéré comme un nouveau pas en avant dans la capacité de défense de l’Ukraine. Progressivement mis en péril par la guerre d’usure menée par la Russie, qui progresse lentement mais sûrement dans la région de Tchassiv Iar, une ville de l’oblast de Donetsk.

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Que va-t-il se passer ? Un tournant officiel de la part de la France et du Royaume-Uni est à prévoir prochainement, tandis que l’Italie, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, préjugeant de l’interdiction constitutionnelle de l’article 11 à une telle démarche. Mais la leçon américaine est que même cette demande ukrainienne sera également accueillie avec la retenue habituelle : les lignes rouges avec la Russie sont claires depuis un certain temps et, de plus, même les livraisons de véhicules n’arrivent plus au même rythme qu’au début de la guerre.

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Le caractère restrictif du feu vert doit également être lu en lien avec le fait que la localisation des espaces et le périmètre des cibles permettent aux États-Unis de ne pas faire du feu vert la base d’une escalade. Ce n’est guère garanti comme source de succès pour Kiev dans la guerre. En outre, note l’analyste militaire Andrea Gaspardo, «de nombreuses infrastructures de production russes, dont nous nous souvenons de la Seconde Guerre mondiale, sont bien au-delà de la capacité de frappe des systèmes d’armes aux mains de l’Ukraine et de l’Occident». Comme si Joe Biden avait intériorisé dans sa réponse la nécessité d’agir en bonne et due forme et le désir de ne pas irriter Vladimir Poutine, même un saut qualitatif dans le soutien à l’Ukraine apparaît, en fait, comme un acte bureaucratique et contraint. Et cela montre une fois de plus la stagnation, sur le plan stratégique, d’une guerre qui se poursuit désormais par l’auto-perpétration. Mais qui, stratégiquement, depuis quelque temps, n’a que très peu à dire.

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