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Le scénario cauchemardesque derrière l’attaque de Téhéran, «une guerre nucléaire est à craindre»

(Rome, Paris, 15 avril 2024). Le «Nonproliferation Policy Education Center» a tenté d’imaginer comment une confrontation militaire entre Israël et l’Iran pourrait rapidement dégénérer. Le spectre d’une escalade nucléaire au Moyen-Orient

Pour Tel-Aviv, l’heure est à la désescalade. C’est du moins l’appel adressé à l’État hébreu par ses alliés, États-Unis et Royaume-Uni en tête, sans lesquels l’attaque lancée par Téhéran aurait pu avoir des conséquences bien plus dramatiques que celles annoncées. Cependant, le gouvernement de guerre dirigé par le Premier ministre Benyamin Netanyahu a déjà fait savoir qu’il avait l’intention de répondre à l’assaut aérien du régime théocratique. Et tandis que la crise au Moyen-Orient semble entrer dans une phase de chaos, il convient de prêter attention aux résultats d’une récente simulation menée par le Centre d’éducation politique de non-prolifération pour comprendre à quoi pourrait ressembler un conflit direct entre Israël et l’Iran, nous explique Valerio Chiapparino dans «Il Giornale».

Le jeu de guerre, qui s’est déroulé à la fin de l’année dernière, a vu la participation d’experts, d’assistants parlementaires, de fonctionnaires et de soldats américains répartis en différents groupes. Chacun d’entre eux, en fonction des sessions organisées par le groupe de réflexion, a été appelé à présenter et simuler les réactions, entre autres, du ministère israélien de la Défense, des Affaires étrangères et de la communauté du renseignement ainsi que celles des États-Unis, des pays arabes et de l’Union européenne.

Le scénario préfiguré par le centre d’études se déroule en 2027 et imagine que les services secrets de l’État hébreu découvrent que l’Iran équipe ses missiles à longue portée de têtes nucléaires. Dès le début de la simulation, Washington refuse l’invitation de Tel-Aviv à participer à une attaque militaire contre des structures liées aux programmes atomiques et balistiques iraniens mais fournit à son allié historique des missiles hypersoniques. Des armes immédiatement utilisées par les Israéliens pour frapper le régime des ayatollahs mais insuffisantes pour anéantir ses capacités atomiques.

À ce moment-là, le Hezbollah et les Houthis, les mouvements qui se trouvent respectivement au Liban et au Yémen soutenus par la puissance chiite, déclenchent alors une lourde attaque de missiles contre Israël. Le véritable objectif est de dégrader la défense israélienne. En fait, après la contre-réaction de Tsahal visant à anéantir les partisans de Téhéran, la République islamique exploite les vulnérabilités de son adversaire pour frapper ses bâtiments gouvernementaux et ses installations nucléaires.

Simultanément à cette offensive meurtrière, l’Iran se retire du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), signalant qu’il est prêt à recourir aux armes de destruction massive. A cet égard, il est important de mentionner que, selon les dernières estimations, le pays chiite serait déjà en possession d’une quantité d’uranium enrichi nécessaire à la construction de trois bombes nucléaires.

Dans le cadre du «jeu de guerre», les Américains continuent de ne pas rejoindre Tel-Aviv pour anéantir définitivement le programme nucléaire iranien, se limitant à offrir « une assistance » à leur allié et à le mettre en garde contre toute réaction. L’attitude de Washington renforce la conviction d’Israël selon laquelle il se trouve dans une situation d’isolement, le conduisant à lancer une attaque nucléaire non létale et démonstrative dans une zone reculée du territoire ennemi.

Les actions entreprises par l’État hébreu, combinées aux lancements de missiles et aux cyberattaques et à l’ouverture parallèle d’un canal diplomatique pour mettre fin à la crise, ne parviennent pas à soumettre le régime des Pasdarans, et les bombardements nucléaires de précision contre des cibles militaires ne sont pas plus efficaces. L’Iran, loin de s’effondrer, répond par une offensive nucléaire contre Israël. C’est ainsi que se conclut une partie de la simulation du think tank, suivie d’une discussion animée entre les participants sur les résultats enregistrés.

Peu d’éléments rassurants émergent de la réflexion sur le scénario apocalyptique envisagé par le jeu de guerre. Parmi ceux-ci, une considération résolument utile qui se démarque à la lumière des événements de ces dernières heures. Pour éviter une guerre au Moyen-Orient, disent les experts, il est nécessaire d’accélérer l’expansion du réseau d’alliances israélien et en particulier des accords d’Abraham.

Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons empêcher les décideurs israéliens, se sentant isolés et entourés d’ennemis, de conclure que pour garantir la sécurité nationale de l’État hébreu, la seule option possible est de parier sur une dangereuse escalade avec la République islamique.

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